Al-Ahram Hebdo, Une | Saleh confiant
  Président Salah Al-Ghamry
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 20 au 26 Septembre 2006, numéro 628

 

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Dossier

Yémen . Candidat à sa propre succession, le président Ali Abdallah Saleh devrait remporter très nettement l’élection présidentielle de ce mercredi 20 septembre.

Saleh confiant

Grandissime favori des élections présidentielles de ce mercredi 20 septembre, le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir à Sanaa depuis 1978 (il dirigeait alors le Yémen du Nord), a centré sa campagne électorale sur les maux dont souffre l’un des pays les plus pauvres de la planète : la lutte contre la pauvreté et le chômage, ainsi que contre l’extrémisme islamiste et le terrorisme. « Fin 2007, nous aurons éradiqué la pauvreté et le chômage », a-t-il assuré, soulignant qu’une conférence des donateurs était prévue à Londres en novembre. « Nous obtiendrons 46 milliards de dollars des donateurs », a-t-il promis. Le taux de chômage atteint 35 % de la population active tandis que près de 42 % des habitants souffrent de la pauvreté.

Face à M. Saleh, chef du Congrès Populaire Général (CPG, au pouvoir), quatre candidats se présentent : Ahmed Al-Majidi et Fathi Al-Azab (indépendants), Yassine Abdo Saïd, du « Conseil national », un groupe d’opposition, et Fayçal bin Chamlane du « Forum commun », alliance d’opposition regroupant sept formations, dont le Parti Socialiste Yéménite (PSY), Al-Islah (parti islamiste), le Parti unioniste nassérien et l’Union des forces populaires. Ancien ministre du Pétrole et ancien député, M. Bin Chamlane, de tendance islamiste, s’est imposé comme un rival sérieux face au président Saleh, faisant de la campagne une véritable bataille, pour la première fois de l’histoire de ce pays. Il a rallié les foules par ses critiques virulentes contre « la corruption au sein du régime » et le « monopole du pouvoir ». Il faisait référence notamment au fait que le président Saleh, dès son accession au pouvoir, s’est entouré d’un noyau de proches, notamment ses frères, qu’il a nommés à des postes-clés de l’appareil militaire et de sécurité. Un des sept fils du chef de l’Etat, Ahmad, un lieutenant-colonel de 37 ans, a été nommé à la tête de la Garde républicaine et des forces spéciales. Il est considéré comme un successeur possible de son père, un sujet totalement tabou au Yémen.

La popularité de M. Bin Chamlane, 72 ans, n’a fait que s’accroître, à tel point que le chef de l’Etat a accusé cet ancien ministre, un indépendant, d’avoir été « loué » par l’opposition « comme on louerait un taxi ». Dans ses rassemblements électoraux, M. Saleh accusait régulièrement le « Forum commun » d’être une « force obscurantiste » et d’être « incapable de gouverner ». Ces échanges ont montré qu’un vrai combat s’était engagé, alors que tout le monde pensait que le président sortant écraserait ses rivaux, voire que ces derniers avaient été « admis » à participer à l’élection seulement pour donner un semblant de démocratie à un processus dont le vainqueur était connu d’avance.

Main tendue à la rébellion

Cependant, M. Saleh reste l’archifavori des présidentielles. Un vrai maître tacticien, il a prouvé en 28 ans au pouvoir qu’il savait déjouer les pièges de l’opposition. Il gouverne en s’appuyant sur l’armée et le parti gouvernemental, le CPG, un assemblage hétéroclite de fonctionnaires et de représentants des couches urbaines et rurales, mais surtout en se ménageant l’appui capital des tribus, l’une des principales composantes de la société yéménite. Le fait qu’il soit parvenu à préserver des soutiens aussi divers pendant aussi longtemps, dans un pays aussi complexe que le Yémen, atteste de son habileté tactique, clé de son extraordinaire longévité au pouvoir.

Il doit cependant faire face à une rébellion zaïdite opposée à son régime, qui a fait lors d’accrochages avec les forces de l’ordre depuis 2004, environ 700 morts et des centaines de blessés. Le président candidat a d’ailleurs lancé sa campagne électorale à Saada (nord-ouest), fief de cette rébellion, en appelant ses dirigeants à quitter la clandestinité et à fonder un parti politique. Il a adressé cette invitation à Abdel-Malek et Yéhia Al-Houti, frères du chef rebelle Hussein Al-Houti tué en 2004, ainsi qu’au chef des opérations du groupe Abdallah Al-Rizami. Les trois hommes, qui ont bénéficié d’une amnistie présidentielle en septembre 2005, continuent pourtant à se réfugier dans les montagnes d’Al-Naqaa, à la frontière entre le Yémen et l’Arabie saoudite. « J’appelle aussi tous les partisans de Houti à retourner chez eux pour exercer leurs droits et accomplir leurs devoirs », a-t-il ajouté.

