Al-Ahram Hebdo,Invité | Boutros Boutros-Ghali, « Une culture favorable aux droits de l’homme est nécessaire pour avancer »
  Président Salah Al-Ghamry
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 6 au 13 décembre 2006, numéro 639

 

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Invité

Le président du Conseil national des droits de l’homme, Boutros Boutros-Ghali, fait le point sur cette instance qui aborde sa troisième année d’existence.

« Une culture favorable aux droits de l’homme est nécessaire pour avancer »

Al-Ahram Hebdo : Le projet d’amendement constitutionnel présenté par le Conseil national des droits de l’homme a suscité l’objection voire l’indignation du gouvernement. Comment expliquez-vous cette réaction officielle ?

Boutros Boutros-Ghali : Ces propos manquent de précision. Nous n’avons reçu à ce sujet aucun commentaire négatif de la part du gouvernement. Il s’agit plutôt de points de vue, d’opinions qui ont été publiés dans les journaux. Certains ont approuvé notre vision des choses, alors que d’autres l’ont critiquée. Ceci a probablement été le cas à cause de l’importance du sujet qui intéresse tout le pays, et il est normal dans pareils cas d’avoir une diversité d’opinions.

Quant à notre décision de participer aux débats sur la réforme constitutionnelle et d’y apporter une contribution, il me semble que c’est une décision tout à fait logique, d’autant plus que le conseil s’est basé sur ce que le président de la République a proposé dans son programme électoral. C’était donc normal pour un conseil concerné par les droits des citoyens de procéder à l’examen de certains articles de la Constitution, étant donné l’impossibilité de séparer les droits civiques et politiques des droits sociaux et économiques. C’est à cette fin que le conseil a formé un comité, auquel ont participé d’éminents professeurs de droit constitutionnel, pour se pencher sur ce dossier. Après dix mois d’études et de débats, les idées de ce comité ont été discutées au sein du conseil pendant six séances, après quoi des propositions d’amendements constitutionnels ont été communiquées aux instances concernées. Globalement, les articles dont on a proposé l’amendement sont ceux relatifs aux libertés civiles et politiques. C’est pour cela qu’en parlant de réaction officielle, je refuse donc les termes « indignation du gouvernement », surtout que même dans les cercles officiels la réforme constitutionnelle fait l’objet de débats.

— A quel point, selon vous, le Conseil national des droits de l’homme est-il indépendant ?

— Le conseil a adhéré cette année à la commission de coordination du Conseil international des droits de l’homme dépendant des Nations-Unies. Cela signifie que le Conseil égyptien remplit toutes les conditions et obéit à tous les critères requis pour l’adhésion des conseils nationaux homologues. Cette adhésion n’est acceptée qu’après une étude minutieuse de la loi constitutive du conseil, de sa charte intérieure, de ses activités et de son indépendance vis-à-vis du gouvernement.

— Comment peut-on considérer que le conseil est indépendant, alors que beaucoup de ses membres sont proches du gouvernement ?

— Ceci n’est qu’une allégation. L’examen de la composition du conseil démontre que ses membres sont largement indépendants du gouvernement. Chacun des membres a une histoire honorable dans la défense des libertés, une histoire qui leur garantit un comportement en harmonie avec leurs principes.

— Certains estiment que depuis sa création, le conseil n’a pas encore eu un effet palpable quant à l’avancement de la situation des droits de l’homme en Egypte ...

— Le conseil a tenu sa première réunion en février 2004 et sa structure n’a pris sa forme définitive que six mois plus tard. Ce qui revient à dire que son existence ne remonte qu’à 28 mois. Si l’on considère que pour obtenir un certificat d’études primaires, un élève a besoin d’accomplir 66 mois d’études, on ne peut qu’admirer le travail qu’il a accompli jusqu’ici. Le conseil a vécu un début très fort, en s’attaquant à des questions importantes comme la suppression de la loi d’urgence et la réforme du droit pénal, et en exerçant son droit de contrôler des élections présidentielles et législatives et de participer à la réforme constitutionnelle attendue. Tout cela a été mené en parallèle avec un important travail de terrain, comme la visite des prisons et des lieux de détention et le suivi des événements importants sur la scène locale comme le mécontentement des réfugiés soudanais, les accidents de transports (trains, ferry ...). D’autre part, le conseil a accordé une importance spéciale à la réforme des programmes scolaires pour qu’ils soient plus adaptés aux principes des droits de l’homme.

