Israël n’a aucun droit sur Jérusalem
Morsi Attalla
Je
pense que Washington doit adresser une série de questions
aux parties concernées qui seront invitées à la conférence
de paix d’Annapolis qui doit se tenir dans les jours à
venir. Il y a une question à laquelle elles doivent répondre
objectivement s’ils veulent vraiment réaliser la paix.
Qu’est-ce qu’Israël a fait, et qu’est-ce que les Arabes ont
fait pour confirmer leur acceptation et leur respect de la
résolution n°242 de l’année 1967 du Conseil de sécurité ?
Cette résolution est considérée comme la principale
référence du processus de paix sous l’ombrelle de la
légitimité internationale.
Israël fait table rase de cette résolution en refusant de se
retirer des territoires occupés en juin 1967 et en réitérant
qu’ils sont devenus des droits acquis. Il a violé l’immunité
de ces territoires en y construisant des implantations ici
et là. Israël n’avance pas dans le sens de cette résolution
et ne propose rien concernant le règlement du problème des
réfugiés. Au contraire, il fait tout pour amplifier le
problème et le compliquer.
Quant aux Arabes auxquels les Américains demandent plus de
flexibilité, ils sont les seuls à avoir respecté le texte et
l’esprit de cette résolution. Si la mémoire du parrain
américain de la conférence d’Annapolis ne peut assimiler ce
que les Arabes ont fait, unilatéralement, pour servir le
processus de paix, il convient alors de lui énumérer les
innombrables aspects du respect arabe de la résolution du
Conseil de sécurité. Ce sont les Arabes et personne d’autre
qui ont accepté de mettre un terme à l’état de guerre avec
Israël. L’Organisation de la Libération de la Palestine
(OLP) a alors adopté une décision historique de changer sa
charte nationale pour accéder à la paix, comme preuve de ses
bonnes intentions. Ce sont les Arabes aussi et personne
d’autre qui ont assuré la liberté de naviguer dans les voies
maritimes internationales de la région et n’ont pas
conditionné cette acceptation à la réalisation de la paix
juste et globale.
Y a-t-il encore des demandes auxquelles les Arabes doivent
se plier au nom de la paix ? Est-il censé que les demandes
de flexibilité soient adressées aux Palestiniens, les
propriétaires des territoires usurpés et non aux occupants
qui s’imaginent que la force suffit pour réaliser et la paix
pour eux seuls ?
Je ne veux pas ouvrir les dossiers du passé, car ils sont
énormes. Mais, je veux faire rapidement allusion à la
résolution de l’Assemblée générale de l’Onu n°181 pour
l’année 1947 qui représente la première référence dans le
dossier de la légitimité internationale concernant la cause
palestino-israélienne.
La résolution n°181, que les organisations juives ont
adoptée comme point de départ de l’instauration de l’Etat
hébreu, en réponse aux demandes juives de partager les
territoires de la Palestine en deux Etats, l’un arabe et
l’autre juif, a stipulé que la Palestine soit divisée en
huit parties. Trois devaient être consacrées à l’Etat hébreu
et trois autres à l’Etat arabe. La septième partie, Gaffa,
devait constituer un canton arabe dans la province juive et
la huitième partie, la ville de Jérusalem, en sa qualité
d’entité indépendante, devait être soumise à un régime
international spécial. Cette même résolution avait stipulé
que le conseil de tutelle affilié à l’Onu se charge de la
direction de la ville de Jérusalem pour une période
préliminaire de 10 ans au terme de laquelle le conseil
réétudierait le projet. Les habitants de la ville
deviendraient alors libres d’exprimer à travers un
référendum leur choix en ce qui concerne la possibilité
d’amender le régime de pouvoir de la ville. Entre la
résolution 181 de l’année 1947 et la Feuille de route de
2004, en passant par la formule de Madrid de 1991 et la
résolution n°242 de l’année 1967, il n’y a aucun texte qui
donne à Israël le droit d’occuper les territoires
palestiniens, de construire des implantations ou de
prétendre son droit absolu sur la ville de Jérusalem.