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 Semaine du 9 au 15 août 2006, numéro 622

 

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Dossier

Amin Al-Mahdi, ancien juge permanent au Tribunal Pénal International (TPI) pour l’ex-Yougoslavie, estime qu’Israël applique au Liban le principe de la « guerre globale » qui consiste à tout se permettre.

« Il y a deux lois : une très rigoureuse pour les Arabes et l’autre plus tolérante pour le reste du monde »

Al-Ahram Hebdo : Du point de vue juridique, les actes d’Israël au Liban peuvent-ils être considérés comme des crimes de guerre ?

Amin Al-Mahdi : Israël mène une campagne militaire agressive au cours de laquelle il a commis des crimes de guerre et des génocides. Cela concerne d’abord son agression contre la Palestine et aujourd’hui, contre le Liban. Les opérations militaires au Liban, sous l’alibi de vouloir récupérer ses soldats enlevés, sont une réaction disproportionnée et injuste. A supposer qu’Israël ait raison, ce qui est loin de l’être bien sûr, il a quand même négligé tous les principes de guerre en ne faisant aucune distinction entre les cibles civiles et les cibles militaires. C’est l’un des principes de la guerre qui est tombé ici, celui de la distinction. La proportionnalité a elle aussi disparu chez les Israéliens. On ne peut pas raser toute une ville sous prétexte que deux ou trois soldats s’y cachent. Ce sont les deux principes de base que les Israéliens ont violés. Ce qui se passe au Liban ou dans les territoires palestiniens est alors qualifiable de crime de guerre.

Tel-Aviv a osé attaquer des hôpitaux, des écoles et des institutions publiques sous prétexte qu’ils abritent des hommes ou des armes du Hezbollah. Israël applique aujourd’hui au Liban le principe de la « guerre globale » qui était appliquée pendant la seconde guerre mondiale, et qui consiste à tout se permettre durant le conflit. Il suffit de se référer aux récentes déclarations d’Ehud Olmert dans lesquelles il a annoncé l’intention de son armée de bombarder Beyrouth et non pas même des objectifs dans la capitale libanaise. Par ces déclarations, Israël avoue publiquement qu’il commet un crime de guerre par préméditation. C’est d’ailleurs la nuance qui existe entre le Hezbollah et les Israéliens.

— De quelle nuance parlez-vous ? Le Hezbollah a également touché des civils en Israël ...

— Je veux dire que le Hezbollah adopte une politique de dissuasion, qui consiste à attaquer son ennemi pour le pousser à arrêter la violence. C’est très compliqué, mais cela veut dire que le Hezbollah agit en hors-la-loi pour obliger Israël à respecter le droit humanitaire. Par exemple, lorsque les Israéliens ont déclaré qu’ils allaient attaquer Beyrouth, le Hezbollah a répondu que dans ce cas, il attaquerait Tel-Aviv, pour pousser Israël à revoir sa politique.

— Oui, mais Israël dispose d’une sorte d’immunité internationale ...

— C’est tout à fait vrai. Et c’est d’ailleurs pourquoi aucun Israélien n’a jamais été jugé. A part une commission officielle d’enquête israélienne, qui a jugé Ariel Sharon parmi d’autres Israéliens, en raison de leur responsabilité dans les massacres de Sabra et Chatila. Mais la commission de Kahan avait soigneusement évité toute accusation de responsabilité directe, et s’est contentée, dans son rapport publié en 1983, de reprocher à Sharon d’avoir « négligé le danger d’acte de vengeance et de bains de sang de la part des Phalangistes contre les populations des camps de réfugiés et pour ne pas avoir ordonné des mesures appropriées pour prévenir ou pour le moins réduire le danger du massacre ». On ne devait pas d’ailleurs s’attendre à plus d’une commission israélienne. En tout cas, je crois que désormais, il existe deux lois : une très rigoureuse pour les Arabes et l’autre plus tolérante pour le reste du monde. Israël est fondé en tant qu’Etat sans frontières fixes, et c’est illégal. Le mur de séparation en Cisjordanie est illégal d’après un jugement de la Cour Internationale de la Justice (CIJ), mais sa construction se poursuit. Et personne ne réagit .

— Pourquoi ni la Cour internationale de justice ni la Cour pénale internationale ne peuvent-elles pas juger Israël ?

— Pour la CIJ, c’est le pays victime lui-même qui doit faire la démarche. Le Liban, par exemple, a le droit d’aller porter plainte contre Israël. Nous savons tous qu’Israël ne va pas se conformer à la décision de la justice, mais le procès en lui-même ne manquera pas d’avoir un effet. L’affaire est différente avec la CPI. Celle-ci n’est compétente qu’avec les pays signataires du statut de Rome. Pour l’instant, seule la Jordanie l’a signé et ratifié, alors que le reste des pays arabes et Israël ne l’ont pas fait. Ils attendent peut-être que cette cour fasse preuve d’efficacité, mais surtout d’indépendance. Et puis Israël et les Etats-Unis n’ont pas ratifié le statut de Rome, prenant donc une position claire contre la cour.

Propos recueillis par Chaïmaa Abdel-Hamid

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