Exposition.
C’est dans la capitale britannique que le jeune roi fait
escale pendant neuf mois après avoir attiré 4,5 millions de
personnes aux Etats-Unis.
Toutankhamon au pays de ses découvreurs
Le
pharaon égyptien Toutankhamon présente à partir de jeudi ses
trésors au Royaume-Uni, patrie de ses découvreurs, pour une
vaste exposition de plus de neuf mois dont la quasi-totalité
des recettes servira à la préservation des monuments de l’Egypte
Ancienne. « Les gens du monde entier ont un rôle à jouer
pour restaurer les monuments de l’Egypte Ancienne. Pour la
première fois, vous participez à leur préservation », a
déclaré Zahi Hawas, secrétaire général du Conseil suprême
des antiquités égyptiennes, lors de la présentation à la
presse de l’exposition « Toutankhamon et l’âge d’or des
pharaons ».
Cette exposition, qui se déroule du 15 novembre au 30 août
2008 à l’O2 Arena, l’ancien dôme du Millénaire, à Londres,
offre un aperçu de la vie quotidienne et des rites de l’Egypte
au temps de la XVIIIe dynastie avec 130 objets provenant de
tombes de la Vallée des Rois.
Une cinquantaine d’entre eux se trouvaient dans la tombe du
jeune pharaon Toutankhamon, préservée des pillards pendant 3
200 ans avant sa découverte en 1922 par les Britanniques
Howard Carter et Lord Carnarvon. Mais la plupart ne figurait
pas dans l’exposition de 1972 qui a battu des records
d’affluence aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. « Le roi Tout
est venu se présenter, seul, il y a 35 ans avec une
cinquantaine d’objets, aujourd’hui il est venu lui-même
présenter sa famille », a indiqué Hawas.
Organisée par une société événementielle, l’exposition a
suscité des critiques, certaines dénonçant un spectacle
commercial. « Lorsque le Louvre ou le British Museum
(partenaire de l’étape londonienne, Ndlr) engrangent 10
millions de dollars avec une exposition unique et que rien
ne va à l’Egypte, personne ne considère que c’est commercial
», a rétorqué Hawas. « Plus rien n’est gratuit » avec les
antiquités égyptiennes, a-t-il prévenu, indiquant que les
trésors de son pays ne seraient plus prêtés gratuitement.
75 % de la vente des billets et recettes du magasin de
souvenirs sont reversés à l’Egypte pour financer la
restauration et la préservation de monuments et éviter
qu’ils ne disparaissent dans une centaine d’années. Plus de
4 millions de personnes ont déjà visité l’exposition depuis
2005 aux Etats-Unis et 1,4 million sont attendues à Londres,
seule étape européenne prévue. Au total, cette exposition et
une seconde prévue dans cinq ans consacrée à Toutankhamon et
d’autres pharaons comme Ramsès devraient rapporter 140
millions de dollars aux services des antiquités égyptiennes.
Monté sur le trône à neuf ans, Toutankhamon n’a pas laissé
une trace impérissable sur son pays pendant ses dix ans de
règne, mais il a acquis une célébrité planétaire avec la
mise au jour de sa tombe intacte et ses fabuleux trésors.
Au gré de onze galeries, le visiteur découvre la vie de ses
aïeuls, les traditions religieuses et funéraires, puis le
quotidien du « roi Tout » avant d’entrer dans sa tombe pour
admirer les trésors, pour la plupart en or, qui l’ont
accompagné dans l’au-delà. Sont notamment présentés
plusieurs statuettes de divinités, une dague sculptée, des
objets rituels, mais aussi le diadème royal et un pectoral
d’or en forme de faucon qui se trouvaient sur la momie,
ornée de plus de 150 bijoux. L’un des joyaux de
l’exposition, présenté sur les affiches promotionnelles, est
l’un des quatre canopes qui abritaient les viscères momifiés
du pharaon et qui reproduit son célèbre masque funéraire. Ce
dernier, comme la momie et le sarcophage jugés trop
fragiles, n’est pas du voyage.
Visite limitée à Thèbes
Au Caire, on a annoncé que L’Egypte va limiter le nombre de
visiteurs du tombeau de Toutankhamon à 400 par jour à
compter du 1er décembre, avant de fermer cette tombe pour
une durée indéterminée en mai 2008 afin de la restaurer. «
Le tombeau reçoit de nombreux visiteurs et est considéré
comme l’un des plus célèbres de la nécropole pharaonique de
la Vallée des Rois », à Louqsor en Haute-Egypte, a rappelé
dans un communiqué Zahi Hawas.
