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Hamas et la nouvelle donne
Hassan Abou-Taleb
Directeur de rédaction des Dossiers stratégiques

Depuis la large victoire du Hamas aux législatives, les interrogations et les défis n’ont cessé de se multiplier devant les leaders du mouvement sur la capacité de ce dernier à adapter sa politique et ses engagements à la nouvelle donne.

C’est une impasse dans laquelle non seulement le Hamas se trouve coincé, mais également toutes les parties concernées par la stabilité et la réactivation du processus de paix sur toute l’étendue régionale. Les solutions proposées partent dans trois directions majeures. La première est celle d’un refus catégorique de traiter avec le mouvement s’il ne change pas complètement de peau. La seconde estime que le dialogue politique avec le mouvement est bénéfique à plusieurs niveaux. Ceci aiderait le mouvement à s’adapter aux données de la nouvelle situation en évitant le plus possible les tensions palestiniennes et israéliennes. Quant à la troisième tendance, elle voit que la solution réside dans l’insistance du mouvement à refuser les pressions extérieures et en contrepartie, ceci engendrera une escalade israélienne et américaine de l’embargo qui encercle le Hamas.

En réalité, l’adoption du principe du dialogue politique avec les leaders du mouvement pour parvenir à une évaluation correcte de la situation interne et externe serait considérée comme une sorte de réalisme politique et un respect du choix du peuple palestinien. Outre cela, ce serait en quelque sorte tendre la main au mouvement pour l’aider à assumer la responsabilité et la destinée de tout un peuple. Cette orientation se limite à quelques pays seulement, dont l’Egypte, la Jordanie et la Russie. Alors qu’il semble que la France reste incapable de se démarquer de la position européenne exerçant une pression sur le Hamas et l’appelant à se plier totalement aux conditions israéliennes. Paris, de son côté, semble avoir compris la portée de l’appel russe aux leaders du Hamas et, auparavant, les réunions du mouvement dans un nombre de pays arabes. D’autant plus que le président russe a qualifié cet appel de tentative d’aider le Hamas à améliorer ses relations avec la communauté internationale et à renoncer à sa position refusant de reconnaître Israël. La France a considéré que cette manière d’agir était au profit de la position européenne, même si la méthode utilisée était différente.

Le mouvement, de son côté, n’a pas cessé, par l’intermédiaire de beaucoup de ses leaders, de répéter qu’il était totalement conscient de ce que signifiait sa nouvelle position. Il est vrai qu’il ne renoncera pas au principe de la résistance et ne déposera pas ses armes facilement, mais il a laissé entendre qu’il regardait avec réalisme les conjonctures qui l’entourent. Cependant, le Hamas aura le droit de revendiquer l’amélioration des traités de manière à les adapter aux droits légitimes du peuple palestinien à l’indépendance et à la liberté. Conformément à Moussa Abou-Marzouq, vice-président de l’aile politique du mouvement, le fait de considérer Israël comme un fait accompli est chose possible, mais il est nécessaire et vital de considérer l’occupation comme un fait accompli sans lui conférer une quelconque légitimité, pour reprendre les propos d’Ismaïl Haniyeh, candidat au poste de premier ministre.

Dans ce même esprit de flexibilité, les déclarations s’attaquent à la nécessité de réactiver les clauses de l’accord du Caire signé en mars 2005, entre autres celle de membership du Hamas à l’OLP qui reconnaît Israël et qui détient toujours le droit de négocier avec lui. Ce qui pourrait résoudre la problématique du mouvement au niveau de la reconnaissance directe d’Israël.

Il est alors évident que toutes les déclarations claires faites par les dirigeants du Hamas laissent prévoir une sorte de flexibilité politique et de disposition à s’adapter à certaines données. A condition que ceci se répercute concrètement sur les droits du peuple palestinien et son aspiration à se libérer et à créer son Etat indépendant.

En contrepartie de cette flexibilité qui s’accroît de toute évidence vient la position israélienne refusant avec force tout ce qui est lié au Hamas et à son droit à former le gouvernement, comme le dictent les principes démocratiques. Israël va encore plus loin et établit des plans pour encercler le peuple palestinien davantage financièrement, économiquement et humainement. Un rejet qui trouve ses racines dans les calculs des élections législatives de mars prochain qui reposent fondamentalement sur des surenchères sur celui qui pourra asséner davantage de coups, d’humiliation et d’injures aux Palestiniens et ce, que le Hamas forme le gouvernement ou non. D’ailleurs, cette force israélienne émane de l’appui inconditionné de Washington, surtout que le Congrès a ratifié une législation interdisant tout financement direct à l’Autorité palestinienne au cas où le Hamas forme le nouveau gouvernement.

Dans ce contexte de pressions croissantes sur le Hamas et l’Autorité palestinienne, les tentatives visant à aider le Hamas à s’adapter à la nouvelle situation tournent autour de deux piliers essentiels. Premièrement, le Hamas est arrivé au pouvoir en vertu d’un appui et d’une délégation populaires que l’on ne peut guère suspecter, et donc le traitement avec le mouvement est un résultat logique pour toute personne respectant la volonté du peuple palestinien. Deuxièmement, le fait de se tenir aux côtés du Hamas dans sa nouvelle situation ne signifie pas nécessairement accepter toute sa vision vis-à-vis du conflit avec Israël. Mais voudrait plutôt dire le sensibiliser aux nouvelles données en changeant certaines convictions qui ne peuvent en aucun cas émaner d’une partie chargée de gérer et de défendre les affaires de tout un peuple qui vit des circonstances extrêmement complexes.

Ajoutons que la sagesse politique et la crainte des retombées négatives que peut engendrer le boycott du Hamas imposent aux différentes parties d’attirer ce dernier vers l’action politique et de le démarquer le plus possible de l’action militaire.

Tout ceci prouve que le Hamas dans sa nouvelle position ne sera jamais cet ancien pôle d’opposition qui rafle une popularité énorme en tirant profit des erreurs de l’autre ou en s’attachant à la résistance de l’autre côté, à l’honnêteté et à l’intégrité sans oublier la préservation des droits du peuple palestinien pauvre. C’est à partir de cette conviction que l’appel du président Moubarak et celui du président Poutine insistent sur la nécessité de donner au Hamas une chance propice pour qu’il puisse réarranger ses cartes conformément à la nouvelle situation politique. Tout en écartant tout ce qui tombe dans le cercle vicieux de la punition collective du peuple palestinien ou qui envoie de faux messages aux peuples arabes et islamiques à un moment où les sentiments de colère sont attirés plus que jamais contre des comportements bizarres. Le Hamas s’est engagé dans les élections palestiniennes en étant convaincu que toute époque a une démarche appropriée. Tel-Aviv et Washington doivent saisir cette opportunité historique s’ils sont attachés à la paix et à la stabilité au Proche-Orient.

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