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Liban. Le dialogue national entamé jeudi dernier doit se poursuivre jusqu'à la fin de la semaine. Des questions cruciales, tels la destitution de Lahoud et le désarmement du Hezbollah, et sur lesquelles un compromis semble difficile, sont au menu.

Le grand déballage

Un deuxième Taëf. C'est ainsi qu'a été surnommé le dialogue national qui se tient actuellement au Liban, et qui vise à sortir le pays de la crise dans laquelle il est plongé depuis l'assassinat de l'ex-premier ministre Rafiq Hariri, il y a un peu plus d'un an. Un dialogue qui revêt une importance cruciale au vu de la situation interne, d'autant plus que c'est la première fois depuis 1975 qu'un dialogue national s'engage sans parrainage international ou arabe. Cependant, si l'accord de Taëf, qui avait été signé en 1989 en Arabie saoudite sous l'égide d'un triumvirat arabe appuyé par la communauté internationale, avait permis aux Libanais de mettre fin à la guerre civile, cette fois-ci les divergences quant aux questions de la destitution du président Emile Lahoud ou encore celle du désarmement du Hezbollah montrent à quel point le fossé qui sépare les Libanais est profond. En effet, si les Libanais ont réussi en 1989 à s'accorder pour déposer les armes, 17 ans après, il reste encore de profondes séquelles qui prouvent que les divergences interlibanaises n'ont jamais réellement disparu. Cette fois-ci également, le pari est plus dur car les Libanais doivent confirmer qu'ils sont capables de s'en sortir tous seuls, alors que jusque-là, il a toujours été nécessaire qu'une ou plusieurs tierces parties interviennent.

Quatorze personnalités participent à ce dialogue organisé au Parlement à l'invitation du président de l'Assemblée, Nabih Berri, et chef du mouvement chiite Amal, proche de Damas, qui dirige les débats. Parmi elles, figurent le druze Walid Joumblatt, le sunnite Saad Hariri, les chrétiens maronites Michel Aoun et Samir Geagea, le chef du Hezbollah, le chiite Hassan Nasrallah, ainsi que le premier ministre Fouad Siniora.

Le dialogue a certes débuté dans un climat de relative détente, mais pour l'heure, la seule question sur laquelle un consensus a été trouvé est celle de la nécessité de faire la lumière sur l'assassinat de Hariri. Ainsi, grâce notamment à l'attitude conciliante du Hezbollah, il a été possible d'adopter à l'unanimité le principe de la constitution d'un tribunal à caractère international pour juger les coupables et l'extension de l'enquête aux autres assassinats politiques au Liban. Une certaine avancée puisque ces sujets avaient constitué en décembre 2005 un sujet de discorde au sein du gouvernement auquel participent le Hezbollah et Amal.

Mais ces progrès significatifs ne sont pas suffisants, car la question de l'enquête sur la mort de Hariri ne constitue certainement pas une ligne de clivage de la classe politique libanaise. D'autres sujets hautement sensibles restent en suspens. Nabih Berri, porte-parole de la conférence, a en effet reconnu en substance que les deux dossiers litigieux, la poursuite de l'application de la résolution 1 559 du Conseil de sécurité de l'Onu (qui comporte entre autres un appel au désarmement du Hezbollah), et les relations libano-syriennes faisaient l'objet d'âpres discussions entre les principaux leaders musulmans et chrétiens du pays. La majorité parlementaire estime que cette résolution stipule le départ du président Emile Lahoud, dont le mandat a été, selon elle, illégitimement prorogé de trois ans le 3 septembre 2004 par le Parlement libanais, alors contrôlé par la Syrie. La résolution 1 559 adoptée la veille de cet amendement avait en effet mis en garde contre le non respect de la Constitution libanaise, dont le texte initial interdit le renouvellement du mandat du président de la République. A ce sujet, la majorité parlementaire antisyrienne, menée par Saad Hariri, a estimé que les nouvelles dispositions du Hezbollah et d'Amal à discuter du sort du président Lahoud signifiaient que ces partis ne considèrent plus comme un tabou son maintien à la tête de l'Etat. Mais des sources proches du Hezbollah ont indiqué qu'il s'agissait d'une fausse interprétation. « Le fait que nous acceptions de dialoguer sur tous les sujets ne veut pas dire que nous nous sommes ralliés à ceux qui exigent le départ de M. Lahoud », a indiqué cette source. « Je ne me permettrais pas d'entraîner le Liban dans un saut dans l'inconnu en adoptant le point de vue de ceux pour qui la priorité est le départ du président Lahoud sans savoir à l'avance qui serait son successeur ni quelle sera son attitude envers la résistance (contre Israël) », a indiqué le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah.


« Casus belli »

Si le Hezbollah et Amal peuvent encore fléchir au sujet du départ de Lahoud, la question du désarmement du Hezbollah ne risque pas d'être résolue de sitôt. A ce sujet, les discussions se sont concentrées sur les moyens de récupérer le secteur controversé des fermes de Chebaa, le Hezbollah ayant fait de leur occupation par Israël un « casus belli ». Car pour le parti chiite, l'occupation par Israël des fermes de Chebaa constitue un motif pour poursuivre la résistance et donc ne pas se désarmer. Le Hezbollah affirme en outre que l'option de la résistance armée est susceptible de renforcer la position du Liban, soulignant que c'est grâce à son action qu'Israël s'est retiré du Sud-Liban, 22 ans après l'adoption de la résolution 425 qui exigeait son retrait immédiat.

De leur côté, les chefs sunnite et druze, Saad Hariri et Walid Joumblatt, et leurs alliés chrétiens donnent leur préférence aux moyens diplomatiques, mais soulignent que cela exige une reconnaissance syrienne devant l'Onu de la libanité de ces fermes et un tracé définitif des frontières entre le Liban et la Syrie.

Autre sujet délicat : les relations libano-syriennes. Les partis chiites sont pour la dissociation entre ces relations et le cours de l'enquête sur l'assassinat de Rafiq Hariri, mais la majorité parlementaire accuse la Syrie d'être derrière les assassinats politiques et de continuer à déstabiliser le Liban et exige des garanties sur un changement de comportement.

Autant de questions hautement sensibles qu'il faudra régler en un temps record. Si les participants au dialogue national y parviennent, les décisions de la conférence « seront considérées comme des annexes au accords interlibanais de Taëf », comme l'a indiqué Nabih Berri, et un nouvel accord interlibanais « servira de base à la reprise d'une initiative arabe » qui vise à régler les contentieux entre le Liban et la Syrie. Sinon, les pires scénarios sont envisageables

Abir Taleb
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