Al-Ahram Hebdo, Arts | Je suis convaincu que l’esprit de la démocratie est enraciné dans la culture iranienne »
  Président Salah Al-Ghamry
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 9 au 15 août 2006, numéro 622

 

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Arts

Cinéma. La dernière édition du München Filmfest a organisé une rétrospective exhaustive de l’œuvre de la famille Makhmalbaf. Entretien avec son doyen, le réalisateur engagé, Mohsen Makhmalbaf.

« Je suis convaincu que l’esprit de la démocratie est enraciné dans la culture iranienne »

Al-Ahram Hebdo : Pourquoi avoir créé à Téhéran l’école de cinéma La Maison de film Makhmalbaf (Makhmalbaf Film House) ?

Mohsen Makhmalbaf : Cela est parti du fait que je n’appréciais pas beaucoup l’éducation traditionnelle religieuse en Iran. Et puis Samira, ma fille, était extrêmement malheureuse à l’école. A l âge de 14 ans, elle a quitté son établissement scolaire et j’ai établi une « école » à la maison. On travaillait ensemble du matin au soir, sur les tournages de mes films. Et petit à petit d’autres enfants ont appris le métier, mais surtout ils ont pris goût au cinéma.

— Vous avez choisi l’Afghanistan pour réaliser plusieurs de vos films, traduisant les problèmes et la souffrance de sa population. Quelle est la raison de ce choix ?

— Parce que c’est un milieu très proche de notre culture et de notre langue. Quelque fois quand je parle des problèmes en Afghanistan, j’évoque en fait les problèmes de mon pays que je ne peux pas exprimer à cause de la censure qui y règne. Bien sûr, l’Afghanistan est différent de l’Iran, surtout à l’époque des Talibans. Le peuple en a beaucoup souffert. Deux ans avant le 11 septembre, j’étais en Afghanistan pour tourner secrètement mon film Kandahar, terminé en 2001. A l’époque, l´Occident ne s’intéressait pas à la misère du peuple afghan, alors que les gens mourraient de faim par milliers. C’est à ce moment que j’ai écrit un livre : « Le bouddha n’a pas été démoli par les Talibans, c’est la honte qui l’a détruit ».

Les enfants souffraient, et je voulais changer leur situation surtout les filles qui étaient privées de toute éducation. Pour soutenir les enfants, j’ai fait mon documentaire Afghan Alphabet. La situation des enfants réfugiés en Iran était misérable aussi, à cause d’une loi iranienne. J’ai arrêté mon travail cinématographique pendant trois ans durant lesquels j’ai créé 80 projets d’éducation pour les enfants afghans en Iran. Ainsi, 500 000 enfants ont pu aller à l’école.

— Pourquoi avoir tourné votre dernier film en Inde ?

— Ce sont les écrits du Mahatma Gandhi et les films de Satyajit Ray qui m’ont inspiré de l’amour pour ce pays et sa culture. Cela sans oublier la magie de ses religions et de sa spiritualité. Car pour moi l’être humain est croyant par nature, mais je déteste le fanatisme des religions : christianisme, islam, bouddhisme, hindouisme. Car le fanatisme mène à l’agression et au fascisme.

— Quel est votre avis sur la situation politique actuelle en Iran ? Vos créations en font-elles part ?

— Khatami avait essayé d’effectuer des réformes. Je suis convaincu que l’esprit de la démocratie est enraciné dans la culture iranienne, cependant Khatami a échoué à cause des forces conservatrices en Iran et, aussi, parce qu’il n’était pas soutenu par les Etats-Unis, qui au contraire ont « salué » la fin de l’ère Khatami. S’il avait réussi, l’Iran aurait servi de modèle de démocratie pour le reste du monde musulman. Mais après Khatami la situation a empiré.

— Est-ce la raison pour laquelle vous avez quitté l’Iran pour vous installer en France ?

— J’ai été en France pour travailler avec mes coproducteurs français. Lors d’un séjour à Berlin, pendant le festival de cinéma, j’ai décidé de ne pas rentrer en Iran, jugeant qu’il me serait impossible de travailler dans l’atmosphère extrêmement répressive du régime actuel, qui a banni quelques-uns de mes films et refusé mes scénarios. Dans quelques mois, je me rendrai avec ma fille Samira en Afghanistan pour réaliser un nouveau projet.

Fawzi Soliman

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Itinéraire familial

Le réalisateur iranien de renommée internationale Mohsen Makhmalbaf était présent à Munich, avec sa femme Marziyeh Meshkini, ses filles Samira et Hana et son fils Maysam. Tous cinéastes, ils ont débattu de leurs films avec le public. Ses films comme Salaam Cinema (1994), Gabbeh (1996), Kandahar (2001) Sexe et philosophie (2005) ont enchanté les cinéphiles de par leur réalisme et leur poésie. D’ailleurs, le dernier film de Makhmalbaf, Le Cri des fourmis, réalisé en 2006 en Inde, avait eu sa première mondiale à Munich.

Le premier film de sa fille, Samira Makhmalbaf, La Pomme, a reçu en 1997 la Caméra d’or à Cannes. Tandis que sa sœur, Hana, a réalisé son premier film Joie de folie, à l’âge de 14 ans, accueilli par le Festival de Venise. Marziyeh, sa femme, a remporté pour sa part un succès international en l’an 2000, avec son premier film Le Jour où je devenais femme, un film bouleversant évoquant la situation de la femme opprimée.

 




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