Al-Ahram Hebdo, Echangez, écrivez | Un cœur en peine
  Président Salah Al-Ghamry
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 14 à 20 février 2007, numéro 649

 

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Liban . Conflits internes et manipulations extérieures à tous les niveaux ... le pays du Cèdre aurait bien besoin, pour notre lectrice, d’un miracle pour assurer son sauvetage.  

Un cœur en peine 

Le 14 février de chaque année coïncide avec la fête de l’amour, la Saint-Valentin. Pour le Liban, il s’agit d’un mauvais jour mémorable puisqu’il rappelle l’assassinat d’un Libanais qui a tant aimé son pays jusqu’à en mourir pour lui. Il s’agit bien entendu de l’ex-premier ministre défunt, Rafiq Hariri.

Le Créateur a doté le pays du Cèdre de tous les atouts : une beauté naturelle à nulle autre pareille, un climat adapté aux quatre saisons de l’année, une ouverture économique et culturelle à tous les niveaux, un peuple cultivé, épanoui et ouvert au monde entier et au développement universel. Où sont donc passées toutes ces qualités aujourd’hui ? Pourquoi le Liban est-il devenu une proie facile, manipulé à tous les niveaux, accaparant toutes les communautés sans exception, chacune travaillant pour un camp déterminé ?

Les Libanais n’ont-ils pas assimilé suffisamment les tragiques leçons des quinze années de guerre civile ? Ont-ils oublié que la reconstruction du pays faite par l’ancien premier ministre Rafiq Hariri, lâchement tué le 14 février 2005, a exigé d’énormes efforts pour redonner au pays toute sa gloire perdue ? C’était donc au prix de gros sacrifices que le Liban a repris son souffle, reconnus et appréciés par toutes les instances internationales.

A mon avis, l’assasinat de Hariri a entraîné avec lui l’assassinat du pays et de l’amour. L’économie ploie sous le lourd fardeau des dettes. Plus encore, le tourisme, notamment arabe, s’en est gravement ressenti. Les belles perspectives de l’été 2006 ont été raflées par l’agression israélienne et le pays endure toujours des graves séquelles de cette lâche guerre. La fin de l’année n’a pas été brillante non plus, et début 2007 est toujours marqué par une mésentente entre les différentes parties libanaises. A quand le Happy End ? Illusion, me direz-vous. Car, comme le dit si bien un proverbe russe, « il n’y a pas de fouet pour ceux qui se leurrent eux-mêmes ». Libanais, réveillez-vous et unissez-vous avant qu’il ne soit trop tard !

Sara Mamdouh Sayed, Le Caire.

 

 Pourquoi détruire le village d’Al-Gourna ?

Je vais plusieurs fois par an à Gourna, j’y étais encore il y a à peine 2 mois ... comment accepter que ce village disparaisse ? Certaines maisons ont près de 200 ans, elles sont le témoignage d’un habitat vernaculaire, elles sont le lieu de vie de familles, elles donnent des couleurs à la montagne thébaine tout en s’y intégrant merveilleusement, elles abritent des destins, des hommes et des histoires fabuleuses. Il y a à Gourna plus de 400 tombes déjà répertoriées (on n’en visite qu’une quinzaine) : pourquoi ne pas déjà étudier ce patrimoine ? Pourquoi détruire ? Aujourd’hui sera, demain, le passé ... Certains égyptologues regrettent de n’avoir aucune trace des maisons de l’époque pharaonique (à part le village de Deir Al-Madina — qui était un lieu même privilégié — et les maquettes de maison de la tombe de Mekhetré). Pourquoi détruire cet habitat si particulier ? Comme le dit si bien un égyptologue né dans une tombe à Gourna : au Caire, les habitants ont envahi la Cité des morts ; à Gourna, on va redonner aux morts il y a 3000 ou 4000 ans l’espace des vivants d’aujourd’hui ...

J’aime les tombes, j’aime les temples, j’aime la statuaire égyptienne mais j’aime aussi le sourire et les habits fluo des petites filles de Gourna, les poupées de chiffon qu’elles essaient de vous vendre. J’aime les peintures naïves qui retracent le hadj, j’aime ces couleurs de bleu, de vert d’eau, de terracota, que revêtent ces maisons, j’aime ces hommes dont le vent gonfle les galabiya, qui ne demandent qu’à vous aider, qu’à vous faire aimer leur village. J’aime ces femmes vêtues de noir.

