Edito
Un Ramada à Bagdad Pour ce quatrième mois de
Ramadan de guerre en Iraq, les privations se sont accumulées, notamment à
Bagdad, épicentre des violences confessionnelles, où les habitants se risquent
de moins en moins à circuler d’un quartier à l’autre en raison de l’insécurité.
Premières privations, le couvre-feu nocturne imposé dans les grandes villes où
il n’y a que six heures d’électricité par jour au rythme d’une heure et demie
toutes les quatre heures. Le mois musulman sacré est de nouveau, cette année,
marqué par un pic de violence dans un pays ravagé par la guerre où, selon les
estimations des responsables iraqiens et de l’Onu, plus de cent personnes sont
tuées chaque jour.
En conséquence, le nombre de
familles devant abandonner leur domicile en raison de violences
intercommunautaires est en croissance rapide, avec au moins 240 000 personnes
déjà déplacées dans le pays. Le nombre des familles forcées à fuir, alors que
leur quartier devient le champ d’action de poseurs de bombes, miliciens ou
escadrons de la mort, a atteint 40 000, selon le ministère iraqien des
Migrations et des Déplacés. Ce chiffre est celui des familles déplacées qui se
sont enregistrées auprès du ministère, mais il pourrait, en réalité, être
beaucoup plus élevé. En comptant 6 personnes par famille, un chiffre retenu par
le gouvernement, ce sont donc au moins 240 000 personnes qui sont déplacées
dans le cadre des violences entre sunnites et chiites, déclenchées tout
particulièrement après la destruction d’un mausolée chiite, en février à
Samarra (125 km au nord de Bagdad).
La recrudescence de la violence
est accentuée par le pouvoir croissant des milices illégales en concurrence
avec les services de sécurité iraqiens. Bagdad, qui est déchiré par une guerre
entre des brigades de la mort rivales et des rebelles, se trouve sous la coupe
de milices chiites armées ayant des liens connus avec les principaux membres de
la coalition gouvernementale. Deux des principaux blocs parlementaires chiites,
celui du chef radical Moqtada Sadr, et celui du Conseil Suprême de la
Révolution Islamique en Iraq (CSRII), sont liés à des milices importantes. Le
bras armé du groupe Sadr, l’Armée du Mahdi, a souvent affronté la force
multinationale dans le passé, alors que certaines factions chiites sont en relation
avec des brigades de la mort qui enlèvent, assassinent ou torturent leurs
victimes. La pression des groupes chiites a aussi contraint certains groupes
sunnites à rejoindre des mouvements radicaux — tel qu’Al-Qaëda — qui ont
encouragé la haine entre les communautés avec des dizaines d’attentats et
d’explosions contre des civils et les forces de sécurité iraqiennes .
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