Faire table rase
du progrès |
Toujours
polémique, Galal Amin tente de secouer la stagnation
des idées. Ce penseur égyptien, spécialiste en économie
sociale, tient à son rôle d'intellectuel qui n’accepte
pas les idées communément établies dans la société.
Dans son nouveau livre, il remet en cause l’idée
du progrès et du retard des nations, considérant
que la croissance économique ne peut pas être le
seul critère d’évaluation.
Il serait de même
inadmissible de juger une nation en tête de liste
du progrès pour la seule raison de sa distinction
au niveau du « développement humain ». Une appellation,
selon Amin, malheureuse, qu’il faudrait éviter,
puisqu’elle réduit l’évolution humaine à des chiffres,
aux mesures de longueur, de hauteur et de volume.
« Les images de l’évolution sont nombreuses, de
même que celles de l’oppression se multiplient,
et souvent une nation réussit à se débarrasser d’une
des images de l’oppression pour tomber dans une
autre. La réussite d’une nation à remporter un succès
économique ou technologique ne doit pas nous aveugler
et nous empêcher de voir son échec dans d’autres
domaines de la vie humaine. (…) Cela ressemblerait
à l’invasion d’une tribu par une autre, subissant
une défaite exemplaire et une domination totale.
Les individus de la tribu déchue, observant ceux
de la victorieuse, s'aperçoivent qu’ils ont tous,
sans exception, de gros nez. Ils croient donc qu’il
existe un rapport solide entre la victoire dans
les guerres et la taille du nez, et essayent de
tout faire pour agrandir leurs nez. Et lorsqu’ils
n'y parviennent pas en les étirant et les repliant,
ils placent sur leurs visages des nez artificiels
» .
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Galal Amin, Khorafet
al-taqaddom wal-taäkhor (La Fable du progrès et du
retard), Les Arabes et la civilisation occidentale
au commencement du XXIe siècle, Le Caire, Dar Al-Chorouq
(175 p). |
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