Télévision.
Une de nos lectrices s’exprime sur la relation entre la
politique, la réalité et les feuilletons télévisés durant ce
mois de Ramadan.
Des feuilletons un peu trop politisés
Le feuilleton Al-Dali, joué par le grand acteur Nour
Al-Chérif, peut être considéré par certains comme un simple
feuilleton policier avec beaucoup de suspense. Mais en
réalité, il y a plus de politique que toute autre chose dans
ce feuilleton.
C’est l’histoire d’un grand homme d’affaires et ancien
ministre de l’époque du président Sadate possédant un grand
empire financier. Un jour, il est victime d’une tentative
d’assassinat derrière laquelle se cachait la mafia
internationale. Qui dit mafia, dit forcément des affaires
pas très claires qui passent loin de la loi. Le fils de Saad
Al-Dali meurt dans cette tentative d’assassinat, et
l’enquête s’ouvre et dévoile les secrets de ce personnage.
Mais en fait, qui est Saad Al-Dali ? Est-ce l’ancien
ministre sous Sadate, et homme d’affaires Osmane Ahmad
Osmane, fondateur du groupe d’Al-Moqaouloun Al-Arab ? Ou
s’agit-il encore de l’épisode de l’assassinat de l’ancien
premier ministre libanais Rafiq Hariri ? Trop de questions
que pose ce feuilleton avec ces deux personnalités.
Il est certain que tout drame télévisé est forcément proche
de la réalité, où il y a beaucoup de ressemblances qui
peuvent être volontaires ou involontaires.
Le feuilleton a réussi à susciter beaucoup d’interrogations
et de dires de la part de l’opinion publique autour de ce
personnage. D’ailleurs, c’est peut-être là les raisons du
succès de ce feuilleton.
Nadia Hassan,Alexandrie.
La société Ramadanesque
Il est vrai que la vie au Caire est totalement différente
durant le mois de jeûne de Ramadan. Beaucoup de choses
changent, certains positivement et d’autres négativement.
Mais par exemple, à partir de la deuxième semaine de
Ramadan, les rues sont déjà beaucoup moins bondées à
certaines heures. Alors que hors Ramadan, elles sont toute
la journée difficiles à pratiquer, jour et nuit. Ce n’est
pas tellement positif. Tout le monde ne sera pas du même
avis que moi, mais c’est ce que j’ai constaté. Nombreux sont
ceux qui ne travaillent pas suffisamment pendant ce mois, et
ne restent dans leurs bureaux que deux heures au maximum.
D’où cette fluidité apparente. Je pense que de toute façon,
il ne faut pas généraliser. Mais il est vrai que nombreux
sont ceux qui ont besoin de se souvenir des principes du
mois sacré de Ramadan.
Nayla Ahmad,Le Caire.
Assez de mendiants
Comme beaucoup de citoyens qui vivent dans la capitale
égyptienne, je suis particulièrement mécontente et en colère
contre le nombre de mendiants qui ne cesse d’augmenter.
Pourquoi ce nombre est-il toujours en augmentation, surtout
pendant le mois de Ramadan ? Ce n’est agréable ni pour les
touristes ni pour nous. Tous ces mendiants doivent être mis
dans une institution qui aura la responsabilité de s’en
occuper économiquement et socialement. Ramadan, c’est
surtout penser aux autres, alors pensons un peu à ces
pauvres mendiants.
Mona Ahmad,Le Caire
L’alpha et l’oméga
Vous serez certainement étonnés de ma lettre, chers
lecteurs, mais j’ai tenu à l’écrire pour montrer que votre
pays, l’Egypte, est l’un des plus beaux, voire des plus
merveilleux au monde entier. Je suis venue, pour la seconde
fois après 10 ans, passer une semaine au pays de la première
civilisation, la pharaonique, et j’ai été émerveillée par la
grandeur de ces gigantesques monuments qui racontent
l’histoire glorieuse du peuple égyptien. Mais aussi, fait
tout également étonnant, j’ai remarqué que la plupart des
Egyptiens, et ils sont nombreux malheureusement, souffrent
d’un grand défaut : la paresse. Celle-ci était plus
accentuée durant mon court séjour vu qu’il coïncidait avec
le Ramadan, mois du jeûne, de la piété, mais aussi du
travail quotidien qu’il faut assumer bon gré mal gré et de
tout cœur.
Or, qu’en est-il en réalité ? Eh bien, en réalité, j’ai
remarqué les deux extrêmes. D’une part, les personnes
pieuses mais respectueuses de l’ordre, de la discipline et
du travail. Et d’autre part, celles qui profitent,
volontairement ou involontairement, du jeûne pour se
permettre d’arriver en retard à leurs fonctions, de bâcler
le boulot qu’elles ont à faire au point de le négliger, car
tout est permis et excusable quand on jeûne. Jeûne, que de
crimes commet-on en ton nom ! Croyez-moi, si je vous raconte
cela, c’est parce que je l’ai vu de mes propres yeux et vécu
au quotidien.
L’exemple le plus flagrant est tout simplement le taxi.
Celui de la capitale, qui offre le privilège de nous
climatiser, profite à fond des clients, même ceux qui
connaissent bien l’itinéraire à prendre, pour allonger
autant qu’il peut la course et arrondir les frais qui
figurent sur le compteur et ceux qu’il compte rafler en
guise de pourboire. Et tous les prétextes sont bons pour
justifier le long parcours qu’il a choisi pour éviter les
embouteillages et autres obstacles. Or, M. le chauffeur,
Achraf entre autres, a choisi l’argument le plus facile à
convaincre. Savez-vous lequel ? Je vais vous le dévoiler. Il
a dit : nous allons prendre ce chemin qui est un peu plus
long, car le cortège du président de la République, M. Hosni
Moubarak, utilisera cette route et nous serons bloqués
pendant longtemps. Argument plausible et convaincant, me
diriez-vous. Mais la réalité était tout autre : il n’y avait
ni de cortège, ni de président, ni même de responsable qui
allait emprunter la voie. Ledit chauffeur a bien profité de
notre ignorance du parcours du président pour justifier sa
longue, très longue promenade coûteuse et juteuse.
Ce genre d’incidents m’amène à poser la question suivante :
Est-il permis de mentir et de commettre un tel acte, en
apparence tout à fait innocent, avec des personnes qu’on ne
peut pas considérer comme des touristes étrangers,
puisqu’elles parlent la même langue arabe, à un dialecte
près ? Surtout durant ce mois sacré où il est conseillé et
recommandé de laver nos défauts et nos mauvaises habitudes
pour mériter la grâce promise ?
Hiba
Antoine Bridi,Liban.