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La résolution 1 701,
un nouveau défi
La résolution du Conseil de sécurité pour
faire cesser la guerre au Liban a provoqué de nombreux
commentaires dans la presse cette semaine.
Après de laborieuses tractations, une
résolution a été adoptée par le Conseil de sécurité de l’Onu
pour stopper « la violente agression israélienne contre le Liban
». Cette semaine, la presse a largement commenté la position de
la communauté internationale qui doit maintenant s’atteler à la
tâche encore plus ardue, celle de la faire appliquer, alors que
les combats redoublaient d’intensité en attendant un arrêt des
hostilités. « La défaite d’Olmert », « Beyrouth accepte la
résolution 1 701 et Israël poursuit ses attaques », « Israël
refuse la fin de la guerre », « Le dur retrait d’Israël », «
Bien que le Hezbollah émette quelques réserves, il ne fera
jamais obstacle à l’application de la résolution 1 701 », «
L’application de la résolution 1 701 : une nouvelle bataille »,
« Victoire de la volonté du Liban », « La résolution est un
texte de compromis qui tient compte des objections de tous sans
répondre aux préoccupations d’aucuns ». « La résolution 1 701
reste vague sur bien des points, ce qui peut compromettre son
efficacité, surtout sur le long terme ». Les titres de la presse
sont éloquents et expriment l’incertitude quant aux prochains
développements au lendemain d’un arrêt des combats. Nombreux
éditorialistes s’interrogent sur les répercussions politiques de
cette crise sur la société israélienne sur les deux plans
intérieur et extérieur. « L’heure de la terreur et de la vérité
à Tel-Aviv », titre l’hebdomadaire nassérien Al-Arabi. « La
victoire de la résistance, alors que l’image d’Israël est à zéro
», souligne Al-Arabi tout en rouge en Une. Malgré cette lueur
d’espoir onusienne, et sous le titre « Du sang sur la conscience
», l’éditorialiste d’Al-Arabi, Abdallah Al-Sennawi, souligne
pour sa part que « L’Egypte officielle s’est trompée en tentant
de couvrir les ennemis, croyant que la résistance libanaise
connaîtra une défaite très rapide, ce qui ne s’est pas passé.
Bien plus, la défaite a été du côté israélien ».
Côté libanais, le risque est grand pour le
Hezbollah, comme le signale certains éditorialistes. «
Aujourd’hui, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit
prendre une décision difficile : soit refuser la résolution et
entraîner le pays une fois de plus dans des affrontements
violents, soit accepter la résolution en prenant le risque de
renoncer à tout ce qu’il a construit depuis sa création »,
explique Abdallah Iskandar dans le quotidien londonien Al-Hayat.
« L’Onu vote la paix au Liban, Israël relance la guerre », titre
l’éditorial de Issa Ghorayeb, dans le quotidien libanais
L’Orient Le Jour. « Le Hezbollah a stupéfait le monde en tenant
tête, un mois durant, aux colonnes ennemies, en désorganisant,
par ses tirs de roquettes, la vie quotidienne en Israël »,
ajoute Issa Gorayeb, qui déplore en même temps tant de victimes
: « Mais à quel effroyable prix tant d’héroïques exploits, pour
qui donc une si relative victoire dont le pays saigné, dévasté,
dépeuplé par les barbares bombardements israéliens se serait
volontiers passé ? ».
Alors que du côté israélien, il s’agira de se
retirer du Sud-Liban militaire, l’éditorialiste du quotidien
d’opposition Al-Wafd, Abbass Al-Tarabili, évoque « les bénéfices
continus (d’Israël) ». « Dans les questions de cessez-le-feu,
l’expérience a prouvé qu’Israël ne respecte jamais les décisions
internationales et essaye toujours de gagner du temps, parfois
des années pour plus de gains en terres par exemple, et ensuite
négociera à partir d’une position de force », poursuit Al-Tarabili.
C’est la raison pour laquelle l’éditorial d’Al-Ahrar relève le
fait qu’Israël n’est pas empressé d’arrêter la guerre. Nombreux
sont les commentateurs pessimistes qui estiment que cette
résolution onusienne ne signifie pas la fin de la guerre. Parmi
eux Magdi Méhanna, qui écrit dans le quotidien Al-Masri Al-Yom :
« D’ailleurs, une violente attaque israélienne élargie a eu lieu
juste une heure après le vote sur la résolution 1 701 du Conseil
de sécurité à l’Onu ». « Je pense que la résolution 1 701 est
juste un répit mais elle ne mettra aucunement fin au conflit
entre Israël et le Liban, et la guerre éclatera de nouveau.
