Al-Ahram Hebdo, Visages | Cheikh Chaabane
  Président Salah Al-Ghamry
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 18 au 24 Octobre 2006, numéro 632

 

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Visages

Cheikh Chaabane est l’imam de la mosquée d’Al-Gamïya al-charïya, dans le centre du Caire. Son ouverture et sa tolérance font de lui, en ce mois de jeûne et de piété, une figure d’autant plus incontournable et appréciée du quartier.

La Dévotion au Cheikh

« Quand on reçoit un invité de marque, on le fait toujours de la manière la plus convenable qui soit, avec les règles de bienséance que cela exige. Que serait-ce alors, si cet hôte illustre était le Ramadan ? Nous devrions l’accueillir de la meilleure façon, comme le plus noble de tous les nobles. Comment ? En purifiant les lieux et les cœurs par le repentir, l’humilité, la tolérance, la charité et la réconciliation, loin de toute rancune, jalousie, vanité ou mensonge ». Une véritable ligne de conduite tracée par l’imam pour ce mois de jeûne et de piété. En ce qui le concerne, ce sont des principes de vie, qu’il applique à la lettre. Au grand bonheur de tout son entourage.

Le cheikh Chaabane est connu de tous dans la rue Chérif, au centre-ville du Caire. Une histoire vieille d’un quart de siècle le lie à cette rue. C’est même un amour réciproque qui mûrit de jour en jour, autant avec les musulmans que les chrétiens. Ce sont les commerçants qui lui sont le plus proches et le plus fidèles, notamment à la mosquée qu’il dirige au 23, rue Chérif. « Rien d’étonnant à cela, il est l’imam de la mosquée de ce quartier, qui présente la singularité d’être une rue très commerçante », atteste Magdi Sayed, propriétaire d’une entreprise de cuir, Magra Al-Nil, située dans cette rue.

Leur cheikh Chaabane se distingue de plus des autres imams alentour par un fait : il est aimé de tous. « Homme religieux par excellence, cheikh Chaabane est également une personne aimable et aimée de tous », confirme Mamdouh Sayed, propriétaire d’un magasin de sacs et chaussures à la rue Chérif. Et Taher, son employé, de renchérir : « C’est en premier lieu un homme de religion, bon et qui aime le monde et le bien des hommes. C’est une personnalité qui a du cœur, fidèle, qui ne connaît pas d’ennemi ». N’est-il pas porteur du Coran, du « Livre de Dieu » ? rajoutent-ils.

De taille moyenne, vêtu inlassablement de sa longue tunique blanche ou bleue toujours immaculée, avec la emma (turban) sur la tête, et portant des sandales plates et reposantes pour remédier à ses maux de jambes, il marche le long de la rue Chérif, saluant de part et d’autre les nombreuses personnes qu’il croise. Aux petits, comme Abdallah, 12 ans, qui travaille dans les alentours, il offre un bonbon, ses poches en sont d’ailleurs toujours pleines à leur intention. Et aux grands, il prêche la bonne parole, douce et réconfortante, avec ce sourire timide et charismatique qui le caractérise. « Une figure rayonnante de foi divine », remarque Magdi Sayed.

La mosquée qu’il dirige depuis 1982 en tant qu’imam et prédicateur, d’une superficie de 400 m2, est la propriété d’Al-Gamïya al-charïya lil améline li ehyaa al-sunna, une association à but non lucratif. « En 1982, ce n’était qu’une sorte de garage abandonné, raconte l’imam. Aujourd’hui, elle est rénovée, équipée. Le sol a été recouvert d’une belle moquette, un don du feu psychiatre le Dr Adel Sadeq, autrefois un fidèle de la mosquée ». Une sensation de quiétude et de sérénité envahit à l’entrée, et le lieu frappe aussi par sa netteté. Un coin bibliothèque est composé de toutes sortes de manuels religieux mis à la disposition des quêteurs de connaissances théologiques. L’entretien des lieux est « assuré par des hommes de bonne volonté, tels mes amis les Sayed et bien d’autres bénévoles qui offrent leurs services dans la joie. Chacun selon ses moyens, chacun à sa manière », dit-il.

