Dollar.
Le cours commence à se stabiliser après trois semaines de
baisse. Le phénomène n’a pas provoqué de vente massive du
billet vert, mais vient tout de même rassurer les
exportateurs.
Une fidélité sans faille
Malgré
sa perte de valeur, le billet vert reste pour les Egyptiens
la devise favorite. « Les Egyptiens sont assez
conservateurs. Ainsi, loin de ce qui se passe sur le marché
international, en Egypte, le dollar reste roi », remarque
Mohamad Ezzeddine, directeur général auprès de la banque
NSGB. Car, en dépit de trois semaines de baisse, le dollar
n’a pas été vendu plus qu’à l’accoutumée. De 5,75 L.E. au
cours de l’été, le dollar a perdu 5,11 % de sa valeur,
baissant à son plus bas niveau, 5,47 L.E., il y a trois
semaines. Avant de se redresser légèrement jeudi 15 novembre
pour atteindre 5,52 L.E. Mais les Egyptiens n’ont pas saisi
l’opportunité sur le marché des changes d’investir dans
d’autres devises. « Sur le marché international, il y a eu
une orientation vers l’euro, le yen et le yuan. Même les
petits investisseurs et les dépositaires suivent à la minute
les cours de toutes les devises. Ils ne sont fidèles qu’à
leurs gains », affirme Ezzeddine.
Ce phénomène de préférence du dollar a d’autres raisons,
liées à la politique monétaire. En effet, un peu plus de la
moitié des réserves nationales est en dollar. En outre, la
Banque Centrale Egyptienne (BCE) maintient le dollar afin
d’empêcher une surévaluation de la livre égyptienne. Ainsi,
la BCE a-t-elle acheté à la mi-octobre 800 millions de
dollars du marché afin de stopper sa perte de valeur. Et ce,
suite à la déclaration au magazine hebdomadaire Al-Mossawar,
du ministre des Finances Youssef Boutros-Ghali qui
soulignait que le dollar pourrait toucher 5,35 L.E. avant la
fin 2007.
La BCE a, de même, approuvé la réduction du taux d’intérêt
de la livre égyptienne à la demande de certaines banques. «
Six banques égyptiennes ont ainsi réduit d’un demi-point le
taux d’intérêt sur la livre égyptienne pour contenir le
surplus de liquidité en monnaie locale, causé par le manque
d’investissements », note-t-il. Soulignant que la
dépréciation du dollar ne veut pas forcément dire une
surévaluation de la livre égyptienne, celle-ci peut être
soutenue par d’autres facteurs de croissance.
De leur côté, les exportateurs tiennent aussi au billet vert
puisque la majorité des transactions s’effectuent en dollar.
Ils ont d’ailleurs été les plus affectés par la baisse de
cette monnaie : les prix des exportations se sont élevés de
15 à 20 %, rendant les produits peu concurrentiels.
Abdel-Fattah Attiya, directeur du département des crédits
documentaires à la banque Ahli, assure que les procédures
d’exportation ont stagné suite à la baisse des cours du
dollar. « A peine son cours s’est-il stabilisé qu’ils ont
repris leurs activités, après la perte énorme due à la crise
du dollar », assure Alaa Al-Bahi, exportateur égyptien. En
fait, l’une des raisons qui mène le gouvernement à soutenir
le cours du dollar et à le stabiliser est de rassurer les
exportateurs. Au grand bonheur de ceux-ci, il est maintenant
prévu que le dollar se stabilise. « Le cours du dollar sera
maintenu à un niveau très proche des 5,54 L.E », assure Ali
Al-Hariri, secrétaire général de l’Union des bureaux de
change.
La majorité des spécialistes prévoit, en fait, que la Fed
(banque centrale américaine), lors de sa réunion du 11
décembre prochain, gardera le taux d’intérêt du dollar au
niveau des 4,50 %, sans le réduire. « Même si elle réduit de
0,25 %, il existe d’autres facteurs qui soutiennent le
dollar sur le marché local, dont le plus important est le
rôle du régulateur du marché, la Banque centrale égyptienne
», rappelle Ismaïl Hassan, ex-gouverneur de la BCE.
Le facteur déclencheur de la chute du billet vert sur le
marché égyptien a été la décision de la Fed de réduire le
taux d’intérêt deux fois, en septembre et en octobre,
amenant le taux d’intérêt sur le dollar à son plus bas
niveau depuis novembre 2005 .