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 Semaine du 14 au 20 Novembre 2007, numéro 688

 

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Environnement

Pisciculture. Le déclin des ressources marines dû à la pollution s’aggravant, les fermes piscicoles apparaissent comme une solution pertinente à la diminution de la production de poissons d’eau douce et de mer.

Alternative rentable

Le bateau Atteyyat Allah (dons d’Allah), conduit par raïs Waël (le chef de l’embarcation), est doté d’un moteur de 147 chevaux, d’un appareil GPS pour mesurer la profondeur et transporte six pêcheurs, dont le mécanicien. Il a quitté le port Est d’Alexandrie à midi. A environ 15 kilomètres du port et dès que la profondeur a atteint les 30 mètres après une heure de navigation, le chalut est jeté. Une heure plus tard, il est tiré, Atteyyat Allah rentre au port. La sortie a duré environ quatre heures en pleine mer pour retourner avec quelques kilogrammes de poissons (rouget, daurade, quelques pieuvres et crustacés). Quantité estimée modeste par les pêcheurs si on la compare à celle qu’ils obtenaient il y a une vingtaine d’années.

« Aujourd’hui, il y a très peu de poissons. Les raisons de cette diminution ne sont autres que la pollution résultant de nombreux bateaux commerciaux qui jettent leurs déchets et huile de moteur. Sans oublier le réchauffement climatique. Les tempêtes pour lesquelles Alexandrie était célèbre ne sont plus ce qu’elles étaient. Il y a vingt ans, la tempête durait environ une semaine pour effectuer un changement de fond de la nature marine. Ce qui ramenait beaucoup de poissons les lendemains de tempête. Sans oublier les sédiments qui venaient avant la construction du Haut-Barrage et qui constituent une riche source alimentaire pour les poissons. Je peux dire que grâce à cette source importante, il y avait beaucoup d’espèces de poissons qui n’existent plus dans nos eaux régionales », raconte Waël Dahab, chef des pêcheurs, qui a passé environ vingt ans dans ce métier. Cette diminution dans la quantité de poissons limite également les sorties en bateaux de pêche. Les pêcheurs journaliers ont dû pour la grande majorité quitter le métier ou bien opter pour travailler sur des bateaux dans d’autres pays. « Le coût d’une sortie s’élève à 1 500 L.E. pour couvrir l’essence, la glace pour conserver les poissons et les salaires des pêcheurs. Cela veut dire que le bateau devrait gagner entre 3 000 et 4 000 L.E. Ce qui n’est pas le cas », déplore Dahab.

Il y a une trentaine d’années, les ressources principales de la production de poissons en Egypte étaient les mers (la Méditerranée et la mer Rouge), les lacs comme Mariout, les lagunes comme Borollos, le Nil et ses affluents. A cause de la surpopulation, la construction d’usines tout au long du Nil, le drainage agricole et sanitaire que l’on rejette dans les lacs et les lagunes et la prise des alevins par certains pêcheurs, la situation écologique de toutes ces ressources naturelles s’est gravement détériorée. Afin de remédier à cette situation qui affecte la production de poissons, le gouvernement a interdit la pêche deux mois par an (juin et juillet), pour permettre la reproduction de certaines espèces de poissons. Pourtant, la production des poissons en Egypte demeure insuffisante.

C’est ce qui a encouragé l’investissement piscicole en recourant à la pisciculture. Ce genre de ferme qui gagne du terrain jour après jour, notamment aux alentours d’Alexandrie, à Rosette et Kafr Al-Cheikh, est une solution pour faire face à la détérioration des ressources marines naturelles et donc combler les besoins du marché poissonnier égyptien.