L’important, à ses yeux, est de servir tous les fidèles venus faire leurs ablutions et leurs prières ou tout simplement se désaltérer. Mais sa porte est ouverte à toutes les religions. « Un modèle unique de tolérance pour cet homme respectable, simple et d’une politesse rare », témoigne Maurice Fahmi, propriétaire de l’établissement d’articles ménagers Robert House, avant d’ajouter : « Cheikh Chaabane est toujours présent quand il le faut et là où il faut, partageant nos joies et nos peines. Je n’oublierai jamais sa visite de condoléances lors du décès de ma mère. Ses paroles réconfortantes mettent du baume au cœur, un modèle de tolérance ». Rapports de bon voisinage, serait-on tenté de dire ? « A coup sûr, tranche le cheikh. Cela n’est il pas partie des recommandations du prophète Mohamad ? », fait-il remarquer.

Au-delà, sur le dialogue des religions, il est catégorique : « A vous votre religion ; à moi, ma religion ». Et de poursuivre : « Je suis pour la non-ingérence dans les affaires des autres religions. Nous les respectons toutes, ainsi que tous les prophètes, et aux autres de nous rendre la pareille ».

Ce sont ces qualités qui le distinguent. C’est en quelque sorte un homme du peuple, mais hors du commun. Il n’est porteur d’aucun titre officiel, d’aucune distinction ou honorification particulière. Pourtant, il porte tous les honneurs qu’il mérite. Tout simplement grâce à son amour des petites gens.

Né dans le quartier de Wayli en 1937, le cheikh Chaabane a vécu dans l’ambiance chaleureuse de sa famille, pauvre, mais riche de sa foi. Il a fait ses études dans le kottab (école coranique) de son oncle paternel à Wayli, là où il vit toujours. Tout petit, à cinq ans, il travaille déjà pour aider ses parents. « J’ai exercé tous les métiers : tisserand à l’usine des Choucha avant sa nationalisation, devenue Misr-Hélouan, puis électricien, bref de petits boulots pour aider mes parents qui étaient pauvres ».

Sa voie, il l’a tracée tout seul. Il est d’ailleurs fier d’avoir travaillé et poursuivi en même temps ses études théologiques à l’Institut de l’imamat, à la rue Al-Galaa, toujours dans le centre-ville du Caire. « Je suis un combattant depuis mon jeune âge », dit le cheikh avec un léger sourire. C’est aussi très jeune, à 18 ans, qu’il s’est marié. Aujourd’hui il est père de douze enfants : neuf filles et trois garçons. Tous sortis d’Al-Azhar et toutes les filles vite mariées. « Je voulais qu’elles soient casées, chacune avec son mari et ses enfants ». Précepte religieux ? Peut-être. En tout cas, pour le cheikh Chaabane, il n’y a qu’une définition de l’islam : « Al-Islam howa al-salam, (l’islam est la paix) ». Donc, il n’y a aucune place pour les fondamentalistes et autres terroristes. « Ce ne sont pas des musulmans, ils ont transgressé la loi divine et le Coran, dit-il d’un ton ferme, car l’adoration consiste à obéir à Dieu, durant le Ramadan plus que les autres jours ». Cette année, la maladie l’a obligé à être alité pendant trois longs mois. Aujourd’hui, il est remis comme il s’en remet toujours à Dieu dans sa vie simple mais rayonnante de joie, de contentement et d’amour de son prochain .

Mireille Bouabjian

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Jalons

5 novembre 1937 : Naissance au Caire.

1949 : Etudes dans le kottab du grand Wayli.

1958 : Enrôlé dans les forces aériennes.

1970 : Mariage de sa fille aînée Zeinab.

Avant 1982 : Tisserand à l’usine des fils de Wahba Choucha avant sa nationalisation (actuelle Misr-Hélouan).

Depuis 1982 : Imam de la mosquée d’Al-Gamïya al-charïya.

 

 




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