Le visage de Toutankhamon a été dévoilé au public dimanche
dernier, pour la première fois depuis la mort du pharaon il
y a plus de 3 000 ans. La momie de Toutankhamon a été
maintenue dans le tombeau mais déplacée de son sarcophage en
or massif et déposée dans une vitrine en verre climatisée
pour favoriser sa conservation.
Jusqu’à ce jour — qui coïncidait avec le 85e anniversaire de
la découverte (le 4 novembre 1922) du tombeau et du
monumental trésor qui s’y trouvait —, seul un groupe
restreint d’initiés avait pu voir le visage de « l’enfant-pharaon
».
« Le tombeau reçoit 350 visiteurs environ par jour et nous
nous attendons à en recevoir le double à la suite de la
révélation du visage du pharaon », avait souligné le
directeur des antiquités de la Vallée des Rois, Moustapha
Wazeri, ajoutant que ces visiteurs apportaient « humidité,
chaleur et bactéries ». « La momie était menacée d’être
réduite en poudre à cause du nombre de visiteurs », avait de
son côté relevé Hawas .
Les travaux de restauration des deux complexes monumentaux
ont été financés par la Fondation Aga Khan et réalisés par
the Aga Khan Trust for Culture – Egypt, en collaboration
avec le Conseil Suprême des Antiquités égyptiennes (CSA),
avec des conseillers étrangers. « Dans le projet, ont
participé un nombre estimable de restaurateurs, artisans,
superviseurs et ouvriers égyptiens. Plus de 700 personnes
font partie aujourd’hui de ce projet majeur de développement
», souligne Abdel-Khaleq Mokhtar, directeur général de la
zone archéologique du sud du Caire où se situe le quartier
Al-Darb Al-Ahmar. Des stages de formations en les techniques
de la restauration ont été tenus pour ces centaines de
jeunes hommes et femmes. D’autres ont été tenus pour un
nombre des habitants.
Associer les habitants
Les édifices qui viennent d’être restaurés ne seront pas
fermés à clefs. Pour garantir la conservation et une bonne
réutilisation des monuments, la Fondation Aga Khan en
collaboration avec le CSA a décidé la réouverture des
mosquées aux fidèles, et la réutilisation des autres
édifices dans des activités culturelles et sociales. « La
Fondation Aga Khan a fait intégrer les habitants de Darb
al-ahmar dans ses travaux pour les sensibiliser et garantir
plus tard la préservation des monuments et des maisons qui
les entourent après restauration », souligne Emad Osman.
L’intérieur du palais Khayer bey sera transformé en musée,
le sabil servira de centre pour les activités culturelles
diverses. La maison d’Ibrahim Agha Mostahfezan sera
réutilisée comme un centre de santé pour l’enfance et la
maternité, ainsi qu’une petite clinique. « La madrassa et le
kottab d’Oum Al-Sultan Chaaban ainsi que les chambres qui
les suivent seront réutilisés dans des activités servant au
développement du niveau social et économique des habitants
du quartier Al-Darb Al-Ahmar. Une tendance de plus en plus
admise en ce qui concerne Le Caire islamique puisqu’il est
difficile de vider la ville de ses habitants. On étudie
actuellement le genre d’activités qui peuvent être
effectuées là bas : on pense à une bibliothèque, des classes
présentant des cours d’enseignement aux analphabètes adultes
et on pense aussi à des classes ou une sorte d’ateliers pour
apprendre aux jeunes l’artisanat traditionnel », souligne
Abdel-Khaleq Mokhtar. Une démarche à double intérêt :
préserver d’une part les monuments et sensibiliser d’autre
part les habitants du quartier à l’importance et la richesse
du patrimoine.
Le quartier Al-Darb Al-Ahmar vit actuellement une ambitieuse
opération pour la restauration du reste de ses édifices
historiques et surtout la préservation du tissu social qui
l’entoure.
D’autre part, la Fondation Aga Khan prend actuellement des
mesures pour achever les travaux de restauration de la
muraille est de Saladin ainsi que la création d’un musée
racontant l’histoire de la capitale islamique, au sein du
parc d’Al-Azhar, tout près d’Al-Darb Al-Ahmar. Elle pense
ainsi à cet égard ouvrir une porte sud dans le parc Al-Azhar
au service de ses visiteurs qui veulent aller voir les
monuments du Caire islamique, surtout ceux d’Al-Darb
Al-Ahmar. « Un million de personnes visitent le parc
Al-Azhar par an. Il faut encourager ce grand nombre de
visiteurs à visiter les sites islamiques à proximité et
contempler ces lieux historiques remarquables », estime le
prince Karim Aga Khan.
Amira
Samir