Al-Ahram Hebdo,Kiosque | Appels à la conscience mondiale
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 Semaine du 9 au 15 août 2006, numéro 622

 

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Appels à la conscience mondiale

Avec le massacre de Cana, la presse s’est encore une fois attaquée à la passivité des régimes arabes et de l’organisation onusienne face à l’agression israélienne.

« Vengeance ! », crie le quotidien d’opposition Al-Wafd. « Le crime » titre en couverture le magazine hebdomadaire Al-Moussawar qui relève la « cruauté israélienne et la complicité internationale ». « Avec le massacre de Cana II, la bataille pour mettre fin à la guerre au Liban commence », souligne l’éditorialiste Abdel-Qader Choheb dans Al-Moussawar. « Soyez une fois pour toutes des hommes !! », titre en Une l’hebdomadaire Al-Osboue.

Chaque jour, la presse publie en Une des photos d’enfants morts dans le bombardement de Cana, certains journaux n’hésitant même pas à parler de « nouvel holocauste », tout en estimant que le drame pourrait constituer un tournant dans le conflit. « Ce carnage est un crime de guerre », affirme de son côté l’éditorial d’Al-Ahram. « Les bouchers israéliens ont écrit une nouvelle page de leur histoire sanguinaire. Cette page noire ressemble à celle écrite il y a presque dix ans. Le lieu est le même, le boucher est le même et les victimes sont encore des enfants et des femmes sans défense », écrit l’éditorial d’Al-Ahram.

« Ehud Olmert commence sa carrière politique avec un massacre qui fait de lui un criminel de guerre au même rang que Begin, Shamir et Sharon », avance le quotidien Al-Gomhouriya, qui titre en première page : « La conscience du monde en vacances ».

Dans l’hebdomadaire Al-Fagr, Mohamad Fayeq, secrétaire général de l’Organisation arabe des droits de l’homme, met en garde contre ce qu’il appelle « une remise en ordre de la région entière et d’une façon unilatérale par Israël. Aujourd’hui, le Liban, avec la promesse de revenir en Egypte, en Syrie et dans tous les pays qui ont des frontières communes avec Israël ». Mettant en doute les capacités israéliennes, l’écrivain libanais Maan Béchour s’interroge dans Al-Masri Al-Yom : « Pouvons-nous dire que l’Etat hébreu bénéficiera après la guerre au Liban du même soutien qu’avant la guerre ? ». Et Ibrahim Al-Bahrawi, (spécialiste en études israéliennes) d’ajouter dans Al-Masri Al-Yom : « Qu’Israël massacre des civils est une couverture de sa défaite militaire ».

« Le tournant stratégique dans la sixième guerre israélo-arabe est cette résistance qui ne signifie rien d’autre que la défaite israélienne », explique l’éditorialiste Abdallah Al-Sennaoui dans l’hebdomadaire nassérien Al-Arabi.

« Bien que la guerre israélienne contre le Liban soit clairement une guerre américaine, les traits de leur projet du nouveau Moyen-Orient restent encore à déterminer », affirme l’écrivain libanais Adel Malek dans le quotidien londonien Al-Hayat.

Dans le même contexte, l’écrivain Bilal Al-Hassan explique : « Qu’ils optent pour un Moyen-Orient nouveau ou grand, les Etats-Unis ont subi une nouvelle défaite qui vient s’ajouter aux défaites en Afghanistan, en Iraq et en Palestine ». Face à ce projet du nouveau Moyen-Orient, Amin Howeidi, un des Officiers Libres et ancien ministre de la Défense, demande de lutter pour « un Moyen-Orient arabe où le pouvoir ne se transmet pas par héritage. Et puis aux Arabes de savoir qu’ils ont des cartes de pression ».

