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Théâtre . 2005 a été une année marquante. Le souvenir amer de l’incendie de Béni-Souef, mais aussi un vent de réforme et de renouveau qui donne au théâtre de l’Etat un nouveau souffle salvateur.

Effervescence de tous bords

Cela aura été une année tragique pour le théâtre égyptien. Et dans les coulisses, les gens du métier sont décidés à ne jamais oublier. Oublier ce jour funeste du 5 septembre où 47 personnes dont la crème du monde théâtral ont péri dans l’incendie qui a ravagé le théâtre de Béni-Souef. Le 5 janvier prochain, les membres du mouvement « 5 septembre », regroupant critiques, amateurs, acteurs et hommes de théâtre, seront donc au rendez-vous pour exprimer leur réprobation comme tous les mois, rappelant la mémoire de leurs amis et collègues. La manifestation se déroulera devant le bureau du procureur général, dans une tentative de connaître les dernières évolutions de l’enquête. Il y a une semaine, le Festival du théâtre arabe, organisé par l’Académie des arts, a dédié sa 24e édition aux « martyrs du théâtre ». A la suite également de cette tragédie, les théâtres ont été examinés par la défense civile. Et tous matériaux inflammables ont été interdits d’usage dans les pièces de théâtre.

Mais durant cette année, il n’y a pas eu que des drames. La lueur vient du théâtre de l’Etat. Pour remédier à la crise de longue date ayant marqué la production théâtrale, notamment au niveau de l’écriture, l’Organisme des théâtres de l’Etat (dit aussi la maison artistique du théâtre) a organisé un festival des dramaturges, favorisant l’expression des talents en herbe. Ainsi, les nouvelles petites productions et jeunes créations ont été données sur les planches du théâtre de l’Etat avec succès. Tel fut le cas des pièces : Akher ayam Akhenaton (Les Derniers jours d’Akhenaton), Lil hayat raëha okhra (La Vie a une autre odeur) et Al-Falankat (Les Rails).

Il y a eu aussi l’arrivée d’Achraf Zaki à la tête de l’Organisme des théâtres de l’Etat, et un air de réforme s’est imposé. Il a été élu, en outre, en cette fin d’année, comme président du Syndicat des comédiens. Les réformes qu’il a entreprises et sa prise de position au lendemain de l’incendie de Béni-Souef ont eu de larges résonances. « En tant qu’artiste et homme de théâtre, ma place à la tête du Syndicat des comédiens me permettra d’aller de l’avant dans la voie des réformes », souligne Achraf Zaki.

En effet, un bouleversement s’opère depuis le mois d’avril dernier. Achraf Zaki refuse catégoriquement de laisser toute salle de spectacle fermée. Du coup, les grandes salles comme les plus petites alignent les spectacles, suivant une programmation stricte, transcendant tous les obstacles. Ainsi, avec le concours de l’armée, le théâtre Al-Aem (théâtre flottant, en plein air et au bord du Nil), réservé souvent aux comédies, a été entièrement rénové, après de longs mois de fermeture. A sa réouverture, il a accueilli le spectacle Al-Bahlawanat (Les Polichinelles). Il sera également couvert d’une tente pour les spectacles se déroulant en hiver.

D’autre part, le théâtre Métropole, complètement négligé depuis une vingtaine d’années, a connu une seconde vie. Sur ses planches se donne actuellement la pièce Qaadine Leih (Pourquoi êtes-vous assis ?). Et dans quelques jours, le théâtre Miami ouvrira ses portes, après 6 ans de fermeture, à la suite d’une remise à neuf.

Au-delà de la capitale, des théâtres à Alexandrie et à Mansoura (dans le Delta) sont en cours de restauration. C’est le cas du théâtre Lycée Al-Horriya, à Alexandrie, qui reprendra ses activités à partir des vacances de la mi-année. Il sera réservé notamment aux œuvres des jeunes talents et des étudiants de l’Académie des arts. De même, des travaux vont démarrer au Théâtre national de Mansoura dans les jours à venir.

Au niveau de la production, nous pouvons compter plus de 20 nouveaux spectacles. Un nombre sans doute colossal en comparaison avec les productions du théâtre privé qui se limitent à trois ou quatre spectacles par an. D’ailleurs, elles ne rencontrent pas de succès, à un point que l’on a eu recours à la vente de billets à tarifs réduits aux étudiants et aux fonctionnaires.

Cette année a été marquée aussi par le retour des stars du grand écran au théâtre de l’Etat. Nour Al-Chérif a joué sur les planches du Théâtre national, présentant Al-Amira wal saalouk (La Princesse et le clochard) d’après un texte d’Alfred Farag, un dramaturge qui a fait entre autres la gloire des années 1960 et lequel vient de disparaître au début de ce mois-ci. La comédienne Raghda, après une longue absence, est revenue dans le rôle de Schéhérazade, dans Hakaya lam tarwiha Schéhérazade (Des Contes qui n’ont pas été narrés par Schéhérazade). Et le comédien Saïd Saleh fait tête d’affiche dans Qaadine Leih (Pourquoi êtes-vous assis ?) depuis quelque temps.

« Les spectacles produits par les théâtres de l’Etat attirent de plus en plus les grands noms. Il s’agit d’un théâtre sérieux qui respecte aussi bien le comédien que le public, loin du rire facile et des trucs éventés du théâtre commercial », avait déclaré auparavant Achraf Zaki.

Avec la reprise de Ragol fil qalaa (L’Homme de la citadelle), un spectacle qui a connu un grand succès dans les années 1980, on est en droit d’affirmer que le renouveau du théâtre égyptien n’est pas une pure illusion. Il en est de même de deux autres spectacles qui se donneront très bientôt, à savoir Ahlane ya bakawat (Bienvenue aux beys) qui date de 1989 et Al-Assal assal (Le Miel c’est le miel) qui date des années 1980.

Un dernier mot quand même, malgré les changements et les stratégies de réforme, aucun théâtre n’a affiché salle comble. Une crise de confiance ? Un problème d’écriture ? En tout cas, beaucoup reste à faire.

May Sélim

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