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Témoignage.
Une lectrice palestinienne
nous fait part de sa tragique expérience de fille de l’Intifada
face à l’occupation israélienne.
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Le sang des
pierres |
La première chose
que j’ai entendue, ce sont les bruits des bombes et des chars
ainsi que les cris des martyrs. La première chose que j’ai vue,
ce sont les maisons détruites et le sang des martyrs. Je voyais
les anges de la mort emporter des âmes pures. Je voyais des mères
pleurer leurs enfants et des pères emportés par les forces sionistes.
Combien souffre mon peuple ! Le peuple palestinien, le peuple
emprisonné. Mais qui entend mon cri ? Je suis une simple fille
palestinienne. Je m’appelle Sondoss et j’ai ... Je ne sais pas.
Je ne sais pas compter. Je ne suis pas allée à l’école. Mon école
a été détruite. Mais mon père, décédé dans une prison sioniste,
m’a appris à écrire. J’écris ces mots à ta mémoire, toi, mon père,
toi qui a tant souffert. Mais mon peuple ne restera pas toujours
emprisonné. Un jour, il sera libre.
Je me suis mise à
réfléchir. Je dois jouer un rôle pour défendre ma patrie. Que
faire ? Ramasser des pierres et les lancer sur les Israéliens,
comme ces enfants ? Mais quel avantage pour mon pays si un soldat
parmi des milliers est blessé ? Je suis sortie dans la rue, couvrant
mes oreilles de peur de devenir sourde à cause de ces bruits terribles.
Le couvre-feu sera bientôt imposé. Je n’aime pas marcher dans
la rue. Je vois des Palestiniens porter le tombeau d’un martyr.
C’est Mohamad Mandour ! Mon ami ! Il a été tué alors qu’il distribuait
des tracts contre l’occupant. Tiens, il y a un autre tombeau.
C’est celui de son ami, mort pour la même raison. Je suis rentrée
maintenant, ça y est, le couvre-feu a été imposé. J’ai appelé
ma mère pour lui annoncer la mort de Mohamad. Elle ne répond pas.
Mon Dieu ! La maison s’effondre ! Ma mère appelle au secours.
Elle est blessée. Un char dévaste notre maison. Ma mère m’appelle
: « Sauve-toi, laisse-moi. Je vais retrouver ton père. Que Dieu
m’accepte parmi les martyrs ! ».
En une seconde, la
maison s’est écroulée et ma mère a rendu l’âme. Son sang s’est
répandu sur les pierres. Je suis restée un instant clouée sur
place, incapable de réfléchir. J’ai perdu ma famille, ma maison.
Que se passe-t-il ? Je vais me venger. Je ne sais pas quoi faire.
J’ai pris la robe ensanglantée de ma mère et je l’ai mise. Je
me dirige vers un groupe d’enfants et automatiquement je me mets
à ramasser des pierres. J’avance vers le char. Sans réfléchir,
je me mets à lancer des pierres sur les soldats puis à courir,
j’ouvre la porte du char et j’y lance une bombe manuelle appartenant
à mon père.
Le char explose avec
ses soldats et moi aussi évidemment. Mon sang se mêle aux pierres
des enfants exactement comme le sang de ma mère. Je les imagine
crier mon nom : « Sondoss Nabil Mansour, l’héroïne, la fille du
héros ! ». |
Sondoss Nabil
Mansour,
Le Caire. |
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Les bons tuyaux
de l’Hebdo ! |
Dans votre hebdomadaire
Al-Ahram Hebdo du 22 au 28 février dernier, j’ai lu avec beaucoup
d’intérêt l’article intitulé « Hommage à Néfertari et Bakkar »
présentant un récit de voyage à Abou-Simbel. La photo de la chambre
avec la moustiquaire m’a emballée ... En fait, à peine un mois
plus tard, j’ai été terriblement tentée de réaliser un voyage
identique avec ma fille actuellement au Caire. Mille mercis pour
l’adresse de la maison nubienne à Assouan si authentique ou ethnique,
selon le mot à la mode ! Fikri et Amal Kachef se sont révélés
des hôtes absolument charmants et passionnants ! Il y avait longtemps
que je n’avais pas mangé des mets aussi savoureux ! Ils m’ont
révélé que nous étions les premières à venir, attirées par votre
article. J’espère que nous ne serons pas les seules car réellement
cette maison et ses hôtes méritent vraiment de passer la nuit
à Abou-Simbel.
