Palestine . Les efforts diplomatiques s’intensifient pour obtenir un soutien européen et par la suite, une levée de l’embargo. Mais jusqu’à présent, rien n’a été obtenu.

 

En attente de concret

 

Une semaine après le mini-sommet qui a réuni le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbass, et le premier ministre israélien, Ehud Olmert, le président palestinien a bouclé lundi à Paris une tournée européenne qui l’a mené à Londres, Berlin et Bruxelles, destinée à présenter à ses partenaires européens l’accord de La Mecque, signé avec le mouvement de la résistance islamique du Hamas et prélude à la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Une tournée qui n’a mené, à en voir les résultats, à rien de tangible. Seul, le président français a « marqué le soutien de la France à l’accord de La Mecque en vue de la constitution d’un gouvernement d’union nationale et comme un premier pas vers la pleine application des conditions du Quartette (Etats-Unis, Onu, UE et Russie) ». Selon son porte-parole, Jérôme Bonnafont, Jacques Chirac a confirmé à son hôte « l’appui de la France à l’idée d’un gouvernement d’union nationale », l’accord de La Mecque constituant à ses yeux « le premier pas vers la prise en compte des conditions du Quartette ».

Selon M. Bonnafont, Jacques Chirac a, par ailleurs, émis le souhait que la création d’un tel gouvernement « puisse ouvrir la voie à de nouvelles relations de coopération » entre les Palestiniens et l’Union Européenne (UE).

Abou-Mazen s’est déclaré « extrêmement satisfait » de ses entretiens avec Jacques Chirac qui, selon lui, « comprend très bien l’accord de La Mecque », tout comme « la nature de ce gouvernement ainsi que la situation politique ».

Jugeant une nouvelle fois « indispensable de parvenir à un accord avec les Israéliens », Mahmoud Abbass a affirmé avoir obtenu le soutien de Paris à ce sujet, « prêt à faire les efforts » nécessaires pour « résoudre les problèmes entre nous et les Israéliens ».

Le président palestinien a également rencontré le chef de la diplomatie, Philippe Douste-Blazy.

« J’ai encouragé M. Abbass à persévérer dans ses efforts pour former rapidement le gouvernement. Si ce gouvernement est formé sur la base des accords de La Mecque, j’ai dit au président palestinien que la France serait disposée à coopérer avec lui. Et notre pays plaidera en ce sens au sein de l’Union européenne et auprès des autres partenaires de la communauté internationale », a déclaré M. Douste-Blazy. M. Abbass a indiqué avoir constaté une position française « claire, positive ».

Réserve européenne

Toutefois, les autres dirigeants européens n’ont pas semblé vouloir faire de concessions ni offrir de garanties quant à une levée du gel de l’aide économique, vitale pour la population palestinienne et suspendue depuis l’arrivée du mouvement de la résistance islamique aux commandes. Les dirigeants européens que Mahmoud Abbass a rencontrés ont fermement demandé que tout futur gouvernement palestinien d’union nationale reconnaisse Israël, renonce à la violence et accepte les accords passés entre l’Etat hébreu et l’OLP, rapportent des conseillers du président de l’Autorité palestinienne.

Et ce, en dépit de la réitération du président Abbass, à chaque étape de son périple européen, du respect palestinien pour les exigences du Quartette pour la paix au Proche-Orient. « Nous affirmons notre engagement envers la solution de deux Etats, ainsi que notre refus du terrorisme et de la violence », a souligné M. Abbass. « Nous avons demandé aux Européens de nous aider à obtenir la levée des sanctions mais leur réponse a été que le gouvernement palestinien devait être clair sur son acceptation des conditions du Quartette », a dit Saëb Eraqat à son retour de la tournée européenne.

En effet, l’accord Hamas-Fatah de La Mecque (Arabie saoudite) ne parle que de « respect » des accords de paix précédents, sans référence ni à la reconnaissance d’Israël ni à la renonciation à la violence.

L’Union européenne a fait savoir qu’aucune mesure ne serait prise au chapitre du gel des aides destinées aux Palestiniens avant que la composition de ce gouvernement ne soit connue.

Vendredi, Javier Solana, patron de la diplomatie des Vingt-Sept, avait résumé la position de l’UE, qui continue de réclamer la reconnaissance d’Israël par la nouvelle équipe palestinienne, et attendra la formation du nouveau gouvernement d’union nationale avant toute décision sur la reprise des aides directes aux Palestiniens.

Après une période d’inactivité, le Quartette a repris ses réunions avec deux rencontres en février, réaffirmant, mercredi dernier, que tout gouvernement palestinien devait reconnaître l’Etat hébreu.

Pour le politologue Emad Gad, la tournée de Abbass avait pour principal objectif de convaincre les Européens de ne pas se précipiter et de ne pas refuser de traiter avec le nouveau gouvernement. « Personne ne s’attendait à une levée des sanctions. Abou-Mazen voulait des Européens qu’ils donnent la chance au futur gouvernement avant de le juger. Et sur ce point, je vois qu’il ne faut pas dire qu’il n’a pas réussi. Il est parvenu à pousser les dirigeants européens à ne pas prendre des décisions hâtives. Notons que le Quartette n’a pas obtempéré aux demandes américaines rejetant tout cabinet palestinien renfermant le Hamas. C’est déjà positif. Bien plus il faut placer cette tournée dans un cadre plus global : la visite de Khaled Mechaal à l’Iran et la Russie. Il y a un vrai ballet diplomatique », conclut M. Gad, rédacteur en chef d’Israeli Digest.

Rania Adel