Al-Ahram Hebdo,Invité | Ismaïl Séragueddine,« La Bibliotheca Alexandrina doit diffuser la culture des lumières »
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
Nos Archives

 Semaine du 24 au 30 octobre 2007, numéro 685

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Invité

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Arts

  Idées

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Invité

Ismaïl Séragueddine, directeur général de la Bibliotheca Alexandrina, met l’accent à l’occasion du cinquième anniversaire de cette institution sur son insertion dans le contexte de la culture mondiale. 

« La Bibliotheca Alexandrina doit diffuser
la culture des lumières »
 

Al-Ahram Hebdo : Cinq ans après la création de la Bibliothèque, y a-t-il des points essentiels qui constitueraient une sorte de bilan ou d’état des lieux ?

Ismaïl Séragueddine : Nous avons réalisé beaucoup de choses. Ce n’est pas mon point de vue personnel seulement, mais c’est une réalité. Nous avons adhéré au Digital Life Federation, qui rassemble les plus importantes bibliothèques numériques. Nous arrivons dans le classement juste après la Bibliothèque britannique, et ce uniquement trois ans après l’inauguration de la Bibliotheca Alexandrina. Par ce statut de membre à part entière, nous avons eu le droit de voter pendant les présélections sur l’admission ou non de la Bibliothèque d’Oxford. Dans ce domaine, nous sommes très avancés parce que nous avons la seule copie de l’Archive Internet. On a même signé à Paris l’accord qui fait de notre institution un partenaire du World Digital Library, la Bibliothèque numérique mondiale, émanant de la célèbre Bibliothèque du Congrès américain. Cette dernière a accepté que nous l’aidions dans le design de cette bibliothèque numérique et que nous y apportions même des modifications. Ce succès est dû surtout à notre équipe d’informatique, assez jeune. La moyenne d’âge des 1 900 employés dans la Bibliothèque n’est que de 29 ans.

Vous estimez donc que le fait qu’elle soit jeune et dynamique constitue l’atout de la Bibliothèque ?

— C’est vrai et c’est grâce à ces jeunes qu’on participe à un projet intitulé « Un million de livres ». Trois géants et un nain : la Chine, l’Inde, les Etats-Unis et la Bibliothèque d’Alexandrie. A ce sujet, je peux dire que j’ai ressenti beaucoup de fierté. En novembre 2006, lorsque les représentants de ces pays se sont réunis à Alexandrie, ils ont affirmé que le processus de travail que nous appliquons est le meilleur et qu’en matière de productivité, on avait dépassé de 2,5 % la Chine. C’est-à-dire que la Chine avait 50 fois plus de machines que nous mais que l’Alexandrina a produit 5 % du travail. Et pour nous récompenser, les Américains nous ont offert cinq machines de plus.

Il s’agit de réalisations positives, mais où en est le citoyen ordinaire de ceci ? La Bibliothèque l’a-t-elle touché ?

— Les gens au départ avaient des réserves. Ils regardaient la Bibliothèque sans savoir ce qu’elle représente. Peu après, ils ont commencé à venir. Ils ont aimé ce qu’ils ont trouvé. Ils se sont mis à venir plus régulièrement.

Nous accueillons un million de visiteurs et nous organisons 500 événements. Ce sont des chiffres impressionnants.

Est-ce que ce sont les chiffres qui permettent de mesurer l’impact de la Bibliothèque sur la vie culturelle ?

— Oui les chiffres comptent, parce que cela voudrait dire que le lieu est vivant, un foisonnement continuel à tout instant. Il y a des gens qui arrivent, qui assistent à des conférences, à des congrès. Il s’agit d’une quantité importante et d’une qualité élevée aussi. Nous avons reçu la visite d’un nombre de prix Nobel, ce qui constitue un record pour l’Egypte.

Viennent-ils pour le poids que représente la Bibliothèque ou pour les rapports personnels que vous entretenez avec eux ?

