Al-Ahram Hebdo, Enquête | Le coup de théâtre de Zawahri
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 Semaine du 9 au 15 août 2006, numéro 622

 

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Enquête

Gamaa Islamiya. Les déclarations du numéro deux d’Al-Qaëda, Aymane Al-Zawahri, affirmant que des islamistes égyptiens de la Gamaa islamiya rallieraient son groupe, ont fait beaucoup de bruit.

Le coup de théâtre de Zawahri

Craintes et expectatives après les déclarations cette semaine d’Aymane Al-Zawahri. Dans un enregistrement vidéo diffusé par la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeerah, le numéro deux du réseau Al-Qaëda et son maître à penser affirme que des islamistes égyptiens de la Gamaa islamiya ont décidé de rallier les rangs de son groupe. Zawahri a énuméré plusieurs noms comme Omar Abdel-Rahmane (ancien guide spirituel de la Gamaa qui purge une peine de prison aux Etats-Unis ), Abou-Khalil Al-Hakayma, Mohamad Al-Islamboli, Réfaï Taha, Mohamad Al-Moqrie, et Abdel-Akher Hammad. « Ces cheikhs ont décidé de faire fusion avec Al-Qaëda pour unir les forces de la nation islamique contre nos ennemis qui ont lancé une compagne féroce contre l’islam », a déclaré le numéro deux d’Al-Qaëda critiquant au passage ceux qui ont choisi de renoncer aux armes. « Un groupe de nos frères dans la Gamaa ont suivi les allégations du gouvernement égyptien et des Etats-unis et ont dévié de la ligne immaculée de la Gamaa basée sur le Coran et les paroles du prophète », a déclaré Zawahri faisant ainsi allusion aux adeptes de l’initiative d’arrêt de la violence lancée par certains chefs historiques de la Gamaa en 1997. L’enregistrement de Zawahri a été suivi d’un autre montrant Abou-Khalil Al-Hakayma en tenue pakistanaise dans un champ avec un fusil sur l’épaule affirmant son adhésion à Al-Qaëda et critiquant l’initiative d’arrêt de la violence. Les deux enregistrements n’ont pas manqué de susciter des interrogations en Egypte.

S’agit-il réellement d’un nouveau front terroriste ? Ou bien est-ce une manœuvre d’Al-Qaëda ? La Gamaa islamiya, elle, s’est hâtée de démentir l’annonce de Zawahri. « La Gamaa n’a jamais pris la décision de fusionner avec qui que ce soit. Nous avons nos chefs et nos dignitaires qui décident de la voie que nous devons emprunter », a déclaré Abdel-Akher Hammad. Sur son site Internet, la Gamaa se dit étonnée par les déclarations de Zawahri. « Comment le cheikh Omar Abdel-Rahmane qui se trouve actuellement dans une prison américaine peut-il adhérer à Al-Qaëda alors qu’il a été le premier à soutenir l’initiative d’arrêt de la violence », déclare un communiqué de la Gamaa publié sur le site. Le document affirme que la plupart des noms cités par Zawahri n’entretiennent aucune relation avec Al-Qaëda. « Réfaï Taha s’est retiré en août 1998 du front mondial de lutte contre les juifs et les croisés (formé à l’appel d'Ossama bin Laden), Mohamad Al-Moqrie s’est prononcé contre l’usage de la violence et le meurtre des innocents. Mohamad Al-Islamboli est très connu car il est le frère de l’assassin de Sadate et il a des liens familiaux avec Ossama bin Laden mais il ne joue aucun rôle au sein de la Gamaa. Quant à Hakayma, c’est une personne inconnue qui n’a jamais fait partie de la Gamaa », assure le communiqué. Quant à Karam Zohdi, chef du conseil consultatif de la Gamaa, il a qualifié Zawahri de menteur. « Il est déplorable qu’une personne qui parle au nom de la religion ait proféré de tels mensonges. Personne ne connaît ce dénommé Hakayma que l’on voit dans cet enregistrement vidéo ».

La Gamaa islamiya est l’un des deux principaux groupes clandestins armés responsables de plusieurs actes de violence dans les années 1980 et 1990. Le groupe qui comptait plusieurs milliers de militants s’est orienté vers un arrêt total de la violence à la fin des années 1990. C’est en 1997 que les chefs historiques du mouvement emprisonnés lancent une initiative d’arrêt de la violence.

Les observateurs écartent toute hypothèse d’un retour de la Gamaa à la violence. « Il n’est plus question aujourd’hui pour la Gamaa de revenir à la violence. En 1997, j’étais l’intermédiaire entre les membres du groupe qui ont signé l’initiative d’arrêt de la violence. C’est vrai qu’il y avait des objections mais tout a été réglé », souligne Montasser Al-Zayat, avocat des groupes islamistes.

Zawahri ment-il ? Même si l’annonce du numéro II d’Al-Qaëda a été démentie, rien ne permet de l’infirmer à 100 %. Mais il reste à savoir pourquoi maintenant ? La diffusion des propos de Zawahri intervient au moment où des membres emprisonnés du Djihad ont fait savoir qu’ils étudiaient une initiative semblable à celle de la Gamaa. « Aymane Al-Zawahri était l’un des chefs du Djihad. Il est probable qu’il ait voulu avorter l’initiative de ce groupe », analyse Montasser Al-Zayat.

Diaa Rachwane, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram est d’accord. Il énumère d’autres raisons pour expliquer cette manoeuvre d’Al-Qaëda. Premièrement, exploiter l’état de révolte qui existe actuellement dans les milieux islamistes en raison de la situation en Palestine, au Liban et en Iraq. Le numéro deux d’Al-Qaëda a voulu également donner l’impression qu’il y a un grand front islamiste et que son groupe a de l’influence en Egypte. « Al-Qaëda n’a aucune influence en Egypte et souhaiterait avoir de l’existence », assure Rachwane affirmant que Zawahri a voulu également transmettre un message aux appareils de sécurité égyptiens qui veulent donner l’exemple de la Gamaa islamiya comme modèle d’un groupe islamiste qui a réussi à se convertir en renonçant à la violence. Tout compte fait, la situation telle qu’elle se présente témoigne d’un faux pas de Zawahri qui reste peu expliquée.

Chérine Abdel-Azim

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