Durcissement
A quoi joue l’Etat hébreu ? A moins de deux semaines de
la réunion d’Annapolis, aux Etats-Unis, sur le conflit
israélo-palestinien, le gouvernement d’Ehud Olmert a
durci sa position, en exigeant notamment des
Palestiniens qu’ils reconnaissent le caractère juif de
l’Etat d’Israël. Cette exigence, jugée « absurde »
par le quotidien israélien à grand tirage Haaretz,
semble avoir surgi de nulle part en Israël, à un moment
où justement les négociateurs des deux bords, sous le
parrainage de Washington, travaillent à un document
censé servir de base à la réunion de paix prévue vers
fin novembre. « Il est clair que les Palestiniens ne
peuvent reconnaître le caractère juif d’Israël. Cela va
être difficile d’avancer avec une telle requête », a
admis un responsable israélien des Affaires étrangères
sous couvert de l’anonymat. A moins, comme l’estiment
des commentateurs en Israël, que l’Etat hébreu ne
souhaite pas parvenir à un accord avec les Palestiniens.
Le gouvernement Olmert a en effet toutes les raisons
d’être satisfait : le fossé séparant le Fatah du
président Mahmoud Abbass et les islamistes du Hamas
semble infranchissable, les violences contre les
Israéliens sont au plus bas et les Etats-Unis plus que
jamais en phase avec Israël. Par sa dernière exigence,
Olmert a choisi d’empêcher toute ouverture sur la
question des réfugiés palestiniens. La reconnaissance
d’Israël comme l’Etat des juifs reviendrait en effet
pour les Palestiniens à renoncer au « droit au retour »
sur leurs terres des réfugiés palestiniens, un
élément-clé du conflit. Israël estime qu’un tel retour
menacerait son existence en tant qu’Etat juif. Les
commentateurs israéliens estiment qu’Ehud Olmert croit
pouvoir pérenniser le statut quo et que les Palestiniens
seraient les premiers à se fatiguer d’une situation dont
ils sont les premiers à souffrir. Il est clair que ni le
premier ministre, ni le ministre de la Défense Ehud
Barak, ni la chef de la diplomatie Tzipi Livni ne sont
disposés à des discussions
sérieuses. Olmert attend des Palestiniens qu’ils cèdent
à ses exigences, en échange du lancement d’un processus
dont personne ne sait à quoi il aboutira. Tout est fait
pour ne rien changer sur le terrain.
Le durcissement israélien pourrait cependant contraindre
les négociateurs à tenter de trouver au moins un point
de consensus, ne serait-ce que pour ne pas donner
l’occasion au Hamas, qui a pris le contrôle de la bande
de Gaza en juin par la force, d’exploiter un éventuel
échec à Annapolis.
Mais
à quel
prix pour les
Palestiniens ?