A en lire les titres, les appréciations
soulevées par le 4e congrès annuel du Parti Démocrate National (PND)
ont été diverses dans la presse égyptienne : « Le retour du
programme nucléaire égyptien », « L'absent-présent du congrès du
PND », « La conférence de Gamal Moubarak », « Les surprises de
Moubarak », « Aucune annonce surprise », « Secrets et coulisses
de l'hérédité du pouvoir », « Le PND veut gagner l’opinion
publique », « Le fils du président occupe le devant de la scène
».
C'est sur le terrain du nucléaire que l'effet
d'annonce a en fait été le plus fort, puisque Gamal Moubarak
(n°3 du PND et secrétaire de son comité politique) a proclamé la
nécessité pour l'Egypte de « considérer une énergie alternative,
dont l'énergie nucléaire ». Le Caire, qui possède deux réacteurs
civils, défend depuis longtemps l'usage du nucléaire « à des
fins pacifiques ». Il est vrai que ces dernières années,
l'Egypte a préféré concentrer ses efforts sur la création d'un
Proche-Orient dénucléarisé. Mais la démarche ne visait en
réalité qu'Israël, seul pays de la région à être officieusement
doté de la bombe atomique.
« Le retour du rêve nucléaire égyptien »,
titre l'éditorialiste Karam Gabr dans le magazine hebdomadaire
Rose Al-Youssef, sur ce qu'il appelle « la surprise du congrès
du Parti national démocrate ». « Le retour du rêve nucléaire
égyptien n'est une menace pour personne, mais bien l'avenir des
générations futures. Ainsi, nous mettons fin au gel d'un grand
projet qui ne devait nullement rester au congélateur », souligne
Gabr.
« Les réalisations du PND : que des promesses
et des paroles », titre en manchette l'hebdomadaire Al-Osboue. «
Le discours de Moubarak est un message très fort, affirmant les
capacités de l'Egypte à faire face aux défis », titre
l'hebdomadaire Akhbar Al-Yom. « Je pense que le message qu'a
voulu envoyer le PND à tous, surtout les plus pauvres, est que
le citoyen est un axe principal pour toute action politique »,
explique Abdel-Fattah Al-Dib dans Al-Akhbar.
« Mais où est l'avenir dans tout cela ? »,
s'interroge Moustapha Chardi dans le quotidien d'opposition Al-Wafd.
En effet, Chardi affirme que rien dans le discours du président
Moubarak ne fait référence à « la question de la croissance, aux
amendements constitutionnels ». « Le président Moubarak n'a rien
apporté de nouveau dans son discours de clôture du congrès du
PND », conclut Chardi.
Si la question, explosive, de la succession
de Hosni Moubarak a fini par être éludée lors du congrès du PND,
le président Moubarak, qui a clôturé les travaux, a tout de même
annoncé pour l’année prochaine « des amendements
constitutionnels parmi les plus importants » qu’ait connus la
Constitution égyptienne depuis 1980. Sans apporter de précisions
sur les articles qui seront soumis à amendement ni au contenu de
ces amendements. Ce qui ne va pas manquer d’aviver les craintes
de l’opposition, qui réclame plus d’ouverture démocratique et
qui pense voir, dans les amendements annoncés, une véritable
fermeture du régime. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle
l'éminent historien Gamal Badawi écrit dans son éditorial
d'Al-Wafd : « Nous n'avons qu'à attendre, en espérant que le
président Moubarak pourra répondre aux besoins du peuple qui
méritent un régime démocratique, une nouvelle Constitution et un
gouvernement qui saisit les douleurs des citoyens ».
L'image du fils
Le congrès du PND a été aussi l'occasion pour
Gamal Moubarak de peaufiner sa stature d'homme d'Etat. « Gamal
Moubarak, le fils du président Hosni Moubarak, succédera-t-il à
son père ? », une question maintes fois posée. « Moubarak fils
gouverne l'Egypte aujourd'hui », titre en une et en rouge
l'hebdomadaire nassérien Al-Arabi, qui ajoute que ce congrès a
aussi été marqué par « la course entre Gamal, Nazif, et Rachid
pour gagner la bénédiction de la Maison blanche ». « Le congrès
du PND de cette année a tout l'air d'être une nouvelle relance
du scénario de l'hérédité du pouvoir, car c'est le congrès d'un
seul homme ... D'ailleurs, l'idée des congrès pour le parti a
été à l'origine conçue pour promouvoir l'image du fils du
président », explique l'éditorialiste Abdallah Al-Sennawi, dans
Al-Arabi.
Waël Al-Ebrachi, lui, ne mâche pas ses mots
lorsqu'il appelle le congrès du PND dans l'éditorial de
l'hebdomadaire Sawt Al-Omma « congrès de la honte » où « les
protagonistes ont monté un cirque de mensonges, d'illusions, et
de trahisons ... Il s'agit d'un parti qui s'est totalement isolé
du public ».
« L'Egypte changera-t-elle réellement ? »,
s'interroge Al-Osboue sur toute une page. Son éditorialiste Hani
Zayed souligne que « les réalisations du PND sont dans un monde,
et le simple citoyen dans un tout autre monde ».
Le PND tente par cette approche « de montrer
qu'il a désormais un nouveau leadership, qui doit avoir de la
crédibilité aux yeux de la population ».
Hoda Ghali