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 Semaine du 11 au 18 octobre 2006, numéro 631

 

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Préhistoire. Une équipe archéologique égyptienne vient de découvrir de nouveaux sites de cette ère, dans le gouvernorat de Suez, comprenant des traces humaines. Al-Réssis est le plus ancien de ceux-ci. Reportage.

 Sur les traces de l’homme préhistorique 

« L’homme de la préhistoire nous aide à découvrir son monde à travers les traces qu’il a laissées partout. C’est à nous de les décoder ». Khaled Saad, directeur du département de la préhistoire au Conseil Suprême des Antiquités (CSA), semble comblé avec la découverte de cinq nouveaux sites témoignant de la période préhistorique en Egypte. Ce sont, en fait, Wadi Donqol, Tell Al-Bossaïlat, Wadi Al-Dome, Al-Sélek, Awlad Abou-Seif et enfin Wadi Al-Réssis. Mais l’aventure la plus impressionnante et émouvante est celle de Wadi Al-Réssis ou la vallée d’Al-Réssis, étant la plus ancienne dans le temps, puisque les graffitis qui s’y trouvent remontent à plus de 52 000 ans avant notre ère et comprenant encore des indices archéologiques variés. Située à 110 km au sud de la ville de Suez, sur l’ancienne route Hélouan -Al-Aïn Al-Sokhna, Wadi Al-Réssis est en fait une vaste vallée « dont la superficie n’est pas encore entièrement déterminée. Elle serait de 45 km2 dans le désert », explique Noubi Mahmoud, directeur des antiquités à Suez et spécialiste de l’époque préhistorique. Pour lui, cette vallée est riche de graffitis uniques au monde entier. Pour arriver sur les lieux et contempler ces gravures rupestres, il faut prendre la route Al-Sokhna–Suez jusqu’au km 58. Ensuite, par le biais d’un 4X4, il faut traverser 35 km dans le désert, à l’ouest de la montagne. Une distance d’une demi-heure qui donne l’occasion d’admirer les différents aspects du désert égyptien dominé par des vagues jaunes sablonneuses. Ensuite, il restera encore deux kilomètres et demi à pied. « C’est difficile de faire entrer le moindre véhicule. Là, le chemin se rétrécit et le sol devient rocheux à cause des montagnes de grès répandues partout », affirme Noubi. Selon lui, cette difficulté a préservé la vallée des fréquentations. Certes, mais cette route a aussi compliqué la tâche aux missions archéologiques et il a fallu que les experts se servent d’un bédouin comme guide pour atteindre ce site archéologique.

La vallée d’Al-Réssis s’ouvre, en fait, sur une vaste dépression où s’accumulait, à cet âge reculé, l’eau des torrents qui descendait fréquemment sur le site. A l’époque, cette dépression « a été transformée en lac d’eau douce où poussaient des plantes dont se nourrissaient les animaux et où se sont rassemblées les premières communautés préhistoriques », explique l’inspecteur. Cette vallée se divise en deux sites essentiels : le premier est un petit terrain de quelques kilomètres qui suit la dépression ; quant au second, c’est une région rocheuse qui se compose d’une série de montagnes qui encerclent le premier. Cette dernière renferme plusieurs graffitis qui représentent toutes les espèces d’animaux désertiques. Anes, girafes, renards, béliers, chèvres, tigres ou guépards, chien ou chacal sont les héros de plusieurs scènes rupestres finement gravées sur les montagnes. « Ce sont les animaux que l’homme de cet âge reculé voyait pour les reproduire sur les parois des cavernes », souligne l’inspecteur Mahmoud Ragab. Par ailleurs, dans la vallée, sont répandues plusieurs scènes qui représentent des troupeaux complets de dromadaires. Le nombre important a fait pencher les spécialistes à dater cette vallée à l’époque de la domination du dromadaire, vers le moyen et le nouveau paléolithique.

Une estimation préliminaire de toutes. Cependant, « tous ces graffitis découverts seront soumis à l’étude scientifique et à la classification préhistoriques afin d’identifier leur époque », renchérit Khaled Saad.

 

Naissance des activités humaines

Al-Réssis, en effet, était, pendant ce temps reculé, un terrain fertile, fécond et très animé qui a donné naissance à plusieurs activités, dont la chasse, qui en était la plus fameuse par excellence. Cette activité est reflétée par une scène gravée sur une roche. Elle représente un homme qui court en tenant en main un outil de chasse primitif. Devant lui, un bison aux grosses cornes devancé d’un autre mammifère. Les deux bêtes sont poursuivies par le chien du chasseur qui aide son maître à attaquer sa proie.

A proximité de la scène de chasse se trouve l’un des plus importants graffitis aux yeux des experts préhistoriques. Ce dernier exprime la plus ancienne scène de combat entre deux hommes dans le monde entier. L’un est à dos de dromadaire tenant un bâton dans la main gauche. L’autre tient un long bâton à la main droite et un bouclier à la main gauche. Cette gravure propose aux spécialistes beaucoup d’interprétations. Les causes de la bataille sont infinies. Peut-être pour mettre les mains sur des lieux de pâturage, voire des zones fécondes. Probablement, elle symbolise une bataille acharnée entre deux groupes. Mais dans tous les cas, « c’est le vainqueur qui a voulu enregistrer sa victoire », conclut Saad.

