Jeudi, 25 avril 2024
Al-Ahram Hebdo > L'invité >

Dr Mohamed Awad Tag El Din : Les initiatives présidentielles ont amélioré le système de santé en Egypte

Nermine Kotb , Ola Hamdi , Vendredi, 05 mai 2023

Dr Mohamed Awad Tag El Din, conseiller du président pour les questions de santé, revient sur les efforts déployés pour développer ce secteur vital.

Dr Mohamed Awad Tag El Din

Al-Ahram Hebdo : Le secteur de la santé en Egypte a longtemps souffert de la négligence et de la faiblesse des moyens. Comment redresser ce secteur ?

Mohamed Awad Tag El Din : L’Etat a déployé d’énormes efforts pour développer le secteur de la santé. Plusieurs initiatives présidentielles et programmes nationaux ont été lancés à cette fin et ont contribué de manière efficace à améliorer le système de santé en Egypte. En 2022, près de 2 millions de citoyens ont subi des opérations chirurgicales délicates traitant de différentes maladies. Il ne fait aucun doute que l’initiative présidentielle de traiter les patients atteints de l’hépatite C et de soigner près de 4 millions d’Egyptiens et de migrants de cette maladie a eu un très grand impact sur la société égyptienne. Le programme national de lutte contre la tuberculose a réussi à réduire progressivement cette maladie à dix cas pour 100°000 habitants, contre plusieurs centaines de cas autrefois. Les initiatives présidentielles pour la détection précoce des tumeurs, notamment le cancer du sein chez les femmes, ont permis de détecter des milliers de cas à des stades très précoces, ce qui a porté le taux de guérison à 98 %. Nous avons donc réussi à alléger la souffrance des patients et de leurs familles. Il y a également une détection précoce des tumeurs du côlon, du foie, des poumons et de la prostate. Cette année connaîtra le lancement de nouvelles initiatives pour détecter d’autres types de tumeurs.

Nous avons également lancé le programme de détection précoce du nanisme, de l’anémie, de l’obésité et des maladies héréditaires et génétiques. Tout cela a permis de dresser une carte précise des maladies en Egypte, ce qui permet de les traiter plus efficacement et d’élaborer un plan préventif en recensant le nombre de cas existants et attendus et en déterminant les moyens de prévention, de diagnostic, ainsi que les méthodes de traitement qui peuvent être mis à la disposition des patients.

— Mais les hôpitaux publics sont en très mauvais état …

— Les directives du président sont claires : augmenter l’efficacité des centres médicaux et fournir le meilleur service de diagnostic et de traitement possible. L’Etat a beaucoup investi dans cette question. Nous avons des institutions comme la Cité médicale de l’Université de Aïn-Chams, qui possède d’excellentes compétences humaines, et l’Institut Nasser. Le président a demandé de moderniser ce dernier et de le transformer en une cité médicale dotée de centres de diagnostic et de traitement au plus haut niveau. Ce projet est en cours sans interrompre les activités de l’institut. Le soutien du président Abdel-Fattah Al-Sissi au secteur de la santé est très important. La crise de Covid-19 était le meilleur exemple : tous les hôpitaux ont été équipés d’un réseau d’oxygène, d’appareils modernes, de ventilateurs et d’appareils de diagnostic dans tous les gouvernorats.

— Comment jugez-vous les conditions de travail des médecins en Egypte ? Quelle forme de soutien l’Etat peut-il leur fournir ?

— Tout d’abord, le médecin a besoin d’une institution bien équipée afin de fournir le meilleur service possible. Les salaires sont un autre point important. Le président a ordonné un plan de relance pour les médecins et le personnel soignant. Des cliniques externes ont été ouvertes le soir dans de nombreux hôpitaux ou centres médicaux spécialisés. Les médecins et le personnel médical recevront un pourcentage approprié des recettes de ces cliniques, ce qui leur permettra d’améliorer leurs revenus et aura également pour effet de réduire la pression sur les cliniques.

— Dans le contexte de la crise économique mondiale, il est devenu nécessaire de localiser l’industrie pharmaceutique en Egypte. Qu’est-ce qui a été réalisé jusqu’à présent dans ce dossier ?

— Le président accorde une attention majeure à ce dossier pour assurer la disponibilité des médicaments à un prix approprié et avec une bonne qualité. Il y a en Egypte environ 170 sociétés pharmaceutiques qui fournissent des médicaments de toutes sortes, notamment les médicaments essentiels, selon la carte des maladies en Egypte. Ces entreprises produisent de très grandes quantités de médicaments. Pendant la crise de Covid-19, aucune pénurie de médicaments n’a été observée. L’Etