Al-Ahram Hebdo, Evénement | L’heure de vérité
  Président Salah Al-Ghamry
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 16 au 22 août 2006, numéro 623

 

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Liban . La résolution 1701 est entrée en vigueur lundi dernier. Les armes se sont tues, mais l’incertitude règne toujours.

L’heure de vérité

Ambiguïté et incertitude. Tels sont les mots d’ordre depuis la mise en application, lundi matin, de la résolution 1 701 du Conseil de sécurité de l’Onu, votée vendredi dernier et prévoyant une cessation des hostilités entre Israël et le Hezbollah. La résolution a certes mis fin à un mois de guerre dévastatrice, il n’en demeure pas moins que de nombreux doutes pèsent sur l’avenir. S’agit-il d’une trêve fragile, ou d’un pas vers un cessez-le-feu définitif et donc vers un règlement global des questions en suspens à l’origine de la tension dans cette région du monde ? Il faudra attendre les semaines à venir pour en juger. Dans une première étape, la cessation des hostilités sera à l’épreuve du terrain. Mais à plus long terme, il faudra voir si toutes les questions en suspens pourront être résolues afin de garantir un règlement durable.

L’arrêt des combats n’est donc que la première étape de l’application de la résolution 1 701, fruit d’un difficile compromis négocié par la France et les Etats-Unis, qui prévoient une simple cessation des hostilités, et non un véritable cessez-le-feu. Mais même en ce qui concerne l’arrêt des combats, Israël a prévenu, en annonçant la fin de son offensive, qu’il conservait son droit à l’autodéfense, comme l’y autorise le texte. Des sources militaires ont également annoncé, lundi, qu’Israël maintiendra son blocus aérien et maritime du Liban jusqu’à la mise en place d’un mécanisme de contrôle de la contrebande d’armes.

Dès lors, on se demande ce qu’implique véritablement la formule choisie par les auteurs de la résolution 1 701. Elle peut fort bien être comprise par les deux belligérants, le Hezbollah libanais et l’armée israélienne, comme un renoncement au bombardement massif, mais non pas à la défense terrestre de positions acquises.

Ce qui signifie, en quelques sortes, que le risque de guerre n’a pas totalement disparu. « Toutes les options sont désormais ouvertes, explique Dr Emad Gad, du Centre d’Etudes Stratégiques et Politiques (CEPS) d’Al-Ahram. La situation reste extrêmement risquée, le statu quo actuel peut durer, comme l’on peut aussi assister à un regain de violence au Sud-Liban ».

L’Etat libanais face à de nombreux défis

En fait, si la situation est aussi risquée, c’est en raison de la complexité de plusieurs points de la résolution concernant le désarmement du Hezbollah et le déploiement de l’armée libanaise dans le sud, suivis de celui d’une force de l’Onu en lieu et place des milices du Hezbollah. Mais ceci ne se fera pas sur un claquement de doigt. Il faudrait que l’armée libanaise soit en état de remplir ce rôle et que la force onusienne se montre nettement plus efficace que la Finul d’aujourd’hui, deux points qui sont loin d’être acquis. Dans l’immédiat, la Finul planifie un déploiement de troupes additionnelles. De 2 000, ses effectifs doivent passer à 15 000. Outre l’Italie et la France, la Finul estime que des contingents arabes pourraient renforcer une mission élargie à l’humanitaire, sur une portion du territoire libanais beaucoup plus étendue qu’actuellement. Selon les observateurs, il faudra environ six mois pour que les conditions d’application de la résolution 1 701 soient réunies. Beaucoup dépendra en fait de la vitesse avec laquelle les Israéliens vont se retirer. Certains redoutent un repli certes rapide mais qui détruirait tout sur son passage. Cela risquerait d’alimenter la volonté du Hezbollah de continuer d’en découdre.

En outre, la 1 701 prévoit le désarmement mais ne mentionne pas les moyens d’y parvenir. Certes, le Hezbollah, qui n’est pas partie prenante dans la résolution, s’est rallié à la position libanaise et s’est engagé « à ne pas faire obstacle aux décisions du gouvernement » et à « cesser tout acte d’hostilité » une fois l’accord sur un arrêt des combats entré en vigueur. Cependant, il n’a pas fait mention de la question du désarmement. Selon certains analystes, le Hezbollah profitera du vague de la formule pour conserver des armes au nord du fleuve Litani, limite de l’offensive terrestre israélienne, et maintenir tout le réseau d’assistance sociale qui l’enracine dans la population.

Avant même l’entrée en vigueur de la résolution, la question du désarmement posait problème à Beyrouth. Le gouvernement libanais a dû ajourner dimanche une réunion extraordinaire qui devait être consacrée à ce sujet et au déploiement de l’armée, assistée par le Force Intérimaire des Nations-Unies au Liban (Finul), au Sud-Liban. « C’est le moment de vérité et ils ne veulent pas livrer leurs armes. Nous avons préféré accepter de reporter la réunion pour permettre la poursuite des consultations », a déclaré un ministre qui a requis l’anonymat.

« Avec cette résolution, la crise a été renvoyée à l’intérieur du Liban. La communauté internationale a fait en sorte de mettre le gouvernement libanais face à ses responsabilités en lui imposant de désarmer le Hezbollah et de déployer l’armée, faute de quoi des forces israéliennes resteront au sud. Or, ça s’annonce mal avec le report de la réunion ministérielle de dimanche. Tout dépendra en fait de la position du Hezbollah, s’il accepte ou non de remettre ses armes à l’armée libanaise. C’est désormais aux Libanais qu’incombe le sale boulot », explique Emad Gad.