La rébellion est dirigée par Badreddine Al-Houti depuis la mort de son fils, Hussein Al-Houti, tué par les forces gouvernementales en septembre 2004.

Dans une référence à la rébellion zaïdite, dite des « Jeunes croyants », M. Saleh a récemment montré du doigt « les partisans de l’imamat qui commencent, de temps en temps, à faire entendre leurs voix dans la province de Saada et qui ont des adeptes dans les chefs-lieux de certaines autres provinces ». C’était la première fois qu’il faisait état de la présence de cette rébellion en dehors de la province de Saada (nord), théâtre ces dernières années de violents affrontements avec les forces gouvernementales.

Le zaïdisme est une branche du chiisme qui tire son nom de l’imam Zaïd, qu’elle reconnaît comme le 5e et dernier imam. Il représente près de 30 % de la population du Yémen, surtout dans le nord-ouest. Les autorités de Sanaa avaient affirmé en avril 2005 avoir vaincu cette rébellion, qui ne reconnaît pas la légitimité du régime yéménite, arrivé au pouvoir après avoir renversé l’imamat zaïdite lors d’un coup d’Etat militaire en 1962. Mais depuis, plusieurs accrochages entre les rebelles et les forces yéménites ont eu lieu.

Hicham Mourad

« Nous avons notre propre vision des droits de l’homme »

Khadija Al-Hayssami, ministre yéménite des Droits de l’homme, s’exprime sur les mesures prises pour garantir des élections libres et démocratiques.

Al-Ahram Hebdo : Quelles sont les mesures prises par le ministère des Droits de l’homme pour garantir des élections honnêtes et transparentes ?

Khadija Al-Hayssami : Le ministère a pris ces derniers mois plusieurs mesures pour garantir que les citoyens exercent leurs droits politiques en toute liberté, sans subir la moindre pression dans le choix de leur candidat. Nous avons, à cet égard, organisé entre autres des colloques pour sensibiliser les citoyens et les inciter à se rendre aux urnes. Nous avons aussi accordé un intérêt particulier aux femmes pour qu’elles se sentent citoyennes à part entière. En outre, le ministère a un rôle de surveillance et de contrôle dans les bureaux de vote pour veiller à la transparence lors du processus de vote.

— L’opposition a accusé le pouvoir de bâillonner la presse pendant la campagne électorale ...

— Ces accusations ne représentent que le point de vue de ceux qui les ont proférées. Le Yémen jouit d’une large liberté d’expression, dans la presse en particulier. La Constitution incrimine tout acte qui va à l’encontre du respect de la liberté d’expression. La preuve est que nous avons 120 publications au Yémen disposant d’une indépendance et ne subissant aucune pression de la part de l’Etat. De même, nos universités publiques et privées ont une liberté académique et politique.

— Plusieurs pays et organisations internationales, dont le Département d’Etat américain dans son dernier rapport sur les droits de l’homme, accusent le Yémen de violations dans ce domaine. Qu’en dites-vous ?

— Le rapport du Département d’Etat contient des informations erronées sur la situation des droits de l’homme au Yémen. Ce rapport sert les intérêts des Etats-Unis et ne cite intentionnellement les progrès réalisés au Yémen dans les domaines des droits de la femme, des législations concernant les droits de l’homme et des systèmes judiciaire et pénal. Personne ne peut nier le progrès que le Yémen a réalisé depuis mai 1990 (Ndlr : date de la réunification du pays) pour promouvoir la démocratie, le multipartisme et le respect des droits de l’homme.

— Il n’empêche que le Yémen a encore beaucoup à faire dans ces domaines ...

— Pour être franche, nous devons rappeler que l’intérêt porté aux questions des droits de l’homme est encore récent dans notre pays. C’est pour cela que les efforts n’ont pas porté entièrement leurs fruits. Nous reconnaissons que nous devons faire davantage d’efforts. Cependant, nous ne devons pas perdre de vue que nous avons notre propre vision de la question des droits de l’homme, inspirée par notre culture, notre patrimoine et notre civilisation. Nous n’avons pas à subir tel ou tel modèle importé de l’étranger. Nous devons prendre nos propres initiatives de réformes. Le ministère des Droits de l’homme fait son maximum pour répandre la culture des droits de l’homme dans un milieu où le citoyen arabe, et pas seulement yéménite, ignore encore l’essence de ce concept. Ce que nous faisons en particulier dans ce domaine, c’est de mettre au point une stratégie de sensibilisation des jeunes générations afin qu’elles connaissent leurs droits et d’intégrer la culture des droits de l’homme dans les programmes scolaires.

Naglaa Abdel-Hafez

 




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