Drame
Largement responsables de l’exode massif de réfugiés
iraqiens en raison de leur invasion de l’Iraq en 2003,
les Etats-Unis se désintéressent du sort des deux
millions d’Iraqiens réfugiés à l’étranger, auxquels
s’ajoutent 1,7 million de déplacés à l’intérieur du
pays. Le nombre total de ces déplacés pourrait atteindre
2,4 millions à la fin de cette année si l’insécurité
continue à augmenter. Cela signifie qu’à la fin de
l’année, environ un Iraqien sur 10 serait ainsi déplacé
dans son propre pays pour fuir la violence.
Sous
la pression d’élus du Congrès et d’une opinion publique
de plus en plus mécontente de sa gestion de la guerre,
l’Administration américaine a annoncé qu’elle prévoyait
accueillir 7 000 nouveaux réfugiés iraqiens d’ici
octobre. Les Etats-Unis n’en avaient accueilli que 663
depuis que la guerre a commencé. La secrétaire d’Etat,
Condoleezza Rice, a de son côté annoncé, la semaine
dernière, la création d’une commission chargée d’étudier
la question des réfugiés iraqiens, et demandé au Congrès
une enveloppe supplémentaire de 60 millions de dollars
au titre du budget 2008, qui s’ajoutera aux 35 millions
déjà prévus pour venir en aide aux réfugiés.
Mais
l’Administration refuse d’assumer la responsabilité de
l’ensemble des réfugiés iraqiens, notamment en Syrie et
en Jordanie, soulignant que de nombreux Iraqiens avaient
fui le pays avant 2003 pour échapper au régime de Saddam
Hussein. La Syrie, avec un million d’Iraqiens, et la
Jordanie, avec 750 000 de ces réfugiés, continuent de
recevoir les flux les plus importants.
Face
à ce drame, l’Onu organisera, en avril à Genève, une
conférence de donateurs pour aider les déplacés et les
réfugiés iraqiens. Le Haut-Commissariat des
Nations-Unies aux Réfugiés (HCR) a de son côté lancé un
appel le mois dernier pour rassembler 60 millions de
dollars en faveur de ces derniers. Ces fonds sont
destinés à aider 200 000 des deux millions d’exilés
iraqiens et 250 000 des 1,7 million de déplacés dans
leur pays.
Reste à savoir si cet effort international pourra
concrètement aider les réfugiés et les déplacés et
surtout stopper l’exode des quelque 50 000 Iraqiens qui
continuent à fuir leur pays chaque mois, soit l’exode le
plus important au Proche-Orient depuis celui des
Palestiniens lors de la création de l’Etat d’Israël, en
1948. Un exode qui a déjà provoqué une fuite massive des
cerveaux, au risque d’affaiblir durablement le pays.
Al-Ahram Hebdo