D’autre part, il est difficile de juger de l’avenir du Hezbollah après cette guerre. La milice n’a pas été anéantie et son poids politique reste entier. Emad Gad estime que « sur le plan militaire, on ne peut pas dire qu’il y a un gagnant et un perdant. Mais sur le plan politique, il est certain que le Hezbollah est sorti affaibli par cette guerre et par les clauses de la résolution. Dans la 1 701, il n’a pas été question directement de l’échange de prisonniers, alors qu’il était à l’origine de la guerre, et il n’a pas été non plus question d’un règlement définitif de l’affaire des Fermes de Chebaa. Même le déploiement des forces internationales est tributaire de la capacité de l’armée libanaise de contrôler le sud et de désarmer le Hezbollah. Il s’agit donc d’un gain israélien ».

Certains observateurs paraissent encore plus alarmistes craignant que la crise interne libanaise ne dégénère en guerre civile. Pour le moment, les Libanais partagent la même colère contre l’agression israélienne. Mais une fois la guerre finie, les choses risquent de changer, les Libanais n’étant pas tous tendres pour le Hezbollah. « Peut-être serait-il exagéré d’évoquer une éventuelle guerre civile au Liban, mais il est sûr que le risque de crise politique interne aiguë existe réellement, estime Emad Gad. Il y aura un face à face entre le Hezbollah et la majorité gouvernementale au Liban. Chacune des deux parties peut interpréter la 1 701 à sa manière. Et Israël en profitera comme toujours ».

Abir Taleb

 

La résolution 1701

Appelant à la cessation des hostilités au Liban et jetant les bases d’un règlement durable du conflit, la résolution 1701 ne garantit toutefois pas une paix définitive.

En voici des extraits

« Le Conseil de sécurité, (...)

— Lance un appel en faveur d’une cessation totale des hostilités fondée, en particulier, sur la cessation immédiate par le Hezbollah de toutes les attaques et la cessation immédiate par Israël de toutes les offensives militaires ;

— Dès la cessation totale des hostilités, demande au gouvernement libanais et à la Finul, (...), de déployer leurs forces ensemble dans tout le Sud, et demande au gouvernement israélien, alors que ce déploiement commence, de retirer en parallèle toutes ses forces du Sud-Liban ;

— Souligne qu’il importe que le gouvernement libanais étende son autorité à l’ensemble du territoire libanais, conformément aux dispositions des résolutions 1 559 (2004) et 1 680 (2006), et aux dispositions pertinentes des Accords de Taëf, afin d’y exercer intégralement sa souveraineté, de sorte qu’aucune arme ne s’y trouve sans le consentement du gouvernement libanais et qu’aucune autorité ne s’y exerce autre que celle du gouvernement libanais ;

— Réaffirme son ferme appui en faveur du strict respect de la Ligne bleue ;

— Réaffirme également son ferme attachement, comme il l’a rappelé dans toutes ses résolutions précédentes sur la question, à l’intégrité territoriale, à la souveraineté et à l’indépendance politique du Liban à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, comme prévu dans l’Accord général d’armistice israélo-libanais du 23 mars 1949 ;

— Affirme que toutes les parties sont tenues de veiller à ce que ne soit menée aucune action, contraire au paragraphe 1, qui pourrait être préjudiciable à la recherche d’une solution à long terme, à l’accès de l’aide humanitaire aux populations civiles (...) ;

— Lance un appel à Israël et au Liban pour qu’ils appuient un cessez-le-feu permanent et une solution à long terme fondés sur les principes et éléments suivants :

a. Strict respect par les deux parties de la Ligne bleue ;

b. Adoption d’un dispositif de sécurité qui empêche la reprise des hostilités, notamment établissement, entre la Ligne bleue et le Litani, d’une zone d’exclusion de tous personnels armés, biens et armes autres que ceux déployés dans la zone par le gouvernement libanais et les forces de la Finul (...) ;

c. Application intégrale des dispositions pertinentes des Accords de Taëf et des résolutions 1 559 (2004) et 1 680 (2006) qui exigent le désarmement de tous les groupes armés au Liban, afin que, conformément à la décision du gouvernement libanais du 27 juillet 2006, seul l’Etat libanais soit autorisé à détenir des armes et à exercer son autorité au Liban ;

d. Exclusion de toute force étrangère au Liban sans le consentement du gouvernement libanais ;

e. Exclusion de toute vente ou fourniture d’armes et de matériels connexes au Liban, sauf celles autorisées par le gouvernement libanais (...) ;

— Prie le secrétaire général de mettre au point, en liaison avec les acteurs internationaux clefs et les parties intéressées, des propositions pour mettre en œuvre les dispositions pertinentes des Accords de Taëf et des résolutions 1 559 et 1 680, notamment de celles relatives au désarmement, et pour délimiter les frontières internationales du Liban, en particulier dans les zones où la frontière est contestée ou incertaine, y compris en s’occupant de la question des Fermes de Chebaa, et de les lui présenter dans les 30 jours (...) ;

— Décide de proroger le mandat de la Finul jusqu’au 31 août 2007, et exprime son intention d’envisager dans une résolution ultérieure un nouveau renforcement de son mandat et d’autres mesures visant à contribuer à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu permanent et d’une solution à long terme (...) ;

— Souligne qu’il importe et qu’il est nécessaire d’instaurer une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient, sur la base de toutes ses résolutions pertinentes, y compris ses résolutions 242 (1967) du 22 novembre 1967, 338 (1973) du 22 octobre 1973 et 1 515 (2003) du 19 novembre 2003 (...).

 

 




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