Hebdomadaire égyptien en langue française en ligne chaque mercredi

Points de vue

La Une
L'événement
Le dossier
L'enquête
Nulle part ailleurs
L'invité
L'Egypte
Affaires
Finances
Le monde en bref
Points de vue
Commentaire
d'Ibrahim Nafie

Carrefour
de Mohamed Salmawy

Portrait
Littérature
Livres
Arts
Femmes
Société
Sport
Environnement
Escapades
Patrimoine
Loisirs
Echangez, écrivez
La vie mondaine
Pourquoi tuent-ils ?
Mohamed Al-Sayed Saïd
Vice-directeur du CEPS

Les Tueries se multiplient en Iraq, pendant qu’en Algérie, en Arabie saoudite et en Egypte, des attentats ne cessent d’être perpétrés. La question qui s’impose dans ce contexte et à laquelle on ne trouve aucune réponse raisonnable est la suivante : pourquoi cette tuerie ? Cette question a soulevé de nombreuses théories de conspiration, notamment lors de la vague sanglante d’attentats qui envahit l’Algérie depuis 1992 et qui n’a pas encore complètement disparu. Le simple fait qu’il existe de nombreuses théories contradictoires prouve qu’il n’existe aucune raison logique justifiant de tels actes de violences dénués d’objectifs politiques clairs. Citons à titre d’exemple les centaines de paysans démunis qui furent massacrés dans des villages en Algérie. Nul ne peut trouver de justification politique logique à de tels actes, car cette classe sociale (les paysans) constitue habituellement un outil efficace pour la mise en exécution des politiques extrémistes. Et, bien que dans la plupart de ces attentats les paysans victimes n’aient eu aucune tendance ni vision politique déterminée, ils se sont fait égorger. De tels actes criminels ont empêché les spécialistes et les analystes d’essayer de comprendre les états d’âme de leurs protagonistes. Certains pensent que les hauts responsables ordonnent ces crimes afin de s’accaparer des terres. Des interprétations populaires qui ont fait couler beaucoup d’encre en Algérie au cours des années 1990. Cependant, de nombreux indices prouvent que ces interprétations sont complètement erronées. La vague d’attentats revendiquée par le groupe Al-Zarqawi qui touche l’Iraq depuis 2003 met en accusation la « Djamaa islamique » d’Algérie qui lui ressemble sous tous les angles. A vrai dire, le groupe Al-Zarqawi ainsi que d’autres groupes terroristes commettent des attentats contre les pauvres et les démunis dans les rues, dans les mosquées, lors des festivités religieuses chiites, etc. Il est difficile de comprendre les raisons de tels actes, que ce soit en Algérie, en Iraq, en Arabie saoudite ou même en Egypte. Dans ce dernier cas, nous avons interprété l’explosion de l’hôtel de Taba, en automne dernier, comme étant un attentat contre un lieu fréquenté par les Israéliens. Quant au carnage de Louqsor en 1997 ou le dernier attentat de Khan Al-Khalili, aucune raison logique ne peut leur être attribuée. De nombreux Egyptiens innocents et n’ayant aucun rapport avec la politique ont été victimes. Quant à l’Iraq, le massacre y est intentionnel, qu’il soit raisonnable ou non. Si nous supposons que ces groupes criminels vouent une haine aux chiites, les génocides, aussi cruels soient-ils, ne peuvent anéantir personne ... Le terrorisme n’a jamais pu réaliser un résultat ayant porté ses fruits. Un résultat concret.

Mais si nous supposons que l’objectif est d’attiser le feu d’une guerre civile, le nombre de victimes sunnites dépassera de loin celui des chiites. Autrement dit, la guerre civile ne peut pas être profitable même pour des criminels. Reste une dernière théorie, celle de la tuerie pour la tuerie. Celle-ci est prouvée par des attentats comme ceux de Louqsor et de Khan Al-Khalili qui ne détruiront certainement pas les sociétés occidentales ou asiatiques où vivent les touristes. Quant à l’interprétation selon laquelle l’objectif est de combattre l’Etat en portant atteinte au tourisme, source de corruption selon les assassins, cette vision n’est certainement pas admissible pour justifier des événements tels ceux du 11 septembre, les génocides contre les chiites en Iraq ou même contre les étrangers en Arabie saoudite.

Nombreux sont les génocides, et nombreuses sont leurs victimes. Il existe certainement une signification d’ordre psychologique derrière de tels actes criminels. Une chose est sûre, ces assassins finiront par perdre leurs dirigeants et ne réaliseront jamais d’objectif politique.

Bref, il n’existe aucune réponse, d’un point de vue purement psychologique, à la question : « Pourquoi tuent-ils ? ». Nous pouvons seulement attribuer l’état psychologique dans lequel se trouvent les auteurs de ces actes à une phase historique durant laquelle, pleins de haine, ils ont perdu leur attachement à la vie et se sont engagés dans des combats sans espoir. Lorsque la haine atteint les gens, leur faisant perdre la raison, les accusations envers les dirigeants sont le premier indice d’un début de malaise. Cet état se transforme progressivement en une haine qui augmente avec le temps pour se transformer en un désir de faire disparaître les accusés, à travers le meurtre s’il le faut. Mais avec le temps, la liste d’accusés s’élargit et l’intérêt des acteurs se détourne des responsables pour se focaliser sur l’acte même, à savoir le meurtre. D’où la naissance de la théorie du meurtre pour le meurtre. Dans ce contexte où les assassins sont prêts à se sacrifier, le massacre du plus grand nombre de gens devient un objectif en soi. N’oublions pas que cette névrose commence par un sentiment aigu d’injustice infligé à une personne incapable de se défendre. Cette haine se développe ensuite pour se transformer en un désir de vengeance qui attire de nombreux adeptes. Ces derniers recourent à la religion et interprètent à leur gré des versets du Coran pour justifier leurs sentiments. C’est ainsi que se brise le « tabou » du meurtre qui se transforme d’un objectif prohibé en une fin « noble » et la manie devient un dogme. Cette maladie atteint en premier lieu la classe ayant le plus souffert de l’injustice. Bref, la définition de cette maladie est la suivante : une rancune violente qui ne peut pas être assimilée par le cerveau ni supportée par l’âme et qui mène par la suite à l’effondrement de toute logique.

Cependant, la psychologie et les états d’âme ne sont pas suffisants pour justifier les génocides. A vrai dire, la réponse à la question « Pourquoi tuent-ils ? » existe uniquement dans les tréfonds d’une horrible logique. Le vice ronge en effet le « cerveau » plutôt que « l’âme ». De tels actes ont pris naissance à partir d’une mentalité qui s’est développée dans un contexte culturel isolé. Fait qui dévoile le triste niveau de culture dont souffre le pays. La culture doit être la source inépuisable d’inspiration pour les jeunes.

Haut de page
Retour au sommaire
 

Pour les problèmes techniques contactez le webmaster

Adresse postale: Journal Al-Ahram Hebdo
Rue Al-Gaala, Le Caire - Egypte
Tél: (+202) 57 86 100
Fax: (+202) 57 82 631