L’organisme
national de coordination urbaine qui dépend du ministère de la
Culture a achevé l’étude d’un projet pour le recensement et la
valorisation du patrimoine historique et culturel de la rue Qasr
Al-Nil, au centre-ville du Caire. Ce projet intervient dans le
cadre d’un autre plus grand visant à la résurrection de la
mémoire des rues historiques des grandes villes de l’Egypte et à
la valorisation de leur patrimoine qu’adopte le ministère de la
Culture représenté par l’Organisme national de la coordination
urbaine. « L’idée a germé en fait parce qu’on a commencé à
comprendre ces dernières années la valeur historique et
patrimoniale de ces rues, surtout celles du centre-ville du
Caire, qui témoignent de l’évolution et du développement des
différentes époques. Les rues historiques sont en fait une sorte
de miroir de la culture des villes », a affirmé à cette occasion
Farouk Hosni, le ministre de la Culture. La rue Qasr Al-Nil a
donc été choisie pour être la première où serait appliqué ce
grand projet. Pourquoi on a commencé par cette rue ? « Elle est
évidement l’une des plus anciennes du centre-ville et parce
qu’elle renferme encore bon nombre de constructions et de
bâtiments d’une élégance architecturale exceptionnelle, comme le
prouvent l’immeuble de l’Italian Insurance, à l’angle de la rue
Al-Chérifein, et le Cosmopolitan Hotel, plus au sud », explique
Soheir Zaki Hawas, professeur d’architecture à la faculté de
polytechnique de l’Université du Caire et vice-présidente de
l’Organisme national de la coordination urbaine. La rue renferme
évidement plusieurs constructions d’une valeur architecturale et
urbanistique : le style de ces bâtiments varie entre art-néo,
art-déco, néo-baroque et le classique. Ce sont en fait les
styles connus lors des deux siècles derniers.
De grands travaux qui feront beaucoup de
remue-ménage pour rendre à la rue son aspect d’antan. Cela
comprend l’évacuation des occupations intervenues sur ou entre
les bâtiments et dans les ruelles. « Les occupations dont se
rendent coupables des vendeurs sur les trottoirs seront ainsi
évacuées en coopération avec le gouvernorat du Caire. Il faut
aussi réétudier la circulation automobile dans l’artère
principale et la répartition des lieux de parking tout au long
de la rue », explique Samir Gharib, président de l’Organisme
national de la coordination urbaine. On pense aussi à
transformer quelques parties de la rue en zone piétonne, ce qui
permet d’admirer paisiblement les bâtiments du début du XXe
siècle. Les environs de la rue de la Bourse du Caire sont déjà
fermés à la circulation automobile.
Le projet comprend aussi la fortification des
éléments naturels de la rue, citons les arbres et les
différentes plantes. « Les arbres qui seront plantés devront
convenir à l’aspect architectural et historique de la rue.
L’éclairage de la rue sera aussi refait pour convenir avec les
autres éléments de la rue », souligne Samir Gharib. Des
banquettes seront fixées le long de la rue pour les personnes
âgées et les malades, ce qui transformera la rue en une zone de
promenade, de shopping et de plaisir. Tous ces travaux seront
exécutés sous la houlette de l’Organisme national de
coordination urbaine, qui dépend du ministère de la Culture, en
collaboration avec le gouvernorat du Caire et quelques
fondations de la société civile, du secteur privé et plusieurs
associations publiques spécialisées ...
Associer les habitants
La rue attend parallèlement une ambitieuse
opération de restauration de ses bâtiments historiques et
surtout la préservation du tissu social qui l’entoure.
Historiques ou pas, tous les édifices de la rue nécessitent un
traitement particulier. Il a fallu alors étudier minutieusement
quelques cas indépendamment. On pense même réutiliser quelques
bâtiments d’une manière appropriée au style initial.
Puisqu’il est très difficile de vider les
rues et les bâtiments de leurs habitants, l’organisme compte
donc faire intégrer les habitants dans ces travaux. « C’est une
méthode par laquelle on sensibilise les habitants pour
travailler avec nous afin de protéger le patrimoine urbain et
historique de la rue où ils habitent. On peut donc garantir la
préservation des constructions après leurs restaurations »,
explique Soheir Hawas. Une méthode donc qui vise plusieurs
objectifs, dont pousser les habitants à prendre soin de leur rue
et résoudre partiellement le problème du financement, car les
habitants peuvent participer aux travaux à leur compte s’ils
sont convaincus de l’importance du développement de la rue et la
préservation de son patrimoine historique. Si ce projet réussit,
l’expérience sera appliquée dans les autres rues historiques de
la capitale et de l’Egypte entière.
Un premier pas important a été fait. « On a
déjà terminé les études et les recherches concernant le projet.
Pour l’exécution, on attend l’acceptation du gouvernorat du
Caire. Le financement du projet devra provenir aussi du
gouvernorat », souligne Soheir Hawas, affirmant que l’exécution
des travaux ne prendra pas beaucoup de temps .
Amira Samir