Al-Ahram Hebdo, Opinion |  La honte arabe
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 Semaine du 9 au 15 août 2006, numéro 622

 

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Opinion

 La honte arabe

Mohamed Al-Sayed Saïd
Politologue

Le dernier discours prononcé par Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, n’a pas exprimé une position claire sur une probable résolution du Conseil de sécurité concernant le cessez-le-feu au Liban.

Plus précisément, Hassan Nasrallah n’a ni accepté ni refusé l’idée d’un déploiement de forces internationales au Sud-Liban. Il en est de même pour le désarmement du Hezbollah après la guerre criminelle contre le peuple libanais ou comme condition pour la stopper. Il est facile de comprendre cette position qui révèle que le Hezbollah tient à l’unanimité libanaise. Il semble aussi ne pas vouloir aller à l’encontre de la position du gouvernement libanais. Or, tout dans la vision américaine relative à la résolution du cessez-le-feu se base sur ces 2 idées : déployer une force internationale et désarmer le Hezbollah. Il est sûr que ceci va à l’encontre de ce dernier ainsi que de la culture de la résistance, car ceci priverait le peuple libanais d’une défense réelle. Il est connu qu’il est internationalement interdit à l’armée libanaise de posséder les moyens de défense aérienne. De même, elle ne peut ni posséder des chars, ni les principaux systèmes d’armement dont profite n’importe quelle armée moderne capable de défendre son pays.

Autrement dit, la vision américaine relative au cessez-le-feu n’enterre pas seulement la résistance, mais fait du Liban un otage d’Israël.

La faiblesse de la position arabe

La position arabe officielle sur le conflit au Liban est faible dans le meilleur des cas, et honteuse et déshonorante dans le pire des cas. Quatre facteurs expriment la faiblesse de la position arabe.

Premièrement, il y a les déclarations préliminaires faites par un nombre de responsables dans de grands Etats arabes. Ces déclarations ont fait assumer au Hezbollah la responsabilité de la guerre barbare déclenchée par Israël contre le peuple libanais.

Deuxièmement, les pays arabes concernés n’ont pas nié les déclarations faites au vu et au su de tous par le délégué israélien au Conseil de sécurité selon lesquelles les personnalités arabes officielles ont réclamé à Israël d’anéantir totalement le Hezbollah. Par ces dires, le délégué israélien a voulu lancer un défi aux leaders arabes, les obligeant ou bien à nier ou bien à confirmer ces intentions. De plus, le fait que les leaders arabes implicitement désignés n’ont pas nié ces dires signifie que certains d’entre eux ont un intérêt à voir le Hezbollah disparaître définitivement.

Le troisième facteur concerne non pas des déclarations mais des comportements représentés par l’absence totale d’une action diplomatique qui influencerait les positions politiques et stratégiques concernant, voire déterminant, le destin du conflit au Liban et dans les territoires occupés. Il existe des actes diplomatiques entrepris par tel ou tel pays arabe, mais ils se caractérisent par de nombreux signes de faiblesse. En effet, ces actes ont mal exprimé la position arabe, offrant ainsi à Israël et le désarmement du Hezbollah et le déploiement de forces internationales. Alors que les actions diplomatiques devraient contraindre Israël à payer le prix des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis au Liban et en Palestine. Ici aussi, nous remarquons l’absence quasi totale de l’influence arabe sur les pourparlers en cours visant à trouver une solution à la crise actuelle. Bien que de grands responsables arabes aient rencontré le président américain, aucun d’entre eux n’a transmis à Bush un point de vue arabe ou une position commune qui reformulerait les initiatives internationales et américaines sur le problème. Au contraire, les Arabes ont semblé accepter tout ce que les Américains proposaient au profit d’Israël, sans aucune discussion. De même, aucun dirigeant arabe n’a réagi aux déclarations faites par le secrétaire d’Etat américain concernant la naissance d’un « Proche-Orient nouveau », ni rappelé le droit des peuples de la région à décider eux-mêmes de leur destin.

Quant à la pire et dernière preuve de la faiblesse arabe, c’est l’échec des régimes à soutenir le peuple libanais de façon palpable. Il ne faut pas compter les efforts banals d’aides et de secours humanitaire présentés par différents pays arabes au Liban. Il y avait mille moyens de présenter un soutien politique réel et pratique qui dépasse les limites de l’aide humanitaire. Il y avait aussi mille moyens d’exprimer la colère des Etats arabes, s’ils sont vraiment en colère, contre la position américaine refusant le cessez-le-feu et donnant à Israël carte blanche pour continuer à détruire le Liban. Si un ou deux pays arabes avaient rappelé leurs ambassadeurs à Washington pour consultation, ceci aurait été suffisant pour changer l’environnement politique et international du conflit au profit du Liban et de la résistance.

C’est là que réside l’erreur réelle dans les calculs stratégiques arabes.

Frapper les Etats arabes l’un après l’autre

La notion de « Nouveau Proche-Orient » a plusieurs significations. Pour les Etats-Unis, il est question d’insister à faire subir un échec politique total aux résistances libanaise et palestinienne, à les désarmer et à mettre les deux pays à la merci d’Israël. D’un autre côté, la guerre contre le Liban et le Hezbollah est une première étape du plan américain visant à imposer un blocus à l’Iran et à le frapper.

Il se peut que cet objectif israélo-américain soit la cause de la « sympathisation » de certains leaders arabes éminents avec le nouveau projet américain concernant le Proche-Orient, et par conséquent avec la guerre contre le Liban. Là aussi, il y a une autre erreur stratégique. Il est vrai qu’il y a une certaine crainte arabe envers la force iranienne, surtout si l’Iran réussit à produire une bombe atomique. Et il y a aussi des différends entre les pays arabes, en particulier les membres du Conseil de coopération du Golfe, et l’Iran autour d’un nombre de questions culturelles et politiques. Cependant, les Etats du Golfe arabe ont jusqu’aujourd’hui réussi à gérer leurs différends avec l’Iran. Et en contrepartie, la frappe ou la liquidation de la force iranienne mettent toute la région, y compris ces Etats, sous l’hégémonie américaine et à la merci d’Israël.

Dans le contexte du « Nouveau Proche-Orient », il sera à nouveau question de la domination coloniale et des relations privilégiées qui ont dominé la richesse pétrolière pendant un demi-siècle. C’est ainsi que les pays producteurs du pétrole avaient réussi à avoir la mainmise sur la production et les cours du pétrole. Ce qui a permis de réaliser des équilibres politiques compliqués au niveau régional et international. La disparition de ces équilibres permettra aux Etats-Unis de dominer une nouvelle fois la production et les cours du pétrole à son profit. Et c’est ainsi qu’Israël pourra construire son Grand Israël au détriment du peuple palestinien. Depuis les événements du 11 septembre, on a l’habitude d’entendre des responsables américains dire que les Etats-Unis frapperont les Etats arabes l’un après l’autre, à l’aide de ces Etats mêmes. Est-il maintenant possible que cette menace devienne réalité ? .

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