Hebdomadaire égyptien en langue française en ligne chaque mercredi

Affaires

Une
L'événement
Le dossier
L'enquête
Nulle part ailleurs
L'invité
L'Egypte
Af faires
Finances
Le monde en bref
Points de vue
Commentaire
d'Ibrahim Nafie

Carrefour
de Mohamed Salmawy

Portrait
Littérature
Livres
Arts
Sport
Environnement
Patrimoine
Loisirs
Echangez, écrivez
La vie mondaine

Ciment . Des négociations secrètes sont en cours pour une éventuelle vente de la cimenterie publique Al-Qawmiya, un des derniers bastions du gouvernement dans ce secteur dominé par des multinationales.
Al-Qawmiya dans le brouillard

Dans le plus grand secret, des négociations pour la vente de la société du ciment Al-Qawmiya sont en cours. Déjà, des déclarations ont été faites en novembre dernier par Adel Al-Mouzi, ex-président de la Société holding des industries chimiques, concernant la vente d’une des dernières possessions publiques dans le secteur du ciment, à un investisseur principal.

 

Après cette vente, si elle a lieu, le gouvernement ne possédera donc plus d’actions dans le secteur du ciment, dominé par un cartel de multinationales.

Le secteur du ciment est l’un des secteurs les plus actifs en Egypte. Il regroupe 12 sociétés détenues par des investisseurs locaux et étrangers (français, portugais, mexicains et italiens). Grâce à la croissance historique qu’ont connue les exportations du ciment égyptien en 2004 (11,7 millions de tonnes, soit une croissance de 50 % par rapport à 2003), la performance des sociétés du ciment a connu une amélioration considérable au cours de l’année 2004. Et, face à la demande croissante du marché international, la majorité des sociétés égyptiennes productrices ont augmenté leur capacité de production réelle à 100 %, faisant substantiellement accroître leurs revenus. La production annuelle du ciment, qui a atteint 35,5 millions de tonnes en 2004, excède déjà la consommation locale de plus de 10 millions de tonnes, et cet excès est orienté vers l’exportation.

Leïla Al-Khawaga, économiste et membre au Conseil consultatif, rappelle que les cimenteries publiques, qui représentaient presque le tiers du marché jusqu’à 2004, constituaient un outil dans les mains du gouvernement pour empêcher le cartel d’imposer un prix élevé. Par exemple, l’ancien gouvernement gardait la main haute sur certaines entreprises importantes, s’arrangeant pour détenir plus de 50 % des actions. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. D’autant plus que le tout récent Organisme de régulation du renforcement de la concurrence n’est pas encore prêt à assumer cette tâche.

Al-Khawaga avertit : « Le ciment ainsi que les engrais sont deux secteurs vitaux de l’économie que le gouvernement ne doit pas céder totalement sans auparavant créer des assurances contre le monopole ».

Rôle de régulateur des prix

Pourtant, Aymane Mohamad, porte-parole de la Société holding des industries chimiques, reconnaît que la production d’Al-Qawmiya, même si elle ne représente que 8 % du marché, sert à équilibrer le marché. « Quand le prix monte, le gouvernement impose qu’elle vende à un prix moins élevé, afin de menacer les ventes des autres ». Or, ce rôle de régulateur représente un fardeau énorme sur le budget de la société, car le chiffre d’affaires (revenus des ventes) est souvent inférieur à ceux des autres entreprises, qui ont la liberté de déterminer leurs prix de vente. Par ailleurs, Mohamad estime que la vente de cette société ne changera pas la structure du marché, vu la petite part qu’elle représente. « Ni les trois sociétés qui restent pour le moment dans le giron d’entreprises publiques — Misr Béni-Souef, Misr Qéna et Sinaï — ne le pourront non plus, leur part ne représentant environ que 3 % chacune », dit-il en allusion à la mise en vente éventuelle de celles-ci.

Avis partagé par Neamatallah Choukri, analyste financière au bureau de courtage Hussein Choukri Securities (HC), qui assure que le cartel des compagnies étrangères du ciment détient d’ores et déjà plus de 80 % du marché. « Ce sont elles qui contrôlent les prix », rappelle-t-elle.

Or, Hossam Abou-Chamla, analyste au bureau de courtage Dynamic Securities, rassure : « Le renforcement de la position des sociétés étrangères dans le secteur du ciment n’explique pas la hausse actuelle des prix ». Celle-ci est due à la hausse de la demande régionale qui bat son plein, ce qui provoquait une augmentation des prix même en présence du secteur public. « Ce qui compte, c’est le rapport entre l’offre et la demande », résume-t-il. Et d’ajouter qu’il ne faut pas s’inquiéter de ce phénomène, qui devrait prendre fin. « Ces compagnies ne peuvent pas orienter toutes leurs productions vers l’exportation pour toujours. Elles auront aussitôt plusieurs concurrents régionaux », explique-t-il. Par ailleurs, pour lui, cette hausse a une limite. Car « si ces compagnies font monter les prix, cela réduira la consommation locale et par la suite la performance financière de ces compagnies ». Aymane Abdel-Hakim, entrepreneur, approuve cette analyse. Il cite l’exemple du prix du ciment qui a récemment baissé à cause de la baisse de la demande. « Il se vend actuellement à 305 L.E. la tonne, contre 370 il y a quelques mois ». Et de rappeler que par le passé, Al-Qawmiya n’avait pas réussi à faire baisser les prix. N’empêche, selon lui, que l’impact de sa vente dépend de la nature de l’acheteur. Il préconise alors de ne pas le vendre à un seul investisseur, notamment s’il fait partie du cartel.

Ibtessam Zayed

Retour au Sommaire

 

Pour les problèmes techniques contactez le webmaster

Adresse postale: Journal Al-Ahram Hebdo
Rue Al-Gaala, Le Caire - Egypte
Tél: (+202) 57 86 100
Fax: (+202) 57 82 631