La
séance inaugurale de la nouvelle session parlementaire aura
tenu toutes ses promesses. Consacrée à la nomination des présidents
des différentes commissions parlementaires, la séance a donné
lieu à une confrontation entre les députés du PND et ceux des
Frères musulmans. Les Frères, qui disposent de 88 députés, soit
environ 20 % des sièges (un record pour la confrérie), espéraient
obtenir la présidence d’un certain nombre de commissions. Or,
ils n’ont obtenu qu’un seul poste, celui de vice-président de
la commission de la santé. « Nous avons été surpris de constater
que la liste de nos candidats aux différentes commissions a
été modifiée volontairement », affirme Ali Laban, député des
Frères musulmans. Selon les Frères, il s’agit d’une stratégie
pour disperser les Frères et les empêcher d’accéder aux commissions
parlementaires. « Ce sont des actes inadmissibles qui visent
à placer toutes les commissions du Parlement entre les mains
du parti au pouvoir et écarter totalement l’opposition qui dispose
pourtant de 100 sièges », estime pour sa part Mohamad Saad Al-Katatni,
député des Frères. Certains députés des Frères qui se sont portés
candidats à la commission de l’industrie ont trouvé leurs noms
sur la liste de la commission de la main-d’œuvre. Des altercations
ont éclaté entre des députés PND et les Frères. Le président
du Parlement, Ahmad Fathi Sourour, a intervenu à plusieurs reprises
pour demander le calme. Le parti au pouvoir a donc monopolisé
tous les postes. « Nous nous attendions à ce que le président
du Parlement rééquilibre un peu les choses lors de la deuxième
séance organisée le même jour pour désigner les représentants
de l’Assemblée au Parlement arabe et au Parlement africain,
mais nous avons été surpris par la même politique qui consiste
à nous écarter totalement », estime Mohamad Saad Al-Katatni.
« Ce qui est arrivé est de très mauvais augure. Cela prouve
que le PND ne changera pas sa politique de mainmise sur le Parlement
et que l’opposition ne jouera aucun rôle. Nous représentons
la volonté de 1,5 million de citoyens et nous devons être respectés
», estime Hamdi Hassan, Frère musulman. En guise de représailles,
les Frères entendent répliquer par de fortes interpellations.
« La politique qui consiste à nous écarter n’aboutira pas »,
assure Hamdi Hassan.
De l’autre côté
de la barre, les responsables du PND répliquent aux accusations
des Frères. Abdel-Ahad Gamaleddine, chef de la majorité PND
au Parlement, déclare, lui, qu’il n’y a eu aucune manipulation
dans les listes des Frères musulmans. « Les Frères prétendent
que nous voulons les écarter, mais ceci n’est pas vrai. Nous
disposons de la majorité absolue et il y a eu un vote pour désigner
les présidents et vice-présidents des commissions. Mais les
Frères doivent respecter l’avis de la majorité. C’est un vote
et pas une mainmise comme ils l’affirment », assure-t-il.
Le face-à-face
ne fait que commencer . |