Les Arabes et l’Onu fustigés

Beaucoup de journaux s’en sont pris à la passivité de la position égyptienne officielle. « L’Egypte pouvait prendre officiellement des positions plus respectables dans la crise libanaise, sans toutefois s’exposer au moindre danger militaire de la part d’Israël », souligne Hassan Naféa, dans Al-Masri Al-Yom.

Dans l’éditorial d’Al-Ahram, on peut ainsi lire : « Alors que le sang arabe coule à flots, les regards des Arabes se sont dirigés vers Rome et non pas vers une capitale arabe. Dans la capitale italienne, le destin arabe a été mis sur la table devant un jury international sous leadership américain. (…) La décision relative à nos causes vitales n’est plus entre nos mains ».

Des écrivains, des intellectuels et des artistes, comme Sékina Fouad et Ossama Anouar Okacha, ont exprimé dans l’hebdomadaire Sawt Al-Omma, leur espoir de voir « l’Egypte prendre une position ferme face à l’escalade de la violence au Liban ».

Mettant en doute les capacités de l’Onu, l’éditorial d’Al-Ahram affirme que « le Conseil de sécurité de l’Onu a fait preuve d’incapacité face au massacre de Cana et face à l’agression contre tout le Liban ». « Il n’y a pas de doute que (…) la guerre d’extermination que mène Israël au Liban a mis au grand jour la faiblesse des Nations-Unies en tant qu’organisation d’arbitrage international », souligne Al-Masri Al-Yom. L’écrivaine Sanaa Al-Saïd affirme dans Al-Osboue que « souffrant de vieillesse, les Nations-Unies ont perdu leur crédibilité, leur poids ainsi que leur valeur ».

« Cana 2006 est une honte pour Israël et la communauté internationale », souligne Moustapha Abdel-Qader dans le quotidien indépendant Nahdet Misr.

Le quotidien libanais An-Nahar se démarque en publiant : « Le sacrifice des enfants de Cana a changé la donne internationale en renforçant les chances d’un cessez-le-feu auquel s’est ralliée la quasi-totalité de la communauté internationale » .

Hoda Ghali

L’erreur

Israël ne semble pas avoir tiré les leçons du passé et s’apprête à commettre une nouvelle erreur lourde de conséquences au Liban. Incapable d’arrêter les roquettes du Hezbollah, l’Etat hébreu, qui ne veut pas sortir les mains vides de son aventure meurtrière au pays du Cèdre, est décidé à rétablir une « zone de sécurité » de plusieurs kilomètres au sud de ce pays comme celle qui existait il y a six ans, avec le déploiement d’une dizaine de milliers de soldats, en attendant l’arrivée d’une force internationale dans ce secteur.

La création évoquée par Israël de cette « zone » et le déploiement envisagé d’une force internationale rappellent deux initiatives mises en œuvre au Liban dans le passé, avec des conséquences dramatiques. De 1985 à 2000, Israël a occupé au Sud-Liban une « zone de sécurité » de 850 km carrés, combattue sans merci par le Hezbollah que l’Etat hébreu veut éliminer aujourd’hui. L’armée israélienne a été contrainte de la quitter après une longue guerre d’usure. La nouvelle « zone » envisagée par Israël ne prévoit pas de positions fixes, ni la présence d’une milice locale auxiliaire, comme ce fut le cas avec l’Armée du Sud-Liban (ALS). Elle conçoit plutôt un « cordon sanitaire », de cinq à six kilomètres de large, vidé de sa population, où les Israéliens tireront sur tout intrus. Une idée qui n’apportera sûrement pas la paix à Israël. Au contraire, elle renforcera la résistance libanaise contre cette nouvelle occupation d’une partie du Sud-Liban : des accrochages quotidiens le long de cette « nouvelle » frontière sont probables, des tirs de roquettes ou de missiles sur Israël sont également possibles au-dessus de la « zone de sécurité ». Pour éviter justement ce genre d’incidents, les Etats-Unis et Israël veulent que se déploie dans cette « zone » une force multinationale puissante capable par les armes de les empêcher. Cette force, si elle se matérialise, sera ainsi considérée par les Libanais comme une « force d’occupation » à la solde de l’Etat hébreu. Tout le monde se souvient de l’expérience tragique de la Force multinationale de 1982 et 1983, et qui était composée d’Américains, de Français et d’Italiens. En octobre 1983, 241 militaires américains et 58 légionnaires français avaient été tués lorsque des camions piégés, conduits par des kamikazes, ont explosé dans leurs campements à Beyrouth. C’est pour ces raisons que le gouvernement libanais s’oppose à cette idée et préfère un renforcement de la Finul, qui aiderait l’armée libanaise à se déployer jusqu’à la frontière internationale et à ramener chez eux des dizaines de milliers de Libanais chassés des villages frontaliers, qu’il faudra reconstruire.


