Al-Ahram Hebdo, Afrique | La dissidence a la vie dure
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 Semaine du 3 au 9 Octobre 2007, numéro 682

 

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Afrique

Rd Congo . La crise entre gouvernement et soldats dissidents dans l’est du pays reste entière. Aucune solution ne semble se dessiner, aggravant la situation humanitaire des populations locales. 

La dissidence a la vie dure

C’est un calme précaire qui règne à l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), sans qu’aucune solution ne soit en vue, le gouvernement et les soldats dissidents campant sur leurs positions. D’un côté, les Forces Armées de la RDC (FARDC) ont maintenu leur position, exigeant le regroupement des troupes rebelles dans des camps, qui seront ouverts « prochainement » pour la démobilisation de soldats dissidents au Nord-Kivu (est), puis leur intégration à l’armée régulière. « Je viens demander aux FARDC égarées de se rendre au brassage (processus national de réforme de l’armée) », a déclaré le général Dieudonné Kayembe, chef d’état-major de l’armée. « Nous allons bientôt ouvrir des camps de regroupement à Mubambiro, Nyanzale, Rubare et Katale », des localités proches de théâtres de combats ayant opposé du 27 août au 6 septembre des soldats loyalistes et des dissidents ralliés au général déchu tutsi congolais, Laurent Nkunda.

Plus ferme, le gouverneur du Nord-Kivu a donné un délai de 21 jours aux dissidents pour démobiliser. « Mon message est clair : tous les groupes armés doivent se rendre au brassage pour intégrer l’armée », ou pour démobiliser et être réorientés vers la vie civile, a martelé le gouverneur Julien Paluku, accompagné du commandant des Forces de la Mission de l’Onu en RDC (Monuc), le général sénégalais Babacar Gaye. Ce dernier n’a pas écarté, en cas de résistance des troupes insurgées, la possibilité pour les Casques bleus de faire usage de la force pour protéger les populations civiles et en appui aux FARDC.

Rejetant la position des FARDC, Nkunda a, de son côté, appelé à un « dialogue » avec le gouvernement, préalable à tout éventuel retrait ou démobilisation de ses troupes au Nord-Kivu. De violents affrontements ont opposé soldats gouvernementaux et troupes dissidentes sur plusieurs fronts de cette région, du 27 août au 6 septembre, avant une fragile trêve instaurée sous pression de la Monuc. « Les centres de regroupement, c’est pour les militaires déserteurs et pas les troupes du CNDP (Congrès National de Défense du Peuple, mouvement politico-militaire de Nkunda) », a déclaré Nkunda. « Le gouvernement n’a pas encore accepté de nous contacter pour dialoguer, pour qu’on établisse des préalables de l’après-regroupement », a-t-il poursuivi, précisant que ses hommes avaient pour le moment pour consigne de tenir leurs positions.

L’ancien officier, visé depuis 2005 par un mandat d’arrêt pour crimes de guerre et qui se pose en défenseur de la minorité tutsie congolaise, a affirmé que ses revendications étaient connues du gouvernement, renvoyant au « cahier des charges » du CNDP. Dans ce document, le CNDP appelle en priorité à « régler militairement la question des FDLR ». Ces rebelles hutus rwandais estimés à environ 6 000, présents depuis 13 ans dans l’est congolais, sont accusés par Kigali d’avoir participé au génocide rwandais de 1994, essentiellement dirigé contre la minorité tutsie. Le CNDP appelle aussi à « permettre le retour des réfugiés congolais hébergés dans les pays voisins », notamment des quelque 40 000 Congolais majoritairement tutsis réfugiés au Rwanda.

Les habitants dans la précarité

C’est donc un dialogue de sourds qui prévaut, entraînant une reprise des hostilités la semaine dernière dans plusieurs localités du Nord-Kivu. Cette tension sur le terrain a maintenu dans la précarité les habitants qui ont fui par dizaines de milliers leur province. Selon le Haut-Commissariat de l’Onu aux Réfugiés (HCR), les combats qui avaient opposé soldats loyalistes et dissidents entre le 27 août et le 6 septembre avaient entraîné le déplacement de plus de 90 000 personnes, qui reçoivent depuis trois semaines une aide humanitaire. Les derniers accrochages qui ont eu lieu les 24 et 25 septembre dans le territoire de Masisi, au sud de Sake (30 km au nord-ouest de la capitale provinciale Goma) et dans la zone de Kitchanga (environ 50 km au nord de Goma), rompant une trêve de 18 jours, ont occasionné de nouvelles vagues de départ. « De nouvelles arrivées sont rapportées quotidiennement dans les camps qui abritent les personnes déplacées à l’intérieur (du pays) dans la zone de Mugunga (à 15 km de Goma) », où se sont déjà réfugiées 65 000 personnes, et des rapports indiquent qu’il y a des personnes qui fuient également vers la province voisine du Sud-Kivu.

Une mission inter-agences de l’Onu a estimé à environ 16 000 le nombre de nouveaux déplacés qui s’abritent le long de la route reliant les villages de Kitchanga, Mweso et Kalemba. « Nous sommes extrêmement préoccupés par l’intensification des combats au Nord-Kivu qui aboutira à déplacer des dizaines de milliers de nouvelles personnes, inondant les sites d’accueil des déplacés déjà surpeuplés », souligne le HCR. Les agences humanitaires opérant dans la région s’organisent pour évaluer le nombre des nouveaux arrivants et leur porter secours, en dépit des difficultés d’accès à certaines zones du fait de l’insécurité. Ces déplacés s’ajouteraient aux plus de 300 000 personnes ayant fui des violences depuis décembre 2006 au Nord-Kivu, une province qui compte au total plus de 750 000 déplacés.

Hicham Mourad

 




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