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Politique
. Que signifie la démocratie
dans les sociétés arabes ?
Un de nos lecteurs s’exprime.
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La
démocratisation
est-elle la seule voie qui reste ? |
Depuis
1991 la démocratie est considérée comme le modèle idéal de gouvernement,
et les paroles de démocratisation se déclenchent afin de diffuser
ce modèle dans le monde entier. Je pense que nous ne devons pas
mondialiser un modèle de la démocratisation, mais ceci ne signifie
pas le refus du modèle de la démocratie. Il y a une différence
entre la démocratie et la démocratisation, puisque cette dernière
signifie un processus, donc on ne peut pas juger un système qui
se trouve dans ce processus sans savoir le niveau où il se trouve,
de même qu’on ne peut le comparer qu’avec des systèmes qui sont
au même niveau.
Au
contraire ce n’est pas le cas pour la démocratie dont les critères
sont fixes (élections libres et sincères, les gouvernants choisis
par les gouvernés …), mais malgré ces critères fixes, on ne peut
pas généraliser le modèle avec tous ses détails, si ces critères
sont convenables pour les Etats-Unis, ils ne sont pas convenables
pour l’Arabie saoudite et pour d’autres pays arabes qui sont considérés
comme des systèmes autocratiques pour la simple raison : la diversité
des cultures et des histoires, et même des religions …
Si
on parle du point de vue historique, les racines du peuple saoudien
sont totalement différentes de celles du peuple américain, et
donc il est impossible d’imaginer même que ce peuple, qui est
habitué aux régimes « autoritaires » depuis des milliers d’années,
va se transformer brutalement en une démocratie « libérale » ou
« américaine ». L’histoire du peuple britannique et son évolution
historique ont mené à choisir le régime parlementaire et pas le
régime présidentiel, ou n’importe quel autre régime, c’est plus
convenable et ça explique l’idée de diversité. Quant à la culture
où on va trouver la religion et c’est la raison la plus importante,
on donne des jugements de l’extérieur, sans étudier la manière
dont ce peuple pense, comment dire que le peuple saoudien souffre
de l’autocratie alors que lui-même est convaincu que le type idéal
du gouvernement c’est l’islam ? Ici la religion ne joue pas le
rôle de source de légitimation du pouvoir que pour nous (ceux
qui sont à l’extérieur), mais pour ceux qui sont à l’intérieur,
la religion c’est le déterminant de la vie tout entière avec toutes
ses dimensions et pas la politique seulement. Comment juger que
la démocratie « américaine » est le meilleur régime pour l’Iraq
? Malgré la diversité culturelle énorme qui se trouve entre les
Iraqiens, c’est une diversité qui diffère de celle des Etats-Unis,
on ne peut plus appliquer le melting pot ici, pour deux raisons
: la première c’est que la source de cette diversité n’est pas
la nationalité ou la race, mais ce sont les idées. Deuxièmement,
les Américains ont trouvé que ce melting pot était la solution
idéale, et pour cela elle a réussi, donc nous avons besoin d’une
solution iraqienne et pas d’une qui soit imposée de l’extérieur.
Le
but de ces exemples n’est pas de démontrer que l’autocratie est
meilleure que la démocratie ou le contraire, ce n’est pas de trouver
l’idéal type, le but n’est pas de différencier entre ce qui est
bien et ce qui est mal, mais de savoir : ce bien est bien pour
qui ? Et ce mal est mal pour qui ?
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Ali
Ikram Rached,
Le
Caire. |
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La
femme égyptienne |
Impressionnée
par l’article intitulé « Femme, la voie d’émancipation », et
publié dans Al-Ahram Hebdo le 24 novembre 2004, j’ai tout de
suite pensé à la situation de la femme en Egypte.
Prenons
par exemple cet accident qui raconte le crime accompli par un
père qui a assassiné ses cinq filles dans la région de Sohag,
en Haute-Egypte, car il souhaitait avoir un garçon. Cette affaire
met en lumière la discrimination à laquelle la femme égyptienne
est exposée.
Les
statistiques montrent que 35 % des femmes ont déclaré que leur
mari les battait pour divers motifs ; par exemple parce qu’il
est mécontent de leur cuisine ou de la tenue du ménage.
Malgré
la déclaration des droits de la femme, on trouve qu’en pratique
il n’y a pas une égalité entre hommes et femmes en regard du
marché du travail et des salaires.
Il
est grand temps pour le gouvernement de reconnaître que la violence
exercée contre la femme n’est pas une affaire privée, mais il
faut sensibiliser les concitoyens sur la position de la femme
par l’intermédiaire des médias et établir les lois rigoureuses
destinées à assurer la protection de la sécurité de la femme
contre les crimes d’honneur et le mauvais traitement.
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Imane
Abdel-Fattah Helmy,
Le
Caire. |
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La
Lumière du phare d’Alexandrie |
Le
phare n’est plus
Mais
ta lumière éclate
En
houles successives
Chargées
d’embruns
Sel
de la vie
Le
phare n’est plus
Mais
le soleil inonde
La
rade incomparable
Alexandrie
Un
prénom en patrie.
Flots
sur les rochers
Lumières
incandescentes
Plaisirs
tumultueux
Que
caches-tu la belle
Au
cœur de ton passé ?
