Al-Ahram Hebdo, Afrique |
  Président Salah Al-Ghamry
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
Nos Archives

 Semaine du 14 au 20 mars 2007, numéro 653

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Invité

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Idées

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Afrique

Somalie . La Force de paix de l’Union africaine a entamé son déploiement à Mogadiscio, où elle a déjà été la cible d’attaques. De quoi souligner l’hostilité qu’elle suscite dans un pays en guerre depuis seize ans.

L’Amisom mise à rude épreuve

Deux mois après la chute des Tribunaux islamiques en Somalie, une force de paix a commencé à se déployer cette semaine à Mogadiscio, où elle a déjà été la cible d’attaques, soulignant la difficulté de sa tâche et l’hostilité qu’elle suscite dans ce pays.

En effet, plus de 1 000 soldats, tous Ougandais, de la Force de paix africaine en Somalie (Amisom) sont depuis le 6 mars dans la capitale, mais ils n’ont pas encore commencé à patrouiller et ont déjà été la cible d’attaques qui ont fait au moins quatre blessés chez les soldats ougandais et 12 morts civils. Cependant, l’Union Africaine (UA) et l’Ouganda ont affirmé que les attaques et les menaces ne les arrêteraient pas. Cette mission est la quatrième dans la liste des missions étrangères lancées pour établir la paix dans ce pays. Toutes avaient failli à leur tâche.

« Mais cette mission a un atout par rapport aux autres du fait qu’elle est africaine. Cela dit, on doit prendre en considération un facteur important, à savoir la psychologie des Somaliens qui refusent le principe même de la présence d’une force étrangère sur leur territoire. Et c’est justement à cause de cela que les précédentes missions ont échoué », explique le Dr Sayed Feleifal, analyste au Centre des études africaines. Selon lui, le gouvernement somalien doit toutefois profiter de la présence de la mission de paix africaine pour accélérer le processus de paix et trouver un compromis qui permet la réconciliation.

Pour le moment, le gouvernement de transition semble en effet opter pour cette option. Le gouvernement a annoncé son intention d’accélérer le désarmement de la population civile, afin de renforcer son autorité sur l’ensemble du territoire. « Avant la fin du mois, chaque maison de Mogadiscio sera fouillée et aucun civil n’aura plus le droit de porter des armes, le gouvernement seul sera responsable de la sécurité du pays », a déclaré le ministre adjoint de la Défense, Salad Ali Jelle, dans la capitale somalienne. Il a ajouté que le gouvernement entraînait actuellement 45 000 nouveaux soldats à cet effet. Ces recrues sont épaulées par les Forces de paix africaines. « Les militaires patrouilleront dans toutes les rues de Mogadiscio et les fauteurs de troubles auront le choix entre le respect du gouvernement ou l’exil. Nous avons besoin d’une trentaine de jours pour pacifier la ville. Aucun homme armé ne sera toléré », a-t-il précisé en affirmant que le gouvernement « ne suppliera pas que l’on rende les armes. Nous les retirerons de force ». Pour le moment, le gouvernement déploie près de 3 000 soldats pour tenter de rétablir la sécurité dans la capitale somalienne et pour aider la Force de paix de l’Union africaine à consolider le pouvoir du président somalien, Yusuf Abdullahi Ahmed.

Certains analystes estiment toutefois que le déploiment des soldats somaliens ou africains n’est pas la seule solution pour établir la paix dans ce pays. « Les autorités somaliennes doivent introduire des membres de l’opposition au gouvernement et répondre à leurs revendications légitimes. Pour que la paix revienne, il est nécessaire que toutes les parties, c’est-à-dire les chefs de guerre, les Tribunaux islamiques et le gouvernement de transition s’entendent sur les questions essentielles et parviennent à un accord de paix », juge le Dr Ahmad Hicham, professeur à la faculté de sciences politiques et économiques, à l’Université du Caire. D’après ce dernier, vu que la mission africaine ne peut pas rester longtemps sur place, notamment en raison du manque de financement, les Somaliens doivent régler leurs différends eux-mêmes.

Manque de financement

Or, l’Amisom manque d’ores et déjà de moyens financiers. Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-Moon, a lancé cette semaine un appel à un soutien international à l’UA en Somalie et exhorté les parties somaliennes à autoriser le passage de l’aide humanitaire. « Il y a un besoin urgent de stabiliser la situation pour aider à créer les conditions favorables au dialogue et à la réconciliation et pour faciliter le retrait des forces éthiopiennes », a-t-il dit.

l’Amisom doit progressivement prendre le relais de l’armée éthiopienne, qui a infligé une débâcle aux Tribunaux islamiques en Somalie. Elle arrive dans la capitale, théâtre d’attaques quasi quotidiennes depuis des semaines. Le gouvernement somalien attribue les violences aux islamistes qui les nient toujours. Mais, les islamistes somaliens ont affirmé avoir tiré sur cette force la semaine dernière. La fusillade, qui a eu lieu entre l’Amisom et des individus non identifiés, a été revendiquée par les Tribunaux islamiques. C’est la première fois que les islamistes revendiquent une attaque à Mogadiscio depuis leur chute il y a deux mois. Depuis des semaines, les Tribunaux islamiques, qui contrôlaient jusqu’à fin décembre-début janvier la quasi-totalité du centre et du sud, ont juré de s’en prendre à l’Amisom. Un leader islamiste, Aden Hashi Ayro, a lancé la semaine dernière ce message : « C’est le moment pour la jeunesse somalienne de combattre l’occupation des forces étrangères ».

Mission difficile donc. D’autant plus que la situation en Somalie est plus compliquée qu’elle ne le paraît. Selon le Dr Sayed Feleifal, « les Somaliens, tiraillés par des guerres civiles depuis 1991, ont presque oublié le concept d’appartenance à une même patrie. Aussi, sont-ils devenus quasi inaptes à négocier un accord de paix pour régler leurs litiges. Là, la communauté internationale doit intervenir, leur prêter secours et peut-être exercer une certaine pression sur eux afin de leur apprendre à aplanir leurs divergences et vivre en confrères au sein d’un seul pays », explique-t-il.

A cet effet, le président somalien Abdullahi Ahmed a convoqué une conférence de réconciliation à partir du 16 avril à Mogadiscio, mais il s’est gardé de dire si les islamistes étaient invités. De quoi susciter un certain scepticisme.

Maha Salem

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Névine Kamel- Howaïda Salah - Chourouq Chimy
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.