Outre les graffitis, Al-Réssis renferme encore les vestiges d’une hutte cylindrique dont l’entrée est bien claire. Ce lieu, d’après Noubi Mahmoud, servait comme abri contre les changements climatiques et les attaques des animaux féroces. A cette époque lointaine, l’homme était en mouvement perpétuel à la recherche de sources d’eau douce et de conditions propices à la survie.

Qu’importe, la vallée d’Al-Réssis n’a livré que quelques-uns de ses secrets, y compris les premières tentatives de tracer des signes hiéroglyphiques. Les passionnés de la préhistoire estiment pouvoir dévoiler les richesses historiques de cette vallée afin d’esquisser un tableau de vie du premier homme et encore de situer les origines de la civilisation égyptienne .

Doaa Elhami

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Des gravures rupestres, témoins d’une vie

Moins spectaculaires que la vallée d’Al-Réssis, les autres sites demeurent d’excellents témoins de la préhistoire.

Wadi Donqol, Tell Al-Bossaïlat, Al-Dome, Al-Sélek et Awlad Abou-Seif sont toutes des régions préhistoriques situées sur la route du Canal de Suez-Zaafarana-Ras Ghareb. L’homme de cette époque reculée se déplaçait tout le long de la chaîne de montagnes de la mer Rouge qui renferment ces vallées. Au cours de ses déplacements d’un lieu à l’autre, l’homme de cet âge lointain a laissé beaucoup de vestiges et traces qui indiquent non seulement son existence, mais encore l’évolution de ses pensées au fil des jours.

La vallée de Donqol, à 85 km de la route Suez-Zaafarana, renferme 29 grottes que l’homme utilisait comme refuge contre les rigueurs du climat et les attaques des animaux féroces. Au pied de la montagne rocheuse « ont été trouvées des gravures rupestres d’animaux montagneux qui vivaient sur site à l’instar des girafes, des gazelles, des renards, des chats sauvages, etc. », affirme Noubi Mahmoud, directeur des antiquités à Suez. Pour lui, ce n’est pas l’unique indice de l’existence de l’homme sur le site. « On y a encore découvert les murs des maisons ou des tombes primitives », ajoute le directeur.

Vient ensuite le site de Tell Al-Bossaïlat, qui est à 5 km de la vallée de Donqol. Celui-ci fait partie de la vallée d’Al-Dome. Ce tell ne renferme en fait qu’une seule gravure rupestre qui représente un homme à dos de dromadaire. En dessous de cette scène est remarquée la figure d’un bison. Selon les experts, il paraît que ce lieu était une halte sur le chemin pendant un déplacement et que le voyageur préhistorique s’est servi de cet arrêt pour graver cette scène. « Peut-être l’homme de ce temps lointain a-t-il voulu inscrire, avec cette gravure, son passage sur ce lieu  », commente Khaled Saad, directeur du département de la préhistoire au Conseil Suprême des Antiquités (CSA).

Quant à la vallée d’Al-Dome, dont la nomination est attribuée aux palmiers doums qui se nourrissent d’une source de la nappe phréatique du site, elle renferme six graffitis qui décrivent les reptiles et les animaux désertiques. D’après ces gravures, « on a constaté l’évolution des dons artistiques de l’homme préhistorique. Les méthodes de dessins utilisées ont varié : parfois les représentations sont creuses, parfois elles sont fines ou colorées ...  », affirme Saad. Selon lui, l’évolution sur le plan architectural est assez claire dans cette vallée. Ceci est évident à travers les vestiges de deux maisons, dont l’une comprend un linteau à l’entrée et peut-être qu’elle était encore couverte d’un plafond, alors que la seconde se compose de trois murs construits. Quant au quatrième mur, ce n’est autre qu’un grand rocher que le constructeur préhistorique a exploité. La construction d’origine est intacte jusqu’aujourd’hui.

 

Difficultés infinies

Restent enfin les vallées d’Al-Sélek et d’Awlad Abou-Seif, dont les caractéristiques préhistoriques sont semblables aux précédentes. En dépit de la valeur exceptionnelle de ces sites, ils souffrent tous de beaucoup de problèmes. « Viennent, en premier, les investissements économiques et touristiques et encore les services de sécurité qui nous harcèlent pendant nos explorations scientifiques au sein de la montagne », se plaint Noubi Mahmoud. Autre problème majeur aux yeux des inspecteurs de Suez : leurs bureaux qui sont privés de tous les moyens de communication, même du téléphone. Les moyens de déplacement leur font aussi défaut. « Nous louons une voiture 4X4 pour atteindre le plus proche point du site voulu et continuer le reste du chemin à pied. Comment amener nos instruments d’arpentage et de restauration dans de telles conditions ? », se demande le directeur. Tous les sites mentionnés sont des zones vierges qui attendent des travaux archéologiques sérieux afin qu’ils livrent tous leurs secrets.

D. E.

 

 




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