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L’après-élections israéliennes
Mohamad Al-Sayed Saïd
Politologue

Les élections israéliennes ont donné naissance à trois tendances qui auront des répercussions claires sur la voie que prendra le conflit palestino-israélien.

La première tendance est l’échec du projet de formation d’un bloc d’hégémonie politique ou la formation d’un milieu politique qui occuperait une position de force sur la scène politique israélienne et qui garantirait la stabilité. Ceux qui avaient fait la propagande de la légende du milieu ou du centre politique avaient fondé leurs espoirs sur le fait que le Kadima obtiendrait le tiers des sièges à la Knesset de sorte à pouvoir convaincre toute la société du plan de séparation ou du plan unilatéral.

Ce pari se basait sur l’énorme pouvoir populaire réalisé par Sharon durant les deux dernières années. En effet, il avait réussi à regagner la confiance d’un large secteur des nouvelles forces en Israël, celui-là même qui votait auparavant pour la gauche. Mais il est clair qu’Ehud Olmert n’a pas pu pallier l’absence de Sharon. De plus, les estimations optimistes en ce qui concerne l’avenir du Kadima étaient dès le départ très exagérées. De fait, le Kadima a obtenu 28 sièges, c’est-à-dire moins du quart des sièges à la Knesset. Ce chiffre est largement insuffisant pour fonder un bloc d’hégémonie politique capable de mettre fin au démantèlement de la scène politique israélienne. Ceci signifie que ce bloc sera faible et ne pourra imposer sa vision quant au règlement du conflit avec les Palestiniens. Cette déduction peut autant s’appliquer à la gauche qu’à la droite israéliennes, conformément aux conditions et coalitions politiques intérieures et extérieures.

La deuxième tendance concerne la stabilité de la grande déviation qui a poussé la scène politique israélienne vers l’extrême droite depuis le déclenchement de l’Intifada en 2000. Il n’est pas du tout vrai que le Kadima se place au centre politique, en particulier pour ce qui est des plans et axes du conflit palestino-israélien. Cette prétention n’est qu’un mensonge insensé. La plupart des piliers de ce parti appartiennent à l’extrême droite et ont une longue histoire au Likoud. Le fait d’ajouter quelques noms venant du Parti du travail ou des petits partis transitoires ne changera pas cette vérité. Il y a une grande différence entre la diversité des idéologies et des expériences politiques, et la nature du parti qui se détermine par ses programmes, les conditions de sa fondation, le rôle qu’il joue dans le régime et les politiques qu’il défend. Les directions les plus importantes au parti après Sharon, comme Olmert et Tzipi Livni (ministère actuel des Affaires étrangères), sont parmi les personnalités israéliennes les plus antagonistes au peuple palestinien. Ils dédaignent la valeur de la paix et croient en ce qui est appelé le Grand Israël. De façon générale, il n’y a aucun doute que la droite israélienne a obtenu la grande part du gâteau dans les dernières élections.

Quant à la troisième tendance qui est relativement nouvelle, c’est la victoire d’une nouvelle génération de direction ou plus précisément d’une nouvelle école de direction politique qui ne se base pas sur la légitimité de la participation à la fondation d’Israël ou sur la légitimité purement idéologique. L’élite qui a fondé Israël a quasiment disparu des rangs des directions des partis israéliens. Non seulement l’époque de Sharon est révolue, mais aussi l’époque de la génération fondatrice, malgré la présence de quelques rares anciennes directions dans certains partis. La vérité est que les principales directions qui détiennent les décisions relatives à l’avenir d’Israël sont nouvelles. Elles ne basent pas leur popularité seulement sur l’idéologie ou sur la valeur personnelle, mais aussi sur l’interaction des intérêts entre les grands blocs ethniques et culturels et les différentes couches sociales en Israël. Ces nouvelles directions font un amalgame entre la dimension idéologique et les intérêts, ce qui nécessite de posséder les talents de courtier politique. Les politiques israéliennes connaissent donc une nouvelle tendance. La preuve en est que Sharon a été obligé d’adopter cette stratégie, ce qui lui a permis de défier la légitimité historique du Likoud avant d’entrer dans le coma. La réussite du Kadima, malgré l’absence de son fondateur, ainsi que l’échec flagrant de Netanyahu sont une nouvelle preuve de l’émergence d’un nouveau genre de politiques en Israël. L’importance de la troisième tendance réside dans le fait que la crise de la direction a suivi une nouvelle voie en Israël.

Cette crise avait commencé avec l’assassinat de Rabbin, puisqu’il s’était avéré que plus personne ne possédait les facultés lui permettant de gagner spontanément la confiance du peuple, en particulier lors de la prise de décisions importantes concernant le règlement du conflit arabo-israélien. Et aujourd’hui, outre cette vérité, la génération actuelle de directions doit aussi réorganiser la carte des intérêts de façon à pouvoir fonder une coalition sociopolitique capable d’occuper la position de majorité. Cette coalition doit être formée non d’Israéliens qui basent leurs destins sur celui d’Israël, mais de citoyens appartenant aux différentes cultures et ethnies et qui se rassembleraient de façon partielle autour de leurs origines et appartenances. Les intérêts de ces citoyens israéliens doivent avoir la priorité sur les slogans généraux qui ont une relation avec l’avenir d’Israël de façon absolue. Il y a maintenant une majorité qui a des intérêts à garder les territoires occupés en 1967. L’occupation et la colonisation israéliennes sont devenues un projet beaucoup plus rentable que le projet idéologique. Ceci signifie que la politique israélienne devient de plus en plus féroce et violente. Dans ce contexte, il est clair qu’il n’y a pas une grande chance pour ceux qui veulent réaliser une paix équilibrée ou ceux qui veulent guider Israël vers des décisions sages et braves visant à instaurer la paix avec les Arabes. Il est possible qu’Amir Peretz, président du Parti du travail, puisse occuper une position importante dans la politique israélienne, puisqu’il a réussi à guider avec succès le Parti du travail en plein milieu de cette dérive générale vers la droite. Il pourra peut-être même participer au nouveau gouvernement, mais il est sûr qu’il est presque impossible qu’il puisse diriger Israël dans un avenir proche. Non seulement la société israélienne penche de plus en plus vers l’extrême droite, mais cette droite bénéficie également d’un soutien total de la part de l’Administration Bush et de la droite américaine de façon générale .

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