Alors les Arabes se prépareront-ils à cette guerre, ou
continueront-ils à cacher leurs têtes dans le sable ? », ajoute
Méhanna . D’ailleurs, dans le quotidien indépendant Nahdet Misr,
l’éditorialiste Mohamad Chebh le dit clairement et avec force :
« Les canons se tairont, mais la guerre ne s’arrêtera pas. La
guerre continuera avec plusieurs champs de bataille ».
Cette guerre a cependant mis sous les
projecteurs d’autres conflits, comme « le conflit arabo-iranien
», estime pour sa part l’écrivain Bilal Al-Hassan dans le
quotidien saoudien Al-Charq Al-Awssat. « Ce qui menace le plus
la région est l’apparition du conflit arabo-iranien appuyé
largement sur le conflit entre chiites et sunnites. C’est un
conflit qu’il faut à tout prix arrête ; il faut de même que tout
le monde se mette autour d’une table pour formuler une entente
pouvant surmonter ce danger », ajoute Al-Hassan.
Hoda Ghali |

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Paroles
Israël frappe et cogne très fort depuis bien
longtemps, et ce depuis qu’il a appris la mort clinique des
Arabes. L’Arabe, s’il n’est pas libre, s’il n’est pas capable de
défendre sa dignité, alors ni sa vie entière, ni ses larmes
n’ont de raison d’être. Si nous perdons la guerre, ce ne sera
pas étonnant car nous sommes entrés dans ce conflit avec tout ce
que les Orientaux possèdent de talents dans les discours. La
question aujourd’hui est la suivante : Allons-nous casser un
jour les portes ou resterons-nous toujours cachés ?
Mahmoud Nafie,
Editorialiste, Nahdet Misr.
L’image des Arabes est aujourd’hui à son plus
bas niveau. Enfin, et après un mois de combats, les
gouvernements arabes ont pensé qu’il existe un Etat appelé le
Liban, et qu’une catastrophe guette son peuple. Les
gouvernements arabes ont choisi de partir à Washington pour
présenter leur pardon, alors qu’ils auraient pu agir de chez eux.
Ils auraient pu renvoyer l’ambassadeur israélien et l’américain
s’ils le voulaient vraiment. Ils auraient pu brandir la menace
du pétrole, mettre fin à leurs accords commerciaux avec Israël,
interdire aux bateaux et avions de traverser leur zone aérienne.
Mais rien n’a été fait ...
Farouq Goweida,
Editorialiste, Al-Alam Al-Yom.
Les peuples arabes considèrent la résistance
au Liban comme étant un véritable exploit. Contrairement à ce
que croient les Américains et les Israéliens, les Arabes sont
réellement exaltés par ce que fait le Hezbollah car il a prouvé
qu’il était capable de faire face à l’armée israélienne. La
résistance au Liban est un modèle dont doit être fier tout Arabe,
car il a rendu la dignité à toute la nation arabe.
Azmi Bichara,
Ecrivain, Al-Hayat.
La crise libanaise a prouvé que le Hezbollah
est la seule force capable de résister sur un champ de bataille
face à Israël. Le Hezbollah est l’unique arme qui a pu briser
l’engrenage militaire israélien, tout en détruisant son
arrogance mensongère. Tout ceci aura de graves répercussions au
sein de la société israélienne. Plus important encore, cette
guerre a permis de réaliser une union sans précédent entre
toutes les confessions au Liban.
Gamal Badawi,
Ecrivain, Al-Wafd.
Le train de la violence israélienne ne
s’arrête pas aux frontières libanaises ou palestiniennes, la
liste est bien plus longue. D’ailleurs, la Syrie et l’Iran sont
les prochains sur la liste, et les probabilités d’agression
envers ces pays sont grandes. Ce que nous craignons, ce sont les
tentatives israéliennes destinées à semer la division au sein
des peuples arabes. Il suffit de regarder comment Israël met en
garde les Libanais contre la résistance ...
Gamil Georgi,
Editorialiste, Al-Ahrar.
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