Al-Ahram Hebdo, Arts | La vie dans tous ses sens
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 Semaine du 19 à 25 avril 2006, numéro 606

 

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Arts
Exposition . Peinture quasi charnelle et sculpture tragique voisinent dans une présentation très originale à la galerie Fonoun.

La vie dans tous ses sens

Peinture et sculpture ensemble dans la même exposition. Ce n'est sans doute pas inédit, mais le contraste reste frappant, et dans le cas de Fathi Afifi et Yéhia Mohallel, qui exposent dans la même galerie, la différence n'est guère source d'opposition mais d'altérité qui ne réduit en rien le plaisir esthétique. On est un peu comme dans un musée où l'on passe d'une époque à une autre, d'un genre à un autre, de quoi parfois rapprocher et trouver des dénominateurs communs entre des œuvres bien éloignées. De toute manière, c'est l'idée de la propriétaire de la galerie Fonoun, Fatma Al-Tanani, que d'essayer ces doubles expositions dans l'idée aussi de mettre un peu l'accent sur la sculpture qui semble moins connue ou fêtée que la peinture.

Avec le peintre Fathi Afifi, nous sommes en présence de son habituel sourire sur la vie qui se transforme parfois en clin d'œil. Avec une majorité de tableaux en noir et blanc (deux seulement sont en couleurs), il est dans sa thématique faite de volupté empreinte parfois de tristesse. Ses femmes, si l'on peut dire, sont omniprésentes, êtres de chair, des filles d'Eve telles qu'elles sont dans les quartiers populaires et dans l'imaginaire et les fantasmes des hommes. Réelles et aussi quasiment mythiques. Elles sont aux balcons et fenêtres. Elles s'épanouissent et s'ouvrent sur la vie tout en paraissant ainsi recluses. Mais ce n'est qu'illusion. Leur vie quotidienne est faite de liberté comme celle qui étend son linge et jetant sur autrui un regard triomphant. La féminité est portée à son paroxysme avec souvent des proportions quasiment gigantesques, de quoi nous rappeler le poème de Baudelaire La Géante : « Du temps que la nature en sa verve puissante Concevait chaque jour des enfants monstrueux, J'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante, Comme aux pieds d'une reine un chat voluptueux. (...) Parcourir à loisir ses magnifiques formes, Ramper sur le versant de ses genoux énormes, Et parfois en été, quand les soleils malsains, Lasse, la font s'étendre à travers la campagne, Dormir nonchalamment à l'ombre de ses seins, Comme un hameau paisible au pied d'une montagne ».

Fantaisiste comme impression ? Mais c'est un aspect d'autant plus significatif que les hommes que Fathi présente dans ses tableaux semblent parvenir d'un univers un peu rugueux où le sourire est rire. Tel cet homme lisant le journal se posant des interrogations mais semblant plein de réserves, une curiosité affaiblie par du conservatisme. Seule exception : l'homme au vélo. Il a garé sa bicyclette. On le voit de dos. Le tout suggère un questionnement un peu philosophique peut-être. Une vision de la vie. Celle des sculptures de Yéhia Mohallel est plus tragique, existentielle peut-être.

Une variation sur un thème prométhéen ? La souffrance se généralise avec ces hommes inclinés, se cachant le visage, courbés et même enchaînés. C'est le fardeau de l'existence qu'ils arrivent à peine à supporter. Douleur et conflit sont les mots d'ordre et les mains tendues semblent sortir du néant pour se rendre plutôt vers un exil ou de nouveau vers le néant. Les temps anciens suggérés et rappelant la mythologie grecque semblent chez Mohallel illustrer les drames de l'époque moderne. Prométhée reste toujours enchaîné.

Ahmed Loutfi

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Peintures de Fathi Afifi et sculptures de Yéhia Mohallel, à la galerie Fonoun. 14, rue Djeddah, Doqqi. Tél. : 338 02 98. Jusqu’au 27 avril, de 11h à 22h (sauf le vendredi).

 




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