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Eclipse Solaire . Celle-ci faisait son show mercredi dernier 29 mars à Salloum. Des milliers d’observateurs entre touristes et astronomes ont vécu le phénomène dans une organisation qui a suscité le mécontentement de certains.

Salloum,
De notre envoyée spéciale —

Soleil noir à Salloum
Des coups de sifflet et des cris de peur ont été lancés à midi 38 locales lorsque Salloum a été plongée dans l’obscurité. La lune couvrait totalement le soleil. Des milliers d’amateurs et de spécialistes qui attendaient impatiemment cet événement s’étaient donné rendez-vous à Salloum, au nord ouest de l’Egypte à la frontière avec la Libye, pour observer ce phénomène qui ne se produit dans le même endroit que tous les deux siècles. Sur la colline de ce site bien célèbre par la beauté de ses plages et qui a témoigné d’une page importante de la deuxième guerre mondiale. Tout le monde portait des lunettes spéciales et d’autres avaient en main des clichés de radiographie pour se protéger les yeux. Tous avaient le regard levé au ciel attendant ces moments uniques. Des campagnes de conscientisation avaient été menées pour avertir la population : il ne faut surtout pas regarder le soleil sans lunettes spéciales, sous peine d’encourir des brûlures irréversibles de l’œil, y compris dans les régions où l’éclipse ne sera que partielle.

De nombreux habitants sont descendus dans les rues de la capitale et les lunettes spéciales sont passées de main en main pour permettre d’observer le spectacle sans risque. D’autres ont préféré observer le phénomène derrière les vitres. Et il y en a même qui ont fermé les rideaux de peur des effets néfastes du soleil dans la phase partielle de l’éclipse. Ces derniers ont préféré donc observer le phénomène sur leurs postes de télévision, puisque l’événement a été diffusé en direct de Salloum sur la Télévision égyptienne et la chaîne satellitaire. Salloum était envahie par des photographes désireux d’enregistrer ces quelques moments. C’est le « Soleil noir ». La couronne de Soleil apparaît. Le spectacle est fascinant ! Les étoiles brillantes et les principales planètes apparaîtront. Quelques planètes comme Vénus, Mercure et Mars sont visibles. Certaines fleurs se referment et certains oiseaux s’endormaient. Le comportement des animaux était inhabituel, certains étaient inquiets et très nerveux ... Au moment de l’événement, la température a chuté de plus de 8 degrés et l’humidité relative passa de 40 à 80 %. La phase totale a duré vraiment peu de temps : 3 min 58 sec.

Des milliers de touristes, chercheurs et scientifiques sont venus des quatre coins du monde pour admirer cet événement, notamment des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, d’Allemagne, de France, d’Italie, de Suisse, d’Espagne, d’Australie, du Japon, d’Inde et de Corée et même de Libye. Les touristes et les astronomes se sont installés à Salloum. Le président égyptien Hosni Moubarak et son épouse ainsi que tous les membres de sa famille se sont également déplacés à Salloum et ont mis leurs lunettes spéciales pour observer l’éclipse.

C’est la quatrième éclipse totale du XXIe siècle. L’observation du phénomène en Egypte cette année représentait une occasion unique pour une majorité d’Egyptiens. « C’est la première fois que je vois une éclipse totale. Je suis tellement ému. J’ai emmené mes deux enfants à Salloum avec moi. Et je suis heureux aussi parce que je pourrais dire à mes petits-fils : j’y étais », estime Mohamad Hamed, un des Egyptiens qui se sont rendus à Salloum spécialement pour observer le phénomène.

D’autre part, les Centres français de culture et de coopération du Caire et d’Alexandrie ont organisé un voyage à Salloum regroupant plus de 200 élèves de 22 écoles égyptiennes. Les participants ont vécu cette excursion en petits savants et ont effectué eux-mêmes des expériences scientifiques au moment de l’événement.


Organisation modeste

L’organisation de l’événement n’a pas cependant été appréciée par tous. « La première chose dont nous nous sommes inquiétés en arrivant a été d’obtenir les autorisations nécessaires auprès des autorités locales, autorisations que nous avions bien sûr tenté d’avoir longtemps avant de partir », indique une touriste anglaise qui accompagne son mari le scientifique. Et du point de vue touristique, « l’événement avait besoin d’une meilleure organisation et beaucoup plus de propagande. Il fallait aussi dépenser plus. Cependant, le gouvernorat de Marsa Matrouh et le ministère du Tourisme n’ont commencé à faire de la propagande pour cet événement que depuis quelques mois seulement », souligne Dr Omar Fikri, chef des programmes du Planétarium de la Bibliotheca Alexandrina qui a organisé à Alexandrie une grande manifestation dont une série de conférences et de colloques destinés d’abord aux scientifiques qui sont venus de différents pays pour participer au forum Culture et astronomie organisé par cette institution. Cette dernière, à ses propres frais, a organisé une excursion pour certains scientifiques étrangers et étudiants d’astronomie à Salloum pour observer le phénomène. De plus, à la Bibliotheca Alexandrina à Chatbi, a été installé pour le grand public un écran géant, et lors de l’événement, près de 5 000 personnes s’y sont rendues pour suivre le phénomène.

