Finalement, Amal Maher fait peau neuve. Après
avoir chanté la diva Oum Kalsoum à maintes occasions depuis son
introduction dans le monde artistique par le compositeur Ammar
Al-Chéréï, il y a sept ans, elle vient de lancer son premier
album Isalni ana (Demande-moi), il y a tout juste trois semaines.
Produit par la société Alam al-fan de Mohsen Gaber, l’album
traduit le désir d’Amal de montrer son aptitude à chanter les
nouveaux styles dits « des jeunes » sans abandonner le style
classique qui a bâti sa renommée.
Ce faisant, elle a eu recours aux
compositeurs les plus en vogue pour doter ses chansons des notes
les plus exaltantes. Ainsi, le compositeur Walid Saad a
estampillé de son empreinte quatre des neuf chansons qui
constituent l’album : Bétekrah leh (Pourquoi tu haïs ?), Balach
monahda (Arrête tes discussions), Ya nassini (Ô toi qui m’as
oubliée) et Eh beinak wa beinha (Qu’y a-t-il entre elle et toi
?). Cette dernière est en effet la plus remarquable parmi les
neuf autres. Ecrite par le célèbre Awad Badawi et arrangée par
Medhat Khamis, elle exprime l’étendue des capacités vocales de
la jeune chanteuse.
De même, l’alternance de la guitare
électrique, instrument dominant accompagnant le refrain, avec le
req et le rythme wahda kébira associé aux couplets, confère à
l’ensemble l’harmonie d’une combinaison réussie des airs
occidentaux et orientaux. Par ailleurs, par une voix suave, Amal
a su rendre palpable le déchirement d’une femme déçue par la
trahison de son bien-aimé avec son amie intime.
En reprise des chansons qui rappellent les
années 1980, le compositeur Mohamad Moustapha a fait un
arrangement accentuant les tonalités des violons dans trois
chansons, dont celle qui fait le titre, Isalni ana, composée par
Salah Al-Charnoubi, et écrite par Fawzi Ibrahim. Une des
chansons, Kelma wahda (Un Seul mot), composée par Mohamad Diaa,
rappelle par certains traits le style de chant propre à Assala,
qui a aussi collaboré avec Diaa. Seule ombre au tableau, Amal
perd son identité du fait de la rigidité des compositions. Les
autres chansons interprétées dans le reste de l’album, telles
que Mich ragea tani ? (Il est revenu ?) composée par Achraf
Salem, Elli ma tearafouch (Ce que tu ne sais pas) et Rayhalak
rohi (Mon Ame te cherche) composées par Mohamad Rahim, portent
toutes les traces d’un travail adapté à des types de voix
semblables. Ainsi, la performance de la voix d’Amal rappelle
celle de Mayada Al-Hennawi, Assala et feu Zikra. Cependant, il
est trop tôt de pronostiquer le sort de l’album. Voulant se
démarquer des grands classiques, en se forgeant un nouveau style
avec la contribution de compositeurs jeunes et bien réputés sur
le marché, Amal est tombée toutefois dans le piège de la
similitude des voix. Isalni ana constitue, en effet, une
expérience immature dans la quête d’une singularité identitaire
de la jeune chanteuse.
Lamiaa Al-Sadaty