J’aime ces enfants qui mènent leurs ânes chercher de l’eau. J’aime la famille Adel Rassoul qui habite ici dans sa grande maison blanche et bleue, dans la ligne droite de la colonnade du Ramsseum, et sans laquelle les momies de 50 pharaons, dont celle de Ramsès II, n’auraient jamais été trouvées ... Pour moi Gourna est un patrimoine, culturel, humain, un site unique, que l’Unesco se doit de protéger. J’ai visionné le reportage avec les officiels qui étaient présents samedi dernier pour voir les bulldozers écraser les trois premières maisons, je suis si triste ...

L’Egypte a noyé la Nubie, aujourd’hui elle terrasse Gourna. Je suis allée voir le nouveau village derrière Castel Carter, à Al-Tarif. C’est clean, c’est rectiligne, des maisons identiques, à perte de vue, plantées dans le désert en lotissement. Il semblerait que maison, mobilier, appareils ménagers soient fournis par le gouvernement ...

J’aime l’esprit de ce village qui se rassemble lorsqu’un malheur touche une famille, ces tentes de tissu coloré qui sont montées lors d’un deuil. Aujourd’hui, ils perdent leur village, nous nous devons d’être près d’eux … nous, les Européens qui avons choisi Gourna pour seconde patrie.

Ce choix, il s’est fait tout seul, par amour de l’authenticité, de l’histoire d’hier si étroitement mêlée au présent. Nous abandonnons quelques semaines, quelques mois un monde aseptisé pour retrouver le vrai et le beau de la West Bank.

 Comment expliquer cela ? Qu’en voulant faire « moderne », on perd tout le charme du dépaysement ? Faire comprendre que le touriste n’est pas seulement cet être vêtu d’un short, d’une casquette, armé d’un appareil photo et porteur de devises qui fait « l’Egypte » en une semaine (et Gourna en quelques heures). Faire comprendre que des touristes « durables » sur le long terme, des habitués, n’aiment pas, pas du tout, ce qui se passe actuellement à Gourna …

Titou, France.

 

Les Africains font-ils mieux que les Arabes ?

En fin de ce mois de février, le Marocain Mokhtar Lamani, représentant de la Ligue des Etats arabes en Iraq, quittera ce pays. La cause ? Absence d’une quelconque vision arabe pour résoudre la crise iraqienne. Il était le seul représentant diplomatique arabe encore en poste à Bagdad. On se souvient de l’assassinat sauvage le 8 juillet 2005 de M. Ihab Al-Chérif, ambassadeur égyptien en Iraq. M. Lamani ne quitte pas l’Iraq pour des raisons de sécurité, mais pour sa conviction que sa mission (contribuer à la résolution de la crise en Iraq) est piétinée. Par qui ? C’est là où réside l’énigme. Il est encore vrai que des pays arabes qualifient de résistance les massacres quotidiens de civils iraqiens, tandis que d’autres dénoncent un pur terrorisme.

Jusqu’à aujourd’hui, les pays arabes ont toujours manifesté une réticence à s’impliquer dans les différentes crises du Moyen-Orient  Les rares solutions de ces crises (Camp David, Oslo, Feuille de route, etc.) ont été trouvées hors du cadre de la Ligue arabe ! Mais ce qui paraît étonnant, reste le fait que parmi les pays arabo-africains, leur volonté voire leur fermeté se manifeste quand il s’agit de l’Afrique. La dernière démonstration en date est la mise à l’écart du président soudanais Omar Al-Bachir de la présidence de l’Union africaine (UA), en faveur du Ghanéen John Kufuor. En effet, comment les dirigeants arabes peuvent-ils tenir leur sommet en 2006 (le 17e) à Khartoum, à quelques kilomètres des massacres du Darfour, sans qu’aucun responsable arabe n’évoque ces tueries ? Comment les dirigeants arabo-africains acceptent-ils de déployer une force africaine de maintien de la paix au Darfour (Accords d’Abuja) et bientôt en Somalie, sans appuyer la même demande pour l’Iraq, la Palestine ou le Liban au sein de la Ligue arabe ? Les conflits africains sont loin d’être réglés, mais l’UA démontre (réconciliation du Sud-Soudan avec Khartoum), au moins, une volonté de s’investir dans toutes ces crises. La lassitude et le départ d’Iraq de M. Lamani traduisent un vrai malaise au sein du monde arabe.

Ainsi et en dehors du Moyen-Orient, les Arabes sont capables de se dépasser avec les autres, mais à la maison, ils sont les pires ennemis. Est-ce une suite de l’Orient compliqué ? Aux Arabes de démontrer le contraire. C’est-à-dire, dans le bon sens.

Assoumani Ibrahim,
Aix-en-Provence, France.

 




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