C’est
le coton d’Egypte connu par son fil très long. La nouveauté,
c’est qu’il résiste aux insectes lépidoptères qui ravagent les
récoltes et causent de grosses pertes. Une fois la culture de
cette nouvelle variété généralisée, les paysans égyptiens n’auront
plus besoin d’utiliser les pesticides qui nuisent à l’environnement.
Il s’agit en fait des résultats d’un long parcours de recherches
réalisées par des experts égyptiens au sein du Centre égyptien
d’informations de la biotechnologie relevant du Centre de Recherches
Agricoles (CRA) au Caire. Ces résultats ont été publiés lors
d’une conférence internationale organisée au CRA les 8 et 9
février et assistée par de nombreux experts à l’échelle mondiale
en biotechnologie. Les recherches sur le coton égyptien, qui
ont commencé dès 2000, consistent à croiser deux variétés de
coton dont l’une est résistante aux insectes. Les expériences
ne se sont pas arrêtées à la première génération de ce croisement.
« Notre but clair était de diminuer autant que possible les
quantités de pesticides utilisés par le paysan lors de la culture
du coton afin de protéger la récolte, les gens et l’environnement.
Nous avons eu recours à la biotechnologie. Les variétés hybrides
que nous avons obtenues étaient à leur tour croisées avec les
variétés du coton égyptien pur. Le principe était d’obtenir
un coton à cent pour cent égyptien mais qui résisterait aux
insectes lépidoptères. Ces derniers ravagent l’espace cultivé
en coton et causent d’importants dégâts sur les plans économique
et environnemental », explique Gamal Haridi, jeune expert du
coton, un des responsables des étapes du projet.
La superficie cultivée en coton s’amenuise
d’année en année depuis le début de 1990, date de la libéralisation
agricole. Dans les années cinquante, la surface était de 2 millions
de feddans. Elle est passée à 774 000 feddans dans les années
1990. Entre 2000 et 2002, la superficie cultivée a subi une
chute brutale, dépassant à peine les 500 000 feddans. « Actuellement,
la surface cultivée est estimée à 650 000 feddans. Par la suite,
la production du coton a connu une chute considérable au point
que l’Egypte importe des variétés de coton au fil court pour
la consommation locale », assure Hussein Yéhia, secrétaire général
du Conseil du coton et ancien directeur de l’Institut de recherches
cotonnières, relevant du ministère de l’Agriculture.
Sans oublier que l’industrie du textile représente
30,8 % de la production industrielle du pays et 25 % des exportations.
Et elle absorbe 30 % de la force de travail du secteur industriel.
Le gouvernement planifiait d’étendre la superficie cultivée
à 766 140 feddans. Or, rien n’a été fait pour encourager les
cultivateurs. Le coton est très difficile à cultiver, et sa
culture comporte de grands risques sur les plans humain et environnemental.
De plus, il est beaucoup moins rentable que d’autres cultures
comme le riz, les légumes et les fruits. D’où l’intervention
de la biotechnologie pour résoudre le problème auquel fait face
le coton d’Egypte.
La nouvelle espèce biologique du coton épargne
beaucoup d’efforts aux paysans et assure une certaine sécurité
environnementale et humaine. Toutes les expériences faites ont
prouvé son efficacité à tuer les insectes lépidoptères sans
utiliser les pesticides. Elle a en effet été testée avec un
grand succès en Chine, en Inde et en Australie. « Ce qui nous
reste à obtenir, c’est l’autorisation du ministère de l’Agriculture
pour cultiver cette variété sur une vaste superficie durant
la prochaine étape qui s’étend de 2005 à 2007. Et ce, pour confirmer
la résistance de cette récolte amie de l’environnement », assure
Yéhia. Le ministre de l’Agriculture, Amine Abaza, suit de près
toutes ces recherches ; il était lui-même expert du coton avant
de prendre ses fonctions gouvernementales. Le rapport de cette
conférence lui a été soumis afin qu’il étudie la situation et
prenne une décision. « Le comité de la sécurité biologique,
composé d’experts de la santé, de l’environnement et de l’agriculture,
relevant du Centre de recherches agricoles, doit examiner la
nouvelle variété pour s’assurer de son efficacité économique
et environnementale. Et le coton hybride sera généralisé afin
de sauver le coton d’Egypte », conclut Ismaïl Abdel-Hamid, directeur
du Centre d’informations biotechnologiques.
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