— De manière générale quelle est votre évaluation des conditions des droits de l’homme en Egypte ?

— Au même titre que la démocratie, les droits de l’homme représentent un processus continu qui demande beaucoup de temps. Aussi, pour faire avancer les choses, faut-il se baser sur une atmosphère saine qui aide à promouvoir une culture favorable aux droits de l’homme. Parce que le respect de ces derniers ne peut se réaliser pleinement à travers les lois, c’est toute une culture. Comme je viens de le dire, le conseil s’intéresse à éliminer des programmes scolaires tout ce qui est contraire à la culture des droits de l’homme, aussi existe-t-il une coopération avec les médias, notamment la radio et la télévision pour diffuser cette culture. Le conseil entend également fournir une formation aux maires des petits villages pour qu’ils nous aident dans notre mission.

— Comment répondez-vous à ceux qui nient au conseil le droit de se mêler à des questions d’ordre politique ?

— D’après sa loi constitutive, le Conseil national des droits de l’homme, comme son nom l’indique, est concerné par la promotion et la protection des droits de l’homme, ainsi que par la sensibilisation des citoyens à l’exercice de ces droits. Ces dispositions claires affirment sans ambages le droit du conseil de participer à ce genre de questions, un droit qui d’ailleurs est garanti à chaque citoyen. La Constitution donne le droit à chaque citoyen d’exprimer son avis, et nous respectons tous les points de vue dans le cadre de notre respect de « l’autre ».

— Les droits de l’homme en Egypte souffrent de plusieurs violations, notamment en ce qui concerne les conditions de détention, l’agression physique des prisonniers et la pratique de la torture ... Ne pensez-vous pas que c’est un indice que le Conseil des droits de l’homme n’assume pas ses responsabilités ?

— Comme je viens de le dire, le conseil n’est qu’à ses débuts, le problème réside en partie dans l’absence de la culture des droits de l’homme, il nous faut unir nos efforts aux niveaux de la culture, de l’enseignement et de la législation tout en réalisant qu’il faut donner du temps au temps. Ceci dit, le conseil a organisé depuis sa création d’ateliers de travail avec les responsables des ministères de l’Intérieur et de la Justice pour discuter des conditions de détention et du traitement des prisonniers. Des violations existent certes, mais les témoignages mêmes des prisonniers, collectés par le conseil, indiquent une amélioration relative de leurs conditions et de leur traitement par les policiers. Nous entendons accorder plus d’efforts dans l’avenir à ces questions.

— Quelles sont les plaintes adressées le plus fréquemment au conseil de la part des citoyens ?

— Ce sont les plaintes relatives à la vie quotidienne, sans exclure les problèmes conjugaux ou de voisinage. Il y a aussi les plaintes relatives à la torture et au mauvais traitement des prisonniers. Enfin, certaines plaintes concernent le licenciement sans cause ou encore le manque de services médicaux. Le conseil prend toutes les plaintes au sérieux. Quant à celles qui dépassent ses compétences, elles sont renvoyées aux instances concernées.

— Qu’est-ce que vous pensez du récent amendement de la loi sur la détention préventive ?

— Un comité législatif formé par le conseil a étudié minutieusement l’ancienne loi avant de proposer un nouveau texte. Nous avons été ravis de constater que la nouvelle loi adoptée comprend 80 % des réformes proposées par le conseil. A mon avis, la nouvelle loi représente un pas en avant sur le chemin des amendements législatifs nécessaires pour renforcer les droits civils et politiques.

Magda Barsoum

 




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