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 Semaine du 14 au 20 Novembre 2007, numéro 688

 

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Pakistan. Refusant de lever l’état d’urgence, le président Pervez Musharraf a néanmoins dû lâcher du lest cette semaine sous la pression croissante d’un Occident inquiet et d’une opposition exacerbée.

Un petit pas en arrière

Sous le feu des critiques de l’opposition et de toute la communauté internationale depuis l’instauration de l’état d’urgence au Pakistan le 3 novembre, le président Pervez Musharraf a commencé, cette semaine, à faire marche arrière. Après avoir reporté les élections législatives à la mi-février, Pervez Musharraf semble céder, dimanche, en restaurant leur calendrier initial, mais sans fixer de date pour la levée du régime d’exception. « Le Parlement sera dissout jeudi 15 novembre et un scrutin législatif doit se tenir avant le 9 janvier », a annoncé M. Musharraf au cours de sa première conférence de presse depuis l’instauration de l’état d’urgence le 3 novembre. Ce scrutin au suffrage universel direct initialement prévu à la mi-janvier pour désigner le Parlement et les assemblées provinciales doit consacrer le retour de la démocratie dans cette puissance nucléaire de 160 millions d’habitants, quasiment tous musulmans. Lâchant toujours du lest, M. Musharraf a également réitéré, dimanche, sa promesse de prêter serment en tant que civil avant de commencer son nouveau mandat, renonçant ainsi à ses fonctions à la tête de l’armée. La Cour suprême est censée se prononcer avant le 15 novembre sur l’éligibilité de M. Musharraf, avant que ne soit proclamée ou non sa victoire officielle à la présidentielle du 6 octobre dernier au scrutin indirect. Pourtant, le président n’a fixé aucune date précise pour la levée de l’état d’urgence. « La proclamation de l’état d’urgence a été la décision la plus difficile de ma vie », a-t-il dit, tout en affirmant n’avoir à aucun moment violé la Constitution. M. Musharraf a imposé l’état d’urgence le 3 novembre en invoquant une recrudescence sans précédent des attentats islamistes et l’ingérence de la justice dans le domaine politique. Il est depuis sous le feu des critiques de l’opposition et des capitales occidentales qui considèrent qu’il a trouvé là un prétexte pour s’agripper à un pouvoir vacillant à l’approche des législatives, notamment en évinçant les juges de la Cour suprême, et particulièrement son président, le juge Chaudhry, qui lui était hostile.

Autre signe d’adoucissement, le général n’a pas tardé à lever la brève assignation à résidence imposée à l’ex-premier ministre, Benazir Bhutto. Une fois libérée, celle-ci a défié de plus belle le général, déclarant la guerre à la dictature et appelant le peuple à manifester contre l’état d’urgence. Passant de la parole à l’acte, Mme Bhutto a participé, samedi dernier, à une manifestation des journalistes pour la liberté de la presse devant la maison de l’ex-président de la Cour suprême évincé, le juge Chaudhry. Analysant cette volte-face de Musharraf, le Dr Hicham Ahmad, professeur à la faculté des sciences économiques et politiques, Université du Caire, a estimé : « En effet, Musharraf ne fait pas de vraies concessions. Dès le départ, il a fait ses calculs. Depuis quelques semaines, il risquait de tout perdre, mais maintenant, il est le maître de la situation par excellence. Il a bâillonné tout le monde, il peut donc facilement redéfinir les rapports de force en sa faveur. C’est pourquoi je tiens à dire que tout ce qu’il fait à l’heure actuelle ne constitue pas de vraies concessions car il y a quelques semaines, il n’avait rien en main. Aujourd’hui, s’il libère quelques opposants, on dira qu’il a concédé, s’il donne quelques libertés à la presse, on dira qu’il a concédé ... Et même s’il cède aujourd’hui, il cédera en position de force ».

Tenant toujours à déraciner l’épine des islamistes qui entrave son pouvoir, le président a annoncé, lundi, que l’armée avait pris la relève de la police et des paramilitaires en vue d’une contre-offensive majeure après la progression récente des combattants islamistes proches d’Al-Qaëda dans la vallée de Swat, une vallée très touristique du nord-ouest du pays. « Les opérations militaires ne cesseront qu’avec la défaite des terroristes », a promis le général, au 8e jour de l’état d’urgence.

 

L’inquiétude s’apaise

Bien que l’état d’urgence reste toujours en vigueur, les quelques concessions du président ont été favorablement accueillies à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Sous la pression croissante des capitales occidentales, en premier lieu de Washington dont il est l’allié-clé dans sa guerre contre le terrorisme, Musharraf a réussi, cette semaine, à contenir la colère du monde entier. « Dès le départ, il était sûr qu’il serait à même de faire face à toutes les protestations internationales que suscitera l’état d’urgence. Musharraf savait bien que les pressions occidentales et mêmes américaines sur lui auraient des limites pour plusieurs raisons : Tout d’abord, le Pakistan est une puissance nucléaire importante, et puis il est un allié stratégique dont les Etats-Unis ne pourront jamais se passer dans leur guerre contre le terrorisme », analyse le Dr Hicham Ahmad. Cela étant, les Américains, poings liés face à un Musharraf dont ils ont infiniment besoin, n’ont pas tardé à afficher leur large satisfaction à la déclaration des premières concessions du président. Dimanche, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, a qualifié de « positif » l’engagement du général d’organiser les législatives d’ici le 9 janvier et de quitter la tête des forces armées. « Ces points sont essentiels pour le retour du Pakistan sur la voie démocratique », a déclaré Mme Rice, en appelant à la levée de l’état d’urgence « dès que possible ». Même tonalité à Londres, où le Foreign Office a salué la confirmation du calendrier électoral comme un premier pas vers le retour à la démocratie.

Outre cette vague de satisfaction internationale, l’opposition pakistanaise, et en premier lieu sa dirigeante et ex-premier ministre, Benazir Bhutto, a elle aussi salué l’annonce d’élections d’ici le 9 janvier par le général, mais l’a appelé une nouvelle fois à lever l’état d’urgence. « C’est un pas positif », a-t-elle indiqué, ajoutant que la confirmation du calendrier électoral ne suffirait pas à dissiper la crise que connaît le Pakistan. « D’un côté, le gouvernement donne un calendrier électoral, mais de l’autre, il édicte une loi militaire. Des élections libres et justes ne sont pas possibles avec cette législation militaire et l’état d’urgence », a dénoncé Mme Bhutto. Celle-ci a aussi critiqué les restrictions frappant les médias et les purges du système judiciaire. « Un dictateur n’a jamais le soutien des masses », a estimé Mme Bhutto, en jugeant son pays « en danger ». Affichant sa colère et sa déception, Mme Bhutto a déclaré, lundi, que les négociations pour un éventuel partage du pouvoir entamées avant l’état d’urgence au Pakistan avec le président Pervez Musharraf sont définitivement rompues : « Il n’y aura plus de pourparlers, j’ai changé de politique », a-t-elle déclaré.

Il semble que cette volte-face de Musharraf sous l’état d’urgence n’étouffe pas complètement les appréhensions. Elle laisse certaines personnes perplexes et indécises, dont Bill Richardson, un des candidats à l’investiture démocrate pour la présidentielle américaine de 2008 : « Je suis très sceptique. L’état d’urgence est toujours en vigueur. Je suis préoccupé du fait que nous nous associons avec une dictature qui réorganise le système constitutionnel du Pakistan pour rester au pouvoir », a-t-il mis en garde.

Maha Al-Cherbini

 




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