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Nadine Barbier,
Héliopolis. |
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Un peu
plus de justice |
J’ai lu avec intérêt
l’article intitulé « Exit le gouvernement » publié dans Al-Ahram
Hebdo (numéro 602). Cet article a abordé le sujet des villas
et immeubles occupés par des écoles ou des administrations gouvernementales
et dont les loyers commerciaux, quoique sensiblement augmentés
à trois reprises depuis 1981, demeurent encore dérisoires. Cependant,
faute d’autre alternative, le gouvernement ne peut rétrocéder
ces lieux d’utilité publique. Pour résoudre ce problème, il
suffirait que les « commissions de réconciliation » décrètent
une augmentation équitable de ces loyers en fonction du niveau
de vie. Notre patrimoine immobilier croule faute d’entretien
et il n’est point question d’aborder sa maintenance tant que
le prix d’un robinet demeure supérieur à la location mensuelle
d’un appartement luxueux. Qu’en est-il aussi des logements non
utilisés, dont les locataires exigent des sommes abusives pour
s’en désister ? Une hausse adéquate des loyers d’habitation,
gelés depuis 50 ans, contraindrait ces tenanciers à réduire
les revendications de leur mainmise, et du coup deux millions
d’adolescents trouveraient un gîte à leurs languissants projets
d’union.
L’Etat s’intéresse
aux citoyens à revenu limité, mais qu’en est-il des citoyens
à revenu injustement limité ? Si la reconnaissance de leur droit
fait encore défaut, que leur sort soit promptement résolu par
justice ou du moins par compassion.
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Raouf Hakim,
Le Caire. |
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Le jeu
de la mort |
De tout temps,
les préadolescents et les adolescents ont recherché des sensations
nouvelles et des expériences fortes, repoussant leurs limites
jusqu'à l'extrême, mettant en danger leur vie, sans vraiment vouloir
le désirer.
Depuis longtemps,
les jeux dangereux sont aussi pratiqués dans les locaux scolaires
; ils ont de multiples noms : jeu du foulard, de la tomate, de
la bouteille, du coma indien, de la mort subite, soit 90 jeux
aujourd'hui.
Il s'agit de véritables
conduites additives, réalisées d'abord en groupe, sorte d'initiation
et de reconnaissance de l'enfant par ses pairs pour être admis
parmi eux, mais malheureusement quelquefois reproduites lorsque
l'enfant est seul et sans le garde-fou des copains. Tous ces jeux
ont un point commun, la survenue d'un malaise par hypoxie cérébrale,
sans en mesurer toutes les conséquences possibles, notamment des
séquelles dues à cette privation d'oxygène cérébrale plus ou moins
prolongée.
Au moins deux cents
préadolescents et adolescents en sont décédés dans notre pays.
L'association SOS
BENJAMIN-ONECR, des professionnels de l'enfance, de l'éducation,
de la sécurité civile et des magistrats se sont mobilisés pour
informer sur ce problème de santé publique et prévenir ces risques
majeurs.
Nous apportons tout
notre soutien à la famille de ce jeune de 21 ans victime du «
jeu de la mort », et nous voudrions apporter nos outils de prévention
dans votre pays pour vous aider à « stopper ce fléau ». Notre
association apporte réconfort et soutien aux familles.
C'est pourquoi nous
vous demandons de bien vouloir nous inscrire dans votre plan de
prévention et de promotion à la santé ; nous avons des outils
essentiels, vidéoclips, affiches, plaquettes, nous faisons des
débats, conférences et de la prévention en milieu scolaire pour
endiguer ce fléau. |
Magali Duwelz,
présidente-fondatrice
del’association SOS
BENJAMIN-ONECR.
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NDLR
Al-Ahram Hebdo pourra
se charger d'établir les contacts avec les différentes institutions
concernées etcontribuer à la campagne qui serait menée en Egypte,
ce qui permettra de sauver des vies. |
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