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Football féminin .
L'Egypte organise, du 19 au
29 avril à Alexandrie, la première édition du Championnat arabe.
Un rendez-vous arabe de première
Pour
la première fois dans l'histoire de la discipline, les dames
arabes se réuniront pour disputer une compétition interarabe.
Après une grande période de lutte acharnée, la pionnière du
football féminin en Egypte, Sahar Al-Hawari, a finalement réussi
à organiser le Championnat arabe de football féminin. Du 19 au
29 avril, 7 pays arabes donneront cet élan sportif en disputant,
à Alexandrie, la première édition de cette compétition. Ces pays
sont la Tunisie, la Syrie, la Palestine, le Maroc, l'Algérie, le
Liban et l'Egypte. « Nous avons enfin réussi à organiser le
Championnat arabe. Cette compétition représente un grand pas
dans l'essor du foot féminin », déclare Sahar Al-Hawari,
responsable du foot féminin à la Fédération égyptienne.
C'est grâce à elle qu'une sélection nationale
a pu voir le jour ; c'était en 1999. Depuis, l'équipe s'acharne
à prendre sa place dans le sport égyptien.
Le Championnat arabe représentera donc une
occasion pour développer ce sport en Egypte. « Après
l'engouement provoqué par la Coupe d'Afrique des Nations (CAN)
qui a eu lieu en Egypte au début de l'année, les filles
commencent à accorder de l'intérêt à cette discipline,
contrairement au passé. Je crois que le Championnat arabe
encouragera davantage les filles à pratiquer ce sport et cela en
observant leurs homologues évoluer », souligne Mohamad Kamal,
entraîneur de la sélection nationale.
Les responsables de cette discipline ont
d'abord tenté d'encourager les jeunes filles à pratiquer le
football. La mission était difficile dans une société
traditionaliste qui considère le foot comme un domaine
exclusivement réservé aux hommes. Il était donc plutôt étrange
de voir des filles disputer un match au stade. Sahar Al-Hawari a
bâti, en 1999, une formation nationale solide avant de
bénéficier d'un championnat national, en 2001. L'Egypte a
organisé son premier championnat national composé de 8 équipes.
Aujourd'hui, le nombre des clubs qui pratiquent le foot féminin
est en constante progression. L'Egypte possède 11 équipes de
première division (D1) et 8 de deuxième division (D2). « Le
Championnat arabe va permettre l'envol du foot féminin. Grâce à
cette compétition, les médias ont commencé à s'intéresser à nous,
ce qui donnera à la discipline plus de popularité », confie
Nihal Chalabi, défenseur de l'équipe nationale.
Reconnaissance qui arrive avec la maturité à
laquelle la sélection égyptienne est arrivée. Auparavant,
l'équipe était composée uniquement de très jeunes joueuses sans
aucune expérience telles Amani Rachad, Marwa Al-Hawad, Dina Al-Cheikh
et Chérine Abdel-Aziz. Ces jeunes footballeuses ont acquis de
l'expérience ces dernières années et elles sont soutenues par de
nouvelles figures telles Nihal Chalabi et Névine Gamal. Pour
préparer la compétition arabe, les Egyptiennes ont disputé deux
matchs amicaux face à l'équipe allemande TSV Ludwigsburg. Le
premier s'est achevé sur un score nul de 1-1, et le second s'est
soldé par la victoire de l'Egypte 2-1. « Ces matchs ont
constitué la dernière étape de notre préparation pour le
Championnat arabe. C'étaient des matchs très forts et d'un très
bon niveau. C'est la première fois que nous disputons un tel
nombre de matchs en l'espace d'un mois, pendant lequel notre
niveau s'est nettement amélioré. Après le second match contre
l'équipe allemande, nous avons acquis plus de confiance »,
annonce fièrement Nihal Chalabi.
Bien que l'Egypte figure parmi les premiers
pays arabes à pratiquer le foot féminin, la concurrence pour le
titre arabe sera féroce en présence des pays de l'Afrique du
Nord. L'équipe algérienne possède 6 joueuses professionnelles en
France (2 à Marseille, 2 à Nice et 2 à Lyon). La Tunisie compte
2 joueuses professionnelles en Italie, et le Maroc 3
professionnelles en Belgique. Ces pays sont en effet parvenus à
un niveau bien supérieur au niveau égyptien. L'Egypte n'a
toujours pas réussi à se qualifier pour la CAN, alors que le
foot féminin a connu un grand essor en Afrique. Par exemple, le
Ghana s'est qualifié pour les quarts de finale de la Coupe du
monde de 2003. « Les Africaines représentent de grands
concurrents. Notre objectif est de remporter le Championnat
arabe qui aura lieu chez nous. Ce qui pourra constituer un grand
pas pour le foot féminin », affirme Mohamad Kamal.
