Palestine.
Une nouvelle série de discussions entre Palestiniens,
Israéliens et Américains ont eu lieu en vue de la conférence
internationale que les Etats-Unis organiseront le mois
prochain. Mais le rapprochement entre les deux camps est
loin d’être imminent.
Tractations sur un document
Elle
était présentée comme la dernière chance pour ranimer la
conférence de paix au Proche-Orient, cette tournée de la
secrétaire d’Etat américaine dans la région. Et ses
résultats étaient escomptés par les analystes et les
observateurs. « C’est la 13e visite effectuée par Mme
Condoleezza
Rice, les douze précédentes n’avaient mené à rien de
concret », disait-on. D’ailleurs, la secrétaire d’Etat
américaine l’avait même confirmé avant son arrivée. Elle a
prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre à une quelconque «
percée » sur le document commun qu’Israéliens et
Palestiniens tentent d’élaborer pour le présenter lors de la
réunion internationale.
Ce document doit servir de base à de futures négociations
formelles qui se tiendraient après la réunion, dont la date
et le format n’ont toujours pas été annoncés. « Comme on
peut s’y attendre, il y a encore des problèmes et des
divergences à réduire, sur la nature et le contenu de ce
document », a-t-elle reconnu.
« Le travail est en cours (...). Je vais juste essayer de
faire avancer le processus et je crois que je reviendrai
dans quelques semaines, pour préparer la réunion
internationale que nous souhaitons à un moment ou l’autre à
l’automne », a-t-elle conclu.
La
chef de la diplomatie ne pensait donc pas que sa visite
puisse faire suffisamment avancer les choses sur cette
déclaration de principes au point que les invitations
puissent être lancées pour la conférence, qui devrait se
tenir dans le Maryland.
Néanmoins, Condoleezza
Rice, a entamé sa nouvelle
navette entre Israël et les territoires palestiniens par un
appel aux Israéliens à s’abstenir « d’éroder la confiance »
des Palestiniens. Mme Rice s’est
démarquée pour la première fois de la récente décision
israélienne de confisquer des terres palestiniennes près de
Jérusalem.
« Ce que je vais dire, c’est qu’il faut être très prudent,
au moment où nous tentons de nous diriger vers un Etat
palestinien, sur les actions et les déclarations qui érodent
la confiance dans l’engagement des deux parties envers une
solution à deux Etats », a-t-elle déclaré aux journalistes
l’accompagnant dans sa tournée. Mme
Rice, qui effectue là sa troisième visite dans la
région depuis que le Hamas a pris le contrôle de la bande de
Gaza, a réclamé la « clarté » de la part des parties sur où
elles en sont quant à ce document. Et a jugé « important »
que les questions-clés y soient abordées, alors qu’Israël
préfère un texte-cadre.
Divergences de vues
En effet, le fossé séparant Israéliens et Palestiniens est
encore grand et le rapprochement est une tâche difficile. Le
premier ministre israélien Ehud Olmert
et le président palestinien Mahmoud
Abbass, tous deux affaiblis par des crises internes,
ont évité jusqu’à maintenant toute discussion formelle sur
les sujets-clés lors de leurs sommets en vue de la réunion.
En conseil des ministres dimanche,
Olmert a laissé entendre que les divergences étaient
profondes, Israël selon lui considérant que l’objectif était
d’« arriver à une déclaration commune pendant la conférence
internationale ».
Et bien que les deux dirigeants aient préféré former des
équipes de négociateurs, chargés de trouver un terrain
d’entente entre les deux parties, un proche conseiller du
président palestinien a dit que Abbass
et Olmert « ont chacun donné à
leur équipe des instructions différentes sur la nature du
document à négocier ». D’après un responsable palestinien,
Israël souhaite que le document commun mette l’accent sur la
« nature » du futur Etat palestinien plutôt que sur les
engagements demandés à l’Etat juif. Israël veut notamment
que le futur Etat palestinien soit laïque et dispose d’une
économie stable.
Il paraît que les deux parties parlent deux langues
différentes, si les Palestiniens tiennent à un calendrier
assez précis pour régler les questions fondamentales, celle
des réfugiés et celle du statut de Jérusalem,
Olmert est loin de l’accepter,
il craint être discrédité par les Israéliens et que son
gouvernement ne soit destitué. Les Palestiniens estiment, de
leur côté, qu’il fallait un document avant et non pas
pendant la conférence : « Olmert
veut une conférence de relations publiques et qui permettra
la normalisation avec les pays arabes. Nous ne l’y aiderons
pas », a lancé le chef de la diplomatie palestinienne Riad
Malki. « Peu importe comment on
appellera ce document. Ce qui compte, c’est son contenu, sa
substance. Il doit inclure les paramètres et les bases de
résolution des questions liées au statut final, sans
ambiguïtés », a-t-il déclaré. Selon les Palestiniens, si le
président américain George W. Bush ne devrait pas organiser
la conférence sur le Proche-Orient prévu en novembre si
Israéliens et Palestiniens ne sont pas parvenus au préalable
à s’entendre sur un accord préliminaire. Les deux parties se
sont toutefois mises d’accord pour repousser au-delà de la
conférence les pourparlers formels sur un Etat
palestinien .
Rania
Adel