Sidi
Abdel-Rahmane ne sera plus simplement une jolie plage de la
Côte-Nord, mais un modèle de station balnéaire à imiter. C’est
sur cela qu’a parié le groupe émirati Emaar, acquéreur du
terrain pour la bagatelle de 1,04 milliard de L.E., soit 165,25
L.E. le m2. Et pour cela, le groupe va investir quelque 10
milliards de L.E. (soit 1,74 milliard de dollars) et construire
6 hôtels, une marina, des terrains de golf et des centres
commerciaux, tout ceci sur une superficie de 6,2 km2.
Le prix de la transaction a dépassé toutes
les prévisions. A 1,04 milliard de L.E., le groupe émirati s’est
octroyé le terrain lors d’une vente aux enchères face aux deux
des plus grandes entreprises égyptiennes construction et de
tourisme, à savoir Orascom tourisme et hôtellerie et Talaat
Mostafa Group. Hicham Mostafa, PDG de cette dernière, regrette
avoir perdu la transaction : « J’ai concurrencé jusqu’à la
dernière minute de l’enchère. J’ai offert 160 L.E. le m2, bien
que les études aient estimé que le prix maximum pour le mètre
oscillait entre 90 et 150 L.E. ». Mostafa estime, cependant, que
la présence des deux entreprises égyptiennes a donné confiance à
l’investisseur étranger. Un autre facteur de confiance, la
Holding pour le Tourisme et le Cinéma (publique) sera partenaire
dans le projet à hauteur de 15 %.
L’économie du pays des pyramides dépend
grandement des recettes du tourisme, qui lui apportent 7
milliards de dollars par an, soit près de 10 % du PIB. De plus,
l’Egypte, qui a dernièrement été victime de plusieurs attaques
terroristes contre ses stations balnéaires de la mer Rouge,
essaie de varier ses destinations touristiques, et d’augmenter
le nombre annuel de touristes à 14 millions d’ici 2011, contre
8,6 millions en 2005.
La Côte-Nord, sur la Méditerranée, est une
région idéale pour cela. En tout cas, la plus lointaine des
frontières à risques avec Israël. C’est une côte de 450 km, qui
va d’Alexandrie jusqu’à la Libye, à l’ouest. Une centaine de
villages touristiques ont été construits dans les années 1990.
Ils étaient destinés notamment aux Egyptiens et se transforment
en villages fantômes aussitôt que l’été prend fin.
Rénovation des hôtels
Dans ce contexte, le ministre de
l’Investissement, Mahmoud Mohieddine, a annoncé que ce projet, à
25 km de l’aéroport international d’Al-Alamein, fait partie d’un
plan de développement touristique d’une superficie qui s’étend
sur 65 kilomètres, à une distance de 6 kilomètres de la mer. «
La réussite de cette transaction a donné l’espoir de développer
d’autres zones touristiques à Louqsor et à Hurghada », a déclaré
le ministre. Il a également souligné que la recette inattendue
de la vente du terrain sera consacrée au financement du Fonds de
restructuration du secteur public des affaires et à la
rénovation des hôtels à aspect historique, notamment le Cataract
Assouan, le Palestine à Alexandrie, ainsi que le Mena House et
le Marriott au Caire.
Chafiq Gabr, en tant que représentant d’Emaar
Misr, a, quant à lui, confié à l’Hebdo que la transaction qu’il
vient d’emporter est bel et bien la plus importante jamais
opérée dans le domaine en Egypte. « Elle inclut également
l’achat de l’hôtel d’Al-Alamein, construit lors de la seconde
guerre mondiale. Cet hôtel, qui tire son nom d’une célèbre
bataille de la seconde guerre mondiale, fera bientôt peau neuve
».
Emaar n’est pas novice dans le pays et
tâtonne le marché égyptien depuis quelques années. Il a déjà
construit le projet des Villas du Golf dans le quartier du
Nouveau-Caire. En 2005, il a créé Emaar Misr en partenariat avec
Chafiq Gabr. En janvier 2006, Emaar a annoncé un plan pour
étendre ses activités dans la région arabe. Outre l’Egypte,
Emaar investit en Turquie, au Maroc, en Syrie, en Tunisie, en
Arabie saoudite ou encore en Grande-Bretagne. La société s’est
par ailleurs entretenue avec le designer Gorgio Armani pour
construire et gérer 10 hôtels et villages touristiques à travers
le monde, comme à Amman, Milan, Londres, New York, Tokyo et
Shanghai.
Emaar a réalisé une hausse de ses profits
nets, qui ont atteint 406,9 millions de dollars lors du premier
semestre 2006, contre 389 millions durant la même période de
l’année précédente.
Dahlia Réda