L’esquisse
d’un rêve
Incertaine
promesse
Traînant
dans les ruelles
Sur
deux pieds
Le
rêve et le livre
S’ouvrant
A
l’horizon bleuté.
Nulle
douleur ne survivra
Si
je sais que tu m’aimes. |
Daniel
Couriol,
Paris. |
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Mes
réflexions !! |
C’est une opinion sur l’article
de M. Mohamed Salmawy, publié le 17 novembre dans Al-Ahram Hebdo
n°532 sous le titre Pourquoi a-t-on si peu d’égard envers les
Egyptiens ?, sur le refus d’un pays de l’Amérique Latine de toute
invitation pour les récitateurs du Coran pour animer les soirées
du Ramadan. La réponse est la suivante : tous ceux qui portent
des passeports du Moyen-Orient ou de pays islamiques qu’ils soient
musulmans ou coptes sont traités autrement. Et aussi aujourd’hui
en Europe, le racisme existe en gros envers tout ce qui vient
du Moyen-Orient. Pour notre Eglise copte ici aux Pays-Bas, on
a refusé les invitations de deux pères qui devaient venir pour
prier ici.
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Abraham
Moawad,
Pays-Bas. |
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Les
deux faces d’une seule médaille |
Edward
Saïd a écrit (et ses propos pourraient être repris par n’importe
quel Palestinien) : « Je crois, et fidèlement, en un avenir
où les peuples et les cultures qui paraissent aujourd’hui si
éloignés les uns des autres, se réconcilieront ... Mais une
réconciliation authentique ne peut être imposée, elle ne peut
non plus intervenir entre des sociétés et des cultures violemment
inégales entre elles, et dont l’une s’imposerait à l’autre par
la force. Une paix authentique ne peut s’instaurer qu’à travers
une réconciliation entre deux égaux, entre deux partenaires
dont chacun peut, grâce à son indépendance, à la force de ses
objectifs et à son attachement à comprendre l’autre et à sa
participation équilibrée dans ce processus ».
Ailleurs,
Edward Saïd écrivait : « Dans son essence, la paix, c’est la
paix entre deux partenaires complémentaires, elle signifie la
paix et la liberté pour chacun des deux peuples. La paix, ce
n’est pas un peuple restant soumis à un autre peuple qui détient
le monopole de la sécurité et de tous mes droits. Non : la paix,
cela signifie, avant tout, que nous lisions notre histoire,
tant les Palestiniens que les Arabes, en considérant qu’il s’agit
d’une histoire qui a ses constituants et sa cohésion propres
». Il ajoutait : « J’ai toujours été du côté de ceux qui soutiennent
la réconciliation et la négociation entre les Arabes et les
juifs. Mais sur un principe d’égalité, et non sur un principe
d’imposition de la paix aux dépens des seuls Palestiniens ».
(In : Ghaza-Jéricho : La Pax Americana)
Jusqu’à
ce jour lointain, nous continuerons à compter quotidiennement
nos victimes, et nous continuerons à alimenter notre haine,
à les considérer comme des criminels, à les dépouiller de leur
humanité, parce qu’ils nous ont fait perdre notre dignité et
qu’ils nous ont volé notre pain, notre liberté et notre avenir.
Par ailleurs, avec leur mur, ils vont continuer à alimenter
leur ignorance, leur peur et leurs préjugés à notre sujet, et
ils ne se réveilleront que par intermittences, devant l’horreur
d’un attentat suicide. Alors ils pleureront, ils auront de nouveau
l’impression d’être persécutés, et voudront nous infliger des
représailles impitoyables et ils soutiendront un gouvernement
extrémiste qui nous frappera d’une main de fer, ils fermeront
nos routes et les portails ménagés dans le mur de séparation,
ils bombarderont Gaza et imposeront le couvre-feu, coupant l’électricité
et l’eau et nous interdisant d’acheminer les approvisionnements
humanitaires.
C’est
alors que nous espérons qu’ils ne se demanderont pas, encore
une fois, « Pourquoi nous hait-il ? ». En effet, si l’amour
est gratuit, la haine a nécessairement des causes. Il est certain
que notre cause n’a rien à voir avec un conflit religieux, racial
ou culturel. Notre problème, en toute simplicité, nous l’avons
avec qui occupe nos terres, nous chasse de nos maisons et persiste
à nous affamer et à entraver nos libertés, tuant nos enfants
et emprisonnant nos parents, détruisant nos maisons et arrachant
nos arbres fruitiers.
Un
jour, on a demandé à Jeanne d’Arc si Dieu aimait les Français
plus que les Anglais. Jeanne d’Arc répondit que Dieu aime les
Anglais, aussi, mais lorsqu’ils sont en Angleterre et lorsqu’ils
s’abstiennent d’occuper la France !
C’est
pourquoi nous ne saurions mieux faire que répéter les propos
de l’ambassadeur de Jordanie à l’Onu, au cours d’une des sessions
de la Commission des Nations-Unies pour les droits de l’homme,
en sa soixantième séance : « Jacob (c’était le prénom de l’ambassadeur
israélien), retirez-vous d’abord des territoires palestiniens,
et après : vous verrez ». Ce que nous voulons, nous autres,
les Palestiniens, c’est un pays et notre dignité, comme les
autres peuples. Ni plus ... Ni moins !!
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Khalil
Asem,
Suisse. |
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