Pour la première fois, le président
américain George W. Bush a admis une analogie possible entre
la guerre en Iraq et la guerre au Vietnam, en déclarant que
l’on pouvait peut-être comparer les attaques actuelles de la
rébellion à l’offensive historique du Têt.
L’offensive du Têt, menée par le Vietcong
et l’armée nord-vietnamienne contre les troupes
sud-vietnamiennes et américaines à partir de janvier 1968,
s’est soldée par ce qui peut être considéré comme une lourde
défaite militaire pour les forces communistes. Mais elle
passe aussi pour une victoire psychologique considérable
pour elles et un tournant dans la guerre. La faculté des
forces communistes à monter une offensive d’une telle
ampleur a ruiné les espoirs d’une victoire rapide et
renforcé l’opposition à la guerre aux Etats-Unis.
Comme l’actuelle flambée de violence en
Iraq, l’offensive communiste a eu lieu sur fond de débat
électoral. Le président démocrate Lyndon Johnson, dont la
cote de popularité avait chuté avec l’offensive du Têt, a
renoncé à briguer sa propre succession avant la
présidentielle de 1968. L’Iraq est l’une des données
majeures des élections du renouvellement du Congrès, le 7
novembre. Avec la flambée de violences d’octobre, la
pression se renforce sur M. Bush pour changer de politique.
Elle vient de plus en plus de sa propre majorité
républicaine qui s’inquiète que l’Iraq ne cause sa perte aux
élections parlementaires, qui paraissent de plus en plus
périlleuses pour elle.
Soixante-quatorze soldats américains ont
été tués en Iraq depuis début octobre, un mois qui s’annonce
comme l’un des plus meurtriers pour l’armée américaine, qui
a perdu plus de 2 778 soldats depuis l’invasion de mars
2003. Un bilan particulièrement lourd dans ce pays où la
situation a été décrite par l’ancien secrétaire d’Etat
américain, James Baker, comme
« un sacré bazar ».
James Baker, qui préside une commission
spéciale sur l’Iraq créée par le Congrès avec le soutien de
l’Administration américaine, s’apprête à proposer des
changements majeurs dans la stratégie américaine en Iraq
d’ici au début 2007. Deux options ont été étudiées : un
retrait des troupes américaines par étapes, et la
participation de l’Iran et de la Syrie à un effort commun
pour stopper les combats. Une troisième possibilité est
prise en considération : concentrer tous les efforts sur la
stabilisation du pays, en oubliant l’objectif d’y établir
une démocratie.