Doaa Badr |
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« Les joueuses égyptiennes ont un potentiel extraordinaire »
Tina
Theune-Meyer, ancien
directeur technique de la sélection allemande avec laquelle elle
a remporté la Coupe du monde 2003 et 3 éditions du Championnat
d'Europe des nations, a effectué une visite en Egypte. Entretien.
Al-Ahram Hebdo : Dans quel cadre intervient
votre visite en Egypte ?
Tina Theune-Meyer : J'ai
effectué un entraînement commun avec les filles égyptiennes et
allemandes au club Cairo AC Milan. De plus, j'ai assisté aux 2
matchs amicaux de la sélection égyptienne face au club allemand
TSV Ludwigsburg. Cette visite vient dans le cadre de la
promotion organisée pour la Coupe du monde 2006, qui se
déroulera en Allemagne.
— Que pensez-vous du niveau du football
féminin en Egypte ?
— Après avoir vu les joueuses égyptiennes, j'ai l'impression
que l'Egypte est sur la bonne voie. L'organisation de la
première édition du Championnat arabe est la preuve du grand
développement du foot féminin en Egypte. En observant les
joueuses égyptiennes, j'ai constaté qu'elles sont très
talentueuses. Elles bénéficient d'un potentiel extraordinaire et
éprouvent un grand amour pour le football.
— Quels sont les obstacles qui représentent
un handicap pour l'essor du foot féminin ?
— Le moral est primordial, ainsi que la volonté de
construire quelque chose. Il faut ensuite les ressources
financières permettant d'installer des entraîneurs à tous les
niveaux. Il ne suffit pas de réunir les joueuses quelques
semaines et d'engager un entraîneur la veille d'une rencontre
préliminaire à la Coupe du monde. Chez nous, les joueuses
peuvent jouer avec les garçons jusqu'à un certain âge. Dans
certains pays, c'est pour le moment inimaginable. Elles n'ont
tout simplement aucune chance de rivaliser.
— Vous étiez la première femme à entraîner la
sélection allemande. Avez-vous rencontré des difficultés ?
— Lorsque j'ai commencé à pratiquer le football, j'ai
rencontré des difficultés pour convaincre le public. Puis
lorsque je suis devenue entraîneur de la sélection allemande,
cela a provoqué des controverses dans le pays. Mais après avoir
remporté la Coupe du monde en 2003 et le Championnat d'Europe
des nations en 1997, 2001 et 2005 avec l'équipe, l'idée d'avoir
une femme pour entraîner la sélection devient de plus en plus
acceptable.
— Aujourd'hui, l'Allemagne occupe la première
place du foot féminin mondial. Comment êtes-vous parvenues à ce
niveau ?
— L'Allemagne a commencé très tôt dans la discipline. C'est
dans les années 1970 que la première équipe allemande a été
fondée. A l'époque, il était difficile d'accepter l'idée de voir
des filles jouer au football. Après la retransmission en direct
des matchs de foot féminin en 1989, cette discipline a gagné en
popularité. L'organisation de la Coupe du monde en 1991 a joué
un grand rôle dans le développement de ce sport. Car après avoir
suivi les matchs à la télévision, les fans sont devenus plus
nombreux et la base des pratiquants s'est élargie, ce qui
améliore le niveau du sport. Cette présence au sommet nous
permet d'accumuler de l'expérience, de jouer régulièrement et de
former de nouveaux talents. Certaines rencontres préliminaires à
la Coupe du monde nous donnent également l'occasion d'intégrer
de jeunes joueuses.
— Qu'espérez-vous réaliser pour le foot
féminin à l'avenir ?
— Le foot féminin a besoin de devenir plus professionnel. Il
faut que les sponsors se dirigent vers la discipline pour que
les joueuses puissent gagner de l'argent en pratiquant le
football. |
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