Palestine . Sans définir
de nouvelles perspectives de paix, le sommet tripartite
palestino-américano-israélien a eu le mérite de renouer le dialogue entre
Palestiniens et Israéliens.
Rencontre sur des charbons ardents
Comme
attendu, le sommet tripartite qui a regroupé la secrétaire d’Etat américaine
Condoleezza Rice, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbass et le
premier ministre israélien Ehud Olmert s’est limité à des déclarations de
courtoisie diplomatique et n’a mené à aucun résultat concret, que ce soit sur
le plan du tracé des frontières du futur Etat palestinien ou sur celui du
statut de Jérusalem, deux des plus grandes difficultés du dossier
palestino-israélien. Concernant la première, les dirigeants ont juste réaffirmé
à Jérusalem leur engagement pour une solution à deux Etats, sans donner aucun
détail ni sur ses frontières, ni sur sa capitale qui constitue un important
point de divergence entre Palestiniens et Israéliens. Lors de la réunion, MM.
Abbass et Olmert ont répété, avec Mme Rice, leur « acceptation » de la Feuille
de route, stipulant la création d’un Etat palestinien, mais restée lettre morte
depuis son lancement à l’été 2003 et ils ont convenu, à cet égard, de se
rencontrer à nouveau.
« Nous
avons tous les trois affirmé notre engagement pour une solution à deux Etats et
nous nous sommes entendus sur le fait qu’un Etat palestinien ne peut voir le
jour dans la terreur et la violence », a déclaré Mme Rice qui venait de
s’entretenir avec MM. Abbass et Olmert dans un hôtel de Jérusalem. « Je pense
qu’il serait une bonne chose de commencer à explorer les moyens d’avancer vers
une solution à deux Etats. Une telle solution donnera au peuple palestinien un
Etat indépendant et au peuple israélien un voisin qui peut l’aider à bénéficier
de la sécurité dont il a besoin », a-t-elle ajouté. Mais, rien n’a été précisé
sur cet Etat. Dans une interview au quotidien Al-Ayyam, Mme Rice a même affirmé
« ne pas savoir » si un tel Etat verra le jour pendant le mandat du président
américain George W. Bush qui s’achève fin 2008.
En
effet, le président palestinien d’une part et les responsables américain et
israélien d’autre part ont des visions bien différentes des choses. Alors que
M. Abbass a voulu profiter de la rencontre pour obtenir l’approbation
américaine et israélienne sur l’accord de La Mecque, Rice et Olmert voulaient
seulement insister sur la nécessité de ne pas recourir à la violence et de
reconnaître Israël et les accords passés entre Israéliens et Palestiniens. « Le
président (Abbass) et le premier ministre (Olmert) ont discuté des questions
inhérentes à l’accord pour la formation d’un gouvernement palestinien d’union
nationale et de la position du Quartette, selon laquelle tout gouvernement de
l’Autorité palestinienne doit s’engager à ne pas recourir à la violence,
reconnaître Israël et accepter les accords passés, les engagements, y compris
la Feuille de route », a ajouté la secrétaire d’Etat américaine.
Mme
Rice, qui avait séparément rencontré dimanche MM. Abbass et Olmert pour
préparer cette rencontre, s’était gardée de tout excès d’optimisme au vu du
fossé séparant Israéliens et Palestiniens après sept ans de violences. Raison
pour laquelle elle a écarté toute percée dans l’immédiat. « Si on demande aux
uns et aux autres de courir à ce stade, je pense que quelqu’un va tomber et
cela ne sera pas une bonne chose », a-t-elle dit.
Confusion autour du futur gouvernement
Américains
aussi bien qu’Israéliens ne voient pas que l’accord de La Mecque répond aux
demandes de la communauté internationale et notamment à celles du Quartette. «
Je n’ai rien vu pour l’instant qui suggère que le (futur) gouvernement répondra
(...) aux principes » du Quartette pour le Proche-Orient, a dit Mme Rice. Elle
a cependant réaffirmé que Washington attendrait la formation et le programme du
nouveau gouvernement que doivent constituer le Fatah de M. Abbass et le
mouvement islamiste du Hamas avant de prendre une décision finale sur
l’attitude des Etats-Unis à son endroit.
Le
Quartette (Etats-Unis, Russie, Union européenne et Onu) exige en effet du
prochain gouvernement qu’il reconnaisse explicitement Israël, les accords
signés avec lui et renonce à la violence.
Or,
les arrangements de La Mecque stipulent simplement que le gouvernement
s’engagera à « respecter » les accords conclus par l’Organisation de Libération
de la Palestine (OLP), y compris ceux signés avec Israël.
Outre
le reconnaissance de l’Etat hébreu et la renonciation à la violence, Israël
exige de tout gouvernement palestinien « la libération immédiate de Gilad
Shalit », le militaire israélien enlevé fin juin dernier à la lisière de la
bande de Gaza par des groupes armés palestiniens, dont celui du Hamas.
« Nous
ne reconnaîtrons aucun gouvernement (palestinien) qui ne respectera pas ces
engagements. Nous ne coopérerons pas avec ce gouvernement ni avec aucun de ses
ministres », a-t-il souligné.
En
revanche, le premier ministre Ismaïl Haniyeh, chargé de former le prochain
gouvernement, a affirmé que les Palestiniens devaient rester fermes face aux
critiques de la communauté internationale.
« Nous
soutenons le président pour la défense de cet accord et pour faire face à la
pression internationale, que ce soit de l’Administration américaine ou d’autres
», a déclaré M. Haniyeh devant son bureau à Gaza.
Conformément
à l’accord, le premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, a entamé cette
semaine des consultations pour mettre en place le cabinet, qui comptera neuf
ministres du Hamas et six du Fatah, ainsi que des personnalités indépendantes
et des membres d’autres partis représentés au Parlement.
Ziad
Abou-Amr, un indépendant, devrait être nommé aux Affaires étrangères et Salam
Fayyad, du petit parti la Troisième Voie, qui possède la confiance des
créanciers occidentaux, aux Finances, un poste qu’il a occupé par le passé.
Rania Adel