 

Paroles

Israël ne peut militairement pas mettre fin au Hezbollah. L’idée de la création de ce parti est née pour résister à l’occupation israélienne au Sud-Liban. Alors que le Hezbollah a gagné le soutien et l’amour des peuples arabes et islamiques, les Etats-Unis, eux, ont gagné la haine. Hassan Nasrallah a réussi à bénéficier ces derniers jours d’une grande popularité pouvant lui permettre de gagner des élections présidentielles dans n’importe quel pays arabe. Pourquoi Israël tient-il donc à élargir la guerre puisqu’il ne peut pas vaincre le Hezbollah ?

Abdel-Raouf Al-Ridi,Ex-ambassadeur aux Etats-Unis,Al-Wafd.

Un « nouveau » Moyen-Orient signifierait qu’il faille reconnaître que toute résistance à l’occupation étrangère est une action terroriste à laquelle il faut mettre un terme. Et le Moyen-Orient « nouveau » signifierait faire une opération de « lavage de cerveau » collectif aux peuples de la région pour leur apprendre que le modèle américain est l’exemple à suivre. Il signifierait la normalisation totale des relations israélo-arabes. Si les Américains parviennent à créer ce nouveau Moyen-Orient, ils pourront ainsi être sûrs de pouvoir pratiquer leur hégémonie totale sur le monde pour devenir le nouvel empire américain.

Nabil Zaki,Ecrivain,Al-Ahali.

Le président vénézuélien Chavez a rappelé son ambassadeur de Tel-Aviv ... Pas un seul gouvernement arabe ayant des relations avec Israël n’a pris l’initiative de retirer son ambassadeur, et ne pense même pas à appeler l’ambassadeur israélien dans son pays pour lui transmettre la condamnation de l’agression israélienne contre le Liban ...

Magdi Méhanna,Editorialiste,Al-Masri Al-Yom.

Pourquoi le Liban ? Est-ce parce qu’il s’agit d’une partie illuminée d’un monde arabe immonde ?! Est-ce parce que le peuple libanais intelligent, conscient, est le plus apte à faire face aux juifs dans le domaine du commerce, de l’argent et de l’industrie, outre celui de la guerre et la résistance ? Sans aucun doute cette guerre lancée contre le Liban ne détruira pas uniquement l’économie libanaise, mais il s’agit entre autres de mettre fin au visage civilisationnel d’un grand peuple.

Farouq Goweida, Editorialiste,Al-Alam Al-Yom.

Le scénario d’un nouveau Moyen-Orient ne date pas d’aujourd’hui. Les Etats-Unis ont commencé à le mettre en application depuis très longtemps sans même l’annoncer, sans prendre le risque de sortir les Arabes de leur coma, dans lequel ils vivent, pour comprendre la réalité de ce qui se passe et faire quelque chose pour sauver leur avenir. Ceux qui disent que les Arabes n’ont pas les moyens d’arrêter la mise en application de ce plan se trompent. Car les Arabes ont beaucoup, mais n’ont pas la volonté politique.

Ragab Al-Banna,Editorialiste,Octobar.

 

 




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