Les bons résultats de l’aquaculture

Selon les dernières statistiques réalisées par l’Autorité générale pour le développement des ressources de poissons qui relève du ministère de l’Agriculture et de la Bonification des terres, la production des fermes aquicoles représentait en 2006, 61 % de la production totale. En 2005, elle représentait 58 %, et 54 % en 2004. « D’après les classifications scientifiques internationales, la Méditerranée est d’une faible productivité de poissons aussi bien que la côte ouest de la mer Rouge par rapport à la côte est. Notre production de mer est donc modeste parce que les pêcheries naturelles dans le monde entier sont exposées à tout genre de pollution, outre les changements climatiques. Et donc, leur productivité est devenue faible. La science a trouvé la solution en encourageant les aquacultures afin de compenser l’insuffisance des pêcheries naturelles », assure Ezzat Awwad, directeur de l’Autorité générale pour le développement des ressources poissonnières. Et d’ajouter : « Pour ce qui est de l’Egypte, ce genre de ferme est apparu dans les années 1980. A l’époque, la production ne dépassait pas les 7-8 % de la production totale de poissons. Au début des années 1990, elle enregistrait un taux de 14-16 %. Mais le vrai boom a eu lieu en 1998 quand la production s’est élevée à 25 % de la production totale. Depuis, l’augmentation se poursuit pour atteindre 61 % ».

Cette tendance à encourager l’aquaculture est renforcée par l’absence d’une flotte de pêche égyptienne. Celle des années soixante et soixante-dix n’existe plus. Le gouvernement dépend plutôt du secteur privé en la matière. D’après les statistiques de l’Etat, le nombre des bateaux automatiques privés s’élève à 4 400 et les petits bateaux sont 45 000 environ. « Je pense que quel que soit l’état de la flotte égyptienne, elle n’est pas développée. Aller pêcher sur les côtes des autres pays comme les côtes d’Ethiopie exige des conventions avec ces pays. A mon avis, l’aquaculture est la seule alternative aux pêcheries naturelles. Non seulement en Egypte mais aussi dans les autres pays », affirme Abdel-Fatah Al-Sayed, professeur à la faculté des sciences, Université d’Alexandrie, département d’océanographie.

D’ailleurs, la production piscicole comble les besoins des marchés lors de l’interdiction de la pêche en juin et juillet. « C’est triste, mais je vais quand même le dire. Oui, l’aquaculture est la solution puisqu’on n’arrive pas à limiter les sources de pollution des pêcheries naturelles. Un lac comme Borollos se voit souillé de tous les drainages agricoles de toute la République et le drainage sanitaire des villages qui l’entourent. Un lac comme Mariout souffre du drainage industriel à un point tel que les Alexandrins s’abstiennent de manger ses poissons. Oui, les différents ministères concernés n’arrivent pas à se mettre d’accord pour limiter la pollution et trouver des solutions à tous les problèmes dont souffrent nos pêcheries naturelles », déplore Tareq Qanawati, écologiste au sein de l’Agence Egyptienne pour les Affaires de l’Environnement (AEAE).

Les ministères concernés sont celui de l’Agriculture et de la Bonification des terres, celui de l’Habitation et de l’Urbanisation, celui des Ressources hydrauliques et de l’Irrigation ainsi que l’Autorité des ressources poissonnières. Chacun travaille d’après son propre calendrier et selon le budget qui lui est alloué par l’Etat.

Racha Hanafi

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Au vu et au su de tous

Malgré les efforts déployés par tous les appareils de l’Etat, notamment l’Agence Egyptienne pour les Affaires de l’Environnement (AEAE), l’incinération en plein air des déchets agricoles, notamment de la paille de riz, continue toujours à polluer l’air en provoquant le fameux smog de l’automne. Il suffit de prendre la route agricole Alexandrie-Le Caire, la route Tanta-Kafr Al-Cheikh ou bien Kafr Al-Cheikh-Chakhlouba pour assister à tout genre d’incinérations. La semaine dernière, l’incinération de la paille de riz et de déchets agricoles a atteint un tel point que le smog avait couvert toute la route Tanta-Kafr Al-Cheikh. Le gouvernement a annoncé la prochaine construction à Gharbiya (delta du Nil) d’une usine de recyclage qui transforme la paille de riz en énergie électrique, thermique et engrais chimiques, au service de quatre gouvernorats : Gharbiya, Daqahliya, Béheira et Kafr Al-Cheikh.

 

 




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