Al-Ahram Hebdo,Invité | Paolo Lembo
  Président Salah Al-Ghamry
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 17 au 23 janvier 2007, numéro 645

 

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Invité

Le représentant du PNUD (Programme des Nations-Unies pour le Développement) pour l’Iraq, Paolo Lembo, souligne l’impact tragique de l’insécurité sur la machine économique du pays.

« La plupart des Iraqiens ne pensent qu’à partir »

 

Paris,
De notre envoyée spéciale —

Al-Ahram Hebdo : Quels sont les objectifs globaux du Programme des Nations-Unies pour le développement actuellement en Iraq ?

Paolo Lembo : Notre premier et principal objectif est celui d’accorder une assistance au gouvernement iraqien, pour qu’il puisse restaurer le fonctionnement efficace des services publics. De manière plus générale, ceci veut dire mettre en place une administration qui puisse mieux gérer la vaste gamme de ressources que possède l’Iraq. Comme nous le savons tous, c’est un pays qui est potentiellement riche, mais qui ne possède pas une tradition de développement opérationnelle. L’enjeu est celui de pouvoir promouvoir une certaine stabilité, tout comme un environnement capable de faire en sorte que toute cette richesse devienne aussi une source de prospérité pour la population. Ceci dit, nous avons des projets de deux ordres. D’abord, la priorité du PNUD est celle d’accorder un support au fonctionnement de l’Etat. Ici, nous avons tout un domaine que nous définissons comme étant celui de la bonne gouvernance. Nous soutenons le travail des institutions, ce qui veut dire mettre en place un environnement où le développement économique puisse avoir lieu. La plus importante de ces institutions est le Parlement. Par exemple, à la fin de ce mois je dois aller en Espagne avec un groupe de parlementaires iraqiens et nous participerons à une réunion où il sera question de débattre du bon fonctionnement des comités-clés au Parlement iraqien, par exemple celui responsable des questions de réformes administratives, de budget, de droit de l’homme, etc. Parmi nos préoccupations, il y a également celle d’accorder un support au système judiciaire iraqien, car il est évident qu’il n’y a pas de développement économique s’il n’y a pas un Etat de droit auquel on puisse se fier. Ceci implique donc la modernisation du système judiciaire.

Notre troisième programme en Iraq est celui qui vise à accorder un soutien aux institutions au niveau local, donc au niveau municipal. Ainsi, ces organes auront désormais leur propre budget. Il revient alors aux autorités locales d’utiliser leurs fonds d’une manière efficace, honnête et transparente. Ici, nous avons un nombre de projets visant à aider les autorités municipales à effectuer une sorte de liste de priorités. Par exemple, quels sont les investissements nécessaires pour remettre en place le service d’approvisionnement de l’eau ou d’électricité. Nous avons également dans ce sens un certain nombre de programmes conduits par le ministère du Planning iraqien, et ceux-ci visent à leur donner une orientation sur le moyen avec lequel l’élaboration des stratégies économiques doit avoir lieu. Cette institution est en train de subir de profondes transformations, donc elle ne va plus fonctionner comme un ministère du Planning dans un système socialiste. Elle sera désormais un ministère qui aide à promouvoir les investissements, les joint ventures, les initiatives du secteur privé aux niveaux international et local. L’autre domaine dans lequel nous sommes en train de travailler est celui de l’infrastructure.

— Etant donné les conditions sécuritaires de l’Iraq, quelles sont les difficultés que vous rencontrez pour concrétiser les objectifs du PNUD ?

— Il existe évidemment en Iraq une réalité qui doit être prise en considération comme un point de départ pour toute analyse. Il s’agit d’une réalité extrêmement difficile. Si d’un côté, ce pays possède un véritable potentiel en matière de ressources humaines, avec une population composée de personnes très éduquées, qualifiées et capables, ayant le goût du travail, de l’autre côté, il existe une situation sécuritaire qui étouffe le développement de ce potentiel. Pour cette raison, la priorité est certainement celle de restaurer la sécurité en Iraq. Car sans sécurité, l’Iraq ne peut que revenir en arrière. Mais malgré tous les efforts que nous sommes en train de déployer aujourd’hui, beaucoup d’Iraqiens sont en train de partir de leur pays, spécialement les plus qualifiés qui arrivent à trouver un poste à l’étranger. Ce qui est tragique, c’est le fait que les risques sont si élevés que la plupart des gens ne pensent qu’à partir. Raison pour laquelle il est parfois difficile de développer et de profiter du potentiel et des ressources du peuple de ce pays.

— Comment cela est-il en train d’affecter le redressement économique de ce pays ?

— Les problèmes de sécurité affectent la vie des Iraqiens à tous les niveaux. Ne serait-ce que le fait que les gens savent que chaque matin lorsqu’ils se réveillent, ils encourent des risques pour aller travailler, lorsqu’ils doivent se déplacer d’un endroit à l’autre. Puis il y a également la violence qui menace certaines personnes, parce qu’elles sont particulièrement qualifiées, comme les cadres, les intellectuels ... Toutes ces personnes vivent dans l’insécurité et la menace. Ce fait a certainement un impact négatif et tragique sur la machine économique du pays, qui fonctionne très difficilement dans la mesure où la principale préoccupation de gens est celle de survivre à la violence. Il est difficile dans ces conditions de développer le potentiel du pays qui est immense, vu qu’il pourrait être l’un des plus riches du Moyen-Orient. Pour cette raison, je reste optimiste quant à l’avenir sur le long terme, mais sur le court terme, il faut être réaliste et admettre qu’il n’annonce rien de bon. Ce qui me frappe surtout, à ce niveau, c’est la détérioration de l’état psychologique des gens.

— Comment, selon vous, pourrait-on surmonter l’actuelle situation de conflit entre factions et milices ? Comment sortir du chaos sécuritaire qui règne en Iraq ?

— Je pense que sans un véritable engagement de tous les pays frontaliers, il sera très difficile pour l’Iraq de résoudre seul ce conflit.

— Comment concevez-vous l’émergence d’un nouvel Etat en Iraq, et quel serait le rôle de la société civile dans la constitution de cette nouvelle réalité ?

— Il faut dire que l’Iraq est déjà un nouvel Etat. La réalité iraqienne aujourd’hui est certainement très différente de ce qu’elle était à l’époque de Saddam Hussein. On peut parler aujourd’hui d’une nouvelle réalité où le rôle de la société civile est continuellement requis. Ce qui est cependant nécessaire, c’est un environnement garantissant le minimum de sécurité aux acteurs de la société civile, pour qu’ils puissent opérer de manière constructive. Pour qu’ils puissent se structurer, afin de non seulement accompagner ou surveiller, mais plutôt de diriger le processus de redressement de l’Iraq.

Randa Achmawi

 




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