En remplaçant son secrétaire à la Défense et en affirmant la
nécessité d’une « nouvelle perspective », le président
américain George W. Bush a créé les conditions d’un
changement de politique en Iraq, après des mois de
résistance. La défaite du Parti républicain, qui a perdu le
contrôle de la Chambre des représentants et du Sénat, marque
ainsi l’échec de la stratégie présidentielle qui consistait
à lier le dossier iraqien à la « guerre contre le terrorisme
» et au réseau d’Al-Qaëda.
Après avoir défendu pendant des mois son
secrétaire à la Défense contre les appels à la démission, M.
Bush a fait payer à Donald Rumsfeld, l’un des principaux
architectes de la guerre en Iraq, le prix le plus lourd de
la défaite des Républicains aux élections parlementaires du
7 novembre. Ce scrutin était devenu un référendum sur le
bilan du gouvernement Bush, notamment sur sa gestion de la
guerre en Iraq, de plus en plus impopulaire. Plus de 2 800
soldats américains y sont morts depuis l’invasion
controversée de mars 2003.
En remplaçant Rumsfeld par Bob Gates au
lendemain d’une cuisante défaite électorale, M. Bush a
substitué celui qui incarnait l’inflexibilité dans la
conduite de la guerre et l’impopularité du conflit par un
membre, pragmatique, d’un groupe de travail sur l’Iraq qui
devrait faire des recommandations pour tirer les Etats-Unis
d’affaire.
Le lendemain de la démission de M.
Rumsfeld, M. Bush s’est dit « ouvert à toutes les idées et
toutes les propositions » sur l’Iraq. Il a qualifié son
nouveau secrétaire à la Défense « d’agent du changement ».
M. Bush parle désormais de « nouvelle perspective » et
affirme sa volonté de travailler avec la commission
Baker-Hamilton sur l’Iraq, qu’il a rencontrée lundi.
Créé en mars dernier pour aider à
redéfinir la politique menée en Iraq, ce groupe d’études sur
l’Iraq, conduit par l’ancien secrétaire d’Etat James Baker
et l’ancien parlementaire démocrate Lee Hamilton, devrait
présenter ses conclusions d’ici la fin de l’année, ou au
début 2007. Parmi les recommandations les plus
spectaculaires que pourrait faire ce groupe, figurent un
retrait graduel des troupes américaines et la reprise d’un
dialogue avec les voisins iranien et syrien de l’Iraq. La
Maison Blanche a été réticente à endosser son travail. Mais
ce dernier est de plus en plus apparu comme une planche de
salut par l’Administration Bush.