— Il est vrai que j’utilise mes relations. Le fait qu’une institution soit présidée par quelqu’un qui a des relations favorise de telles visites. Mais s’ils n’avaient pas été convaincus de l’efficacité de nos activités, ils ne seraient pas venus. Vous ne pouvez pas remplacer la qualité du travail par le contact personnel.

On dit souvent que ces invités de renom et ces conférences de haut niveau donnent parfois l’impression que la Bibliothèque vise plutôt l’élite. Qu’en pensez-vous ?

— Je n’ai jamais compris pourquoi on dit ça. Comment peut-on parler de rupture avec le simple citoyen avec ce nombre impressionnant de visiteurs dont les trois quarts sont des Egyptiens. On accueille des écoliers tous les jours de 9h à 11h, puis des gens qui viennent assister à un concert, des scientifiques qui participent à des conférences sur la microbiologie ou la génétique, des historiens qui viennent examiner des manuscrits. Je vois que notre objectif a été réalisé avec tous ces groupes si diversifiés. Et ceci en maintenant une haute qualité scientifique.

A aucun moment au cours de ces 5 ans vous vous êtes arrêté pour remettre en question vos objectifs et méthodes ?

— Non je crois que les objectifs étaient bien clairs et bien précisés dès le début. Nous sommes sur la bonne route, comme le conducteur d’une voiture qui connaît son chemin ; il n’hésite pas sur la direction à prendre, mais peut décider parfois d’accélérer ou de ralentir s’il y a des nids de poules.

N’y a-t-il donc pas eu de bavure ?

— Nul n’est parfait.

Et ces nids de poules ne seraient-ils pas dus à la dépendance financière de l’Etat ?

— La Bibliothèque a son statut garanti par la loi. Le président et son épouse croient en la liberté d’expression. J’ai ressenti de la fierté que la Bibliothèque nationale norvégienne organise un projet sur la liberté en l’honneur de notre bibliothèque et qu’elle nous considère comme un foyer de la liberté d’expression.

Mais par exemple, le congrès sur la réforme politique a soulevé des questions sur le caractère indépendant de la Bibliothèque ...

— Lorsque j’ai dit au président que nous voulons organiser un congrès sur la réforme en l’absence des ministres, il l’a parrainé et est venu prononcer une allocution avant de partir à 11h avec tous les responsables, alors qu’il savait que l’inauguration aurait lieu à 18h. Il voulait donc céder la place à la société civile.

Dans l’antiquité, la Bibliothèque était le fruit de l’épanouissement de l’Egypte. Aujourd’hui où se situe-t-elle ?

— La Bibliotheca est intervenue au moment où Alexandrie souffrait de torpeur culturelle. Elle a relancé les congrès, les colloques, elle a ravivé cette atmosphère. Trois choses l’ont aidée à réaliser ceci, les investissements ont augmenté à Alexandrie après une longue période de récession, l’épanouissement de nombreuses institutions culturelles comme l’Opéra, le musée de la ville ...  et enfin les révélations de l’archéologie sous-marine. Ces dernières ont surtout donné l’impression dans la rue d’un retour à l’esprit de l’ancienne Bibliothèque et que la nouvelle pourrait prendre la relève.

Est-ce qu’elle a effectivement pris cette relève ?

— La Bibliotheca Alexandrina doit diffuser la culture des lumières. Une partie de son rôle est d’être ouverte, d’interagir avec le monde et de répondre au critère « une fenêtre mondiale sur l’Egypte et une fenêtre égyptienne sur le monde ». Mais en même temps, elle n’est qu’une institution parmi d’autres dans le cadre de tout un système. Elle ne peut pas assurer le rôle des universités, des musées, des palais de culture, des médias. C’est un système culturel général dont les composants doivent se compléter.

Propos recueillis par Samar Al-Gamal

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Névine Kamel- Howaïda Salah - Chourouq Chimy
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.