Mission doublement impossible
Les résultats de la tournée de Rice dans la région et les
risques d’une guerre civile palestinienne font la une de la
presse cette semaine.
Cette semaine, la presse déplore les combats entre les
factions palestiniennes et analyse la tournée de la secrétaire
d’Etat américaine Condoleezza Rice. « Le spectre d’une guerre
civile », « Les territoires palestiniens sombrent dans un
cycle de violence », « Grave détérioration de la sécurité dans
les territoires palestiniens », « Affrontements armés entre le
Fatah et le Hamas », « Attendons-nous une prochaine Intifada ?
», « La visite de Mademoiselle Condi ! », « Entre les Arabes
et le Hamas », « Rice tente de réactiver la conférence de
Madrid pour la paix », « », « », titre la presse sur ces deux
événements qui sont liés l’un à l’autre.
Très ferme, l’hebdomadaire Al-Moussawar publie en couverture
sur un fond fait d’une photo montrant les militants en armes :
« Le crime des frères ennemis palestiniens ! ».
L’écrivain Adel Hammouda définit, dans l’hebdomadaire Al-Fagr,
« le nouveau projet américain » comme étant « la paix en
échange des pourboires ! ». « Il est étonnant de remarquer que
la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, presse pour
l’établissement de l’Etat palestinien et opte de plus en plus
pour une force de sécurité arabe », souligne Hammouda.
« La Mission impossible de Rice ... celle d’enjoliver la
politique américaine », affirme de son côté Bilal Al-Hassan
dans le quotidien Al-Charq Al-Awssat. Selon Bilal, ce que fait
Rice n’est rien d’autre que « de la propagande pour des
produits avariés. (...) La politique américaine est contre la
région, et est destinée à protéger Israël et à affirmer son
hégémonie ». « Rice a voulu donner une illusion de réussite
américaine dans la région uniquement pour des buts électoraux
», affirme Bilal. Du même avis, Ismaïl Montasser affirme dans
l’hebdomadaire Octobar, que cette visite de Rice « n’a qu’un
seul but, celui des élections législatives américaines ».
Certains éditorialistes critiquent fortement le comportement
des leaders arabes. Comme Farouq Goweida, qui écrit sur un ton
affirmatif que « les Arabes ne sont plus maîtres de leur
décision, mais qu’il existe d’autres parties qui gèrent ces
décisions. Comment peut-on croire que Rice est venue jusqu’à
chez nous pour défendre les intérêts des Palestiniens, pour la
stabilité au Liban, et pour l’unité soudanaise ». « Bienvenue
Condi ! J’espère qu’un jour elle oubliera ses illusions sur la
démocratie et du grand Moyen-Orient », écrit l’éditorialiste
Karam Gabr, sur un ton ironique dans le quotidien Rose
Al-Youssef.
Sonnette d’alarme
dans les territoires
Sur le face-à-face Abbass et Hamas, l’écrivain palestinien
Amer Rached s’interroge dans le quotidien londonien Al-Hayat :
« Où est la vérité dans le conflit Abbass/Hamas ? Et pourquoi
une impossibilité d’entente entre les deux ? ». Rached
conseille toutes les factions et forces ainsi que des
personnalités palestiniennes de faire pression sur les deux
protagonistes. Nombreux sont ceux qui font craindre le pire.
Parmi eux, l’écrivain palestinien Rassem Al-Madhoune qui titre
dans Al-Hayat « Le spectre de la guerre civile sur la scène
palestinienne », où il demande au Hamas de choisir, car la
responsabilité historique impose au Hamas d’avoir une position
ferme, soit en acceptant avec les autres un programme
politique réaliste, soit alors de se retirer du gouvernement
et laisser la responsabilité aux autres.
Très pessimiste, Tareq Abbass évoque dans le quotidien
indépendant Al-Masri Al-Yom des Palestiniens pris entre «
victoire et suicide ».
« Si le Hamas ne veut pas changer sa position en refusant de
reconnaître Israël et les accords signés avec cet Etat, il
doit s’éloigner du processus politique pour permettre aux
autres parties palestiniennes de poursuivre la voie vers un
règlement », explique l’éditorial d’Al-Ahram. L’alarme est la
même dans la presse du Golfe qui met en garde contre une
guerre civile. « La situation intérieure palestinienne est
plus dangereuse que jamais. Les signes avant-coureurs de la
guerre civile sont plus pressants et présents après la
manifestation massive du mouvement Hamas », avertit le
quotidien saoudien Okaz, sous le titre « Guerre civile
palestinienne imminente ». Le quotidien saoudien appelle « les
sages de la nation arabe à intervenir rapidement et avec force
dans tous les sens pour empêcher la plus grande déflagration
». « Il n’est pas dans l’intérêt de la nation de voir les
Palestiniens entrer dans un affrontement sanglant et s’enliser
dans une guerre civile qui peut se déclencher à tout instant
et qui ne s’arrêterait pas de sitôt (...). Le plus douloureux,
c’est que la guerre civile est ce qu’Israël souhaite le plus
», conclut Okaz.
Le quotidien émirati Al-Bayan estime qu’« Israël souhaite le
déchirement sanglant du peuple palestinien par les
Palestiniens eux-mêmes ». « Il est nécessaire que les mains se
tendent pour se réconcilier et désamorcer la bombe de la
sédition qui vise à disloquer l’unité nationale palestinienne
», ajoute Al-Bayan.
Au Qatar, le quotidien Al-Charq estime que « les Palestiniens
qui se sont massés en grand nombre autour de M. Haniyeh
méritent d’être pris en compte » pour un règlement de la crise
politique. « Les masses, qui se sont rassemblées autour du
premier ministre de leur gouvernement élu, ont le droit d’être
prises en considération et de ne pas être ignorées », écrit
notamment le journal.
Hoda Ghali