De quoi tenter de combler les lacunes enregistrées sur le site. « Sur place, nous ne pouvons que constater, après de multiples démarches, que nous ne sommes pas spécialement bien accueillis », estiment des scientifiques du Centre National de Recherche Scientifique français (CNRS) qui ont choisi Salloum pour y observer l’éclipse totale du soleil. L’équipe du CNRS se composait d’une vingtaine d’astrophysiciens professionnels et d’astronomes amateurs chevronnés. C’est le cas aussi de plusieurs autres chercheurs et scientifiques égyptiens et étrangers qui ont senti que les autorités n’ont pas pris en considération leurs besoins scientifiques. « Les événements scientifiques ne sont pas bien organisés. Le gouverneur de Salloum a voulu nous placer en compagnie des VIP, alors que c’est un endroit qui ne correspond pas du tout à nos besoins scientifiques », estime un chercheur du CNRS.

Les différentes autorités (police, gouverneur régional, local, etc.) se renvoient la balle. Ici, les « impératifs de sécurité » sont toujours une bonne excuse pour ne pas avoir à prendre de décisions, même au plus haut niveau.

La prochaine éclipse totale en Egypte aura lieu en 2027 dans la Vallée des rois, à Louqsor, au sud de l’Egypte. Pour être sûr de l’observer, ne vous y prenez pas à la dernière minute, consultez les prévisions météo et déplacez-vous vers le site le moins nuageux, peut-être sur une île ou même en mer. Faut-il attendre 2027 ?

Amira Samir

Quand le soleil devient une star

Libye

En Libye, le phénomène a été suivi par au moins 7 000 amateurs et chercheurs étrangers de 47 nationalités, venus spécialement pour observer l’éclipse totale dans le Sahara libyenne.

Togo

Au Togo, la population a apparemment préféré observer le phénomène à la télévision, suite aux campagnes d’information qui mettaient en garde contre des brûlures irréversibles de l’œil si l’observation du soleil se faisait sans protection. Les rues de la capitale étaient inhabituellement désertes au passage de l’éclipse et les petits marchands de rue n’avaient pas ouvert leurs étals.

Niger

Au Niger, un haut dignitaire religieux musulman, cheikh Adamou Yahaya, avait appelé les fidèles à organiser des prières collectives, déclarant sur les ondes que « les éclipses sont des prémisses, des rappels à l’ordre », demandant à la population de ne « pas céder à la panique » et enjoignant ses condisciples à faire deux raqaats (prières).

Ghana

Au Ghana, le phénomène, observable pour la première fois depuis 59 ans sur la quasi-totalité du territoire. La lune a complètement masqué le soleil à Accra à 09h10 locales (et GMT) pendant deux minutes et demie, sous le regard émerveillé de nombreux Ghanéens descendus dans les rues pour voir le spectacle, avant de plonger le Togo voisin dans le pénombre à 09h14 GMT.

Turquie

Après l’Afrique, le spectacle s’est installé pour quelques minutes en Turquie, sous les yeux émerveillés d’astronomes amateurs et de touristes, venus sur la côte méditerranéenne pour profiter de conditions idéales d’observation. Mais dans le nord du pays, et malgré les paroles rassurantes des autorités, des centaines de Turcs ont fui leur domicile de peur que l’éclipse ne déclenche un tremblement de terre, suite aux prédictions d’un « spécialiste » local. Les scientifiques turcs ont dû fournir des explications pour assurer qu’il n’y avait aucun lien entre la précédente éclipse de 1999 et les deux énormes tremblements de terre survenus peu après, au lourd bilan de 20 000 morts.

Grèce

En Grèce, la petite île de Kastellorizo, seul territoire de l’Union européenne où l’éclipse était totale, a été envahie par les touristes et les chambres d’hôtels y étaient réservées depuis trois ans. « Même au mois d’août, en pleine période touristique, il n’y a pas tant de monde », a assuré le maire de l’île.

Kazakhstan

La première ville d’Asie à avoir vu le soleil totalement disparaître fut Atyrau (ouest du Kazakhstan) à 11h27 GMT, puis, après plus de 1 000 km de désert, ce fut au tour d’Astana, la capitale kazakhe. Ils n’étaient que quelques dizaines sur la grande place de la ville à profiter du crépuscule précoce, de nombreux habitants préférant observer le ballet des astres aux fenêtres de gratte-ciel, généralement à travers des disquettes d’ordinateur, solution de fortune adoptée faute de lunettes spéciales.

A. S.

 

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