Le
dernier discours prononcé par Hassan Nasrallah, le chef du
Hezbollah, n’a pas exprimé une position claire sur une probable
résolution du Conseil de sécurité concernant le cessez-le-feu au
Liban.
Plus précisément, Hassan Nasrallah n’a ni
accepté ni refusé l’idée d’un déploiement de forces
internationales au Sud-Liban. Il en est de même pour le
désarmement du Hezbollah après la guerre criminelle contre le
peuple libanais ou comme condition pour la stopper. Il est
facile de comprendre cette position qui révèle que le Hezbollah
tient à l’unanimité libanaise. Il semble aussi ne pas vouloir
aller à l’encontre de la position du gouvernement libanais. Or,
tout dans la vision américaine relative à la résolution du
cessez-le-feu se base sur ces 2 idées : déployer une force
internationale et désarmer le Hezbollah. Il est sûr que ceci va
à l’encontre de ce dernier ainsi que de la culture de la
résistance, car ceci priverait le peuple libanais d’une défense
réelle. Il est connu qu’il est internationalement interdit à
l’armée libanaise de posséder les moyens de défense aérienne. De
même, elle ne peut ni posséder des chars, ni les principaux
systèmes d’armement dont profite n’importe quelle armée moderne
capable de défendre son pays.
Autrement dit, la vision américaine relative
au cessez-le-feu n’enterre pas seulement la résistance, mais
fait du Liban un otage d’Israël.
La faiblesse de la position arabe
La position arabe officielle sur le conflit
au Liban est faible dans le meilleur des cas, et honteuse et
déshonorante dans le pire des cas. Quatre facteurs expriment la
faiblesse de la position arabe.
Premièrement, il y a les déclarations
préliminaires faites par un nombre de responsables dans de
grands Etats arabes. Ces déclarations ont fait assumer au
Hezbollah la responsabilité de la guerre barbare déclenchée par
Israël contre le peuple libanais.
Deuxièmement, les pays arabes concernés n’ont
pas nié les déclarations faites au vu et au su de tous par le
délégué israélien au Conseil de sécurité selon lesquelles les
personnalités arabes officielles ont réclamé à Israël d’anéantir
totalement le Hezbollah. Par ces dires, le délégué israélien a
voulu lancer un défi aux leaders arabes, les obligeant ou bien à
nier ou bien à confirmer ces intentions. De plus, le fait que
les leaders arabes implicitement désignés n’ont pas nié ces
dires signifie que certains d’entre eux ont un intérêt à voir le
Hezbollah disparaître définitivement.
Le troisième facteur concerne non pas des
déclarations mais des comportements représentés par l’absence
totale d’une action diplomatique qui influencerait les positions
politiques et stratégiques concernant, voire déterminant, le
destin du conflit au Liban et dans les territoires occupés. Il
existe des actes diplomatiques entrepris par tel ou tel pays
arabe, mais ils se caractérisent par de nombreux signes de
faiblesse. En effet, ces actes ont mal exprimé la position arabe,
offrant ainsi à Israël et le désarmement du Hezbollah et le
déploiement de forces internationales. Alors que les actions
diplomatiques devraient contraindre Israël à payer le prix des
crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis au Liban
et en Palestine. Ici aussi, nous remarquons l’absence quasi
totale de l’influence arabe sur les pourparlers en cours visant
à trouver une solution à la crise actuelle. Bien que de grands
responsables arabes aient rencontré le président américain,
aucun d’entre eux n’a transmis à Bush un point de vue arabe ou
une position commune qui reformulerait les initiatives
internationales et américaines sur le problème. Au contraire,
les Arabes ont semblé accepter tout ce que les Américains
proposaient au profit d’Israël, sans aucune discussion. De même,
aucun dirigeant arabe n’a réagi aux déclarations faites par le
secrétaire d’Etat américain concernant la naissance d’un «
Proche-Orient nouveau », ni rappelé le droit des peuples de la
région à décider eux-mêmes de leur destin.
Quant à la pire et dernière preuve de la
faiblesse arabe, c’est l’échec des régimes à soutenir le peuple
libanais de façon palpable. Il ne faut pas compter les efforts
banals d’aides et de secours humanitaire présentés par
différents pays arabes au Liban. Il y avait mille moyens de
présenter un soutien politique réel et pratique qui dépasse les
limites de l’aide humanitaire. Il y avait aussi mille moyens
d’exprimer la colère des Etats arabes, s’ils sont vraiment en
colère, contre la position américaine refusant le cessez-le-feu
et donnant à Israël carte blanche pour continuer à détruire le
Liban. Si un ou deux pays arabes avaient rappelé leurs
ambassadeurs à Washington pour consultation, ceci aurait été
suffisant pour changer l’environnement politique et
international du conflit au profit du Liban et de la résistance.
C’est là que réside l’erreur réelle dans les
calculs stratégiques arabes.
Frapper les Etats arabes l’un après l’autre
La notion de « Nouveau Proche-Orient » a
plusieurs significations. Pour les Etats-Unis, il est question
d’insister à faire subir un échec politique total aux
résistances libanaise et palestinienne, à les désarmer et à
mettre les deux pays à la merci d’Israël. D’un autre côté, la
guerre contre le Liban et le Hezbollah est une première étape du
plan américain visant à imposer un blocus à l’Iran et à le
frapper.
Il se peut que cet objectif israélo-américain
soit la cause de la « sympathisation » de certains leaders
arabes éminents avec le nouveau projet américain concernant le
Proche-Orient, et par conséquent avec la guerre contre le Liban.
Là aussi, il y a une autre erreur stratégique. Il est vrai qu’il
y a une certaine crainte arabe envers la force iranienne,
surtout si l’Iran réussit à produire une bombe atomique. Et il y
a aussi des différends entre les pays arabes, en particulier les
membres du Conseil de coopération du Golfe, et l’Iran autour
d’un nombre de questions culturelles et politiques. Cependant,
les Etats du Golfe arabe ont jusqu’aujourd’hui réussi à gérer
leurs différends avec l’Iran. Et en contrepartie, la frappe ou
la liquidation de la force iranienne mettent toute la région, y
compris ces Etats, sous l’hégémonie américaine et à la merci
d’Israël.
Dans le contexte du « Nouveau Proche-Orient
», il sera à nouveau question de la domination coloniale et des
relations privilégiées qui ont dominé la richesse pétrolière
pendant un demi-siècle. C’est ainsi que les pays producteurs du
pétrole avaient réussi à avoir la mainmise sur la production et
les cours du pétrole. Ce qui a permis de réaliser des équilibres
politiques compliqués au niveau régional et international. La
disparition de ces équilibres permettra aux Etats-Unis de
dominer une nouvelle fois la production et les cours du pétrole
à son profit. Et c’est ainsi qu’Israël pourra construire son
Grand Israël au détriment du peuple palestinien. Depuis les
événements du 11 septembre, on a l’habitude d’entendre des
responsables américains dire que les Etats-Unis frapperont les
Etats arabes l’un après l’autre, à l’aide de ces Etats mêmes.
Est-il maintenant possible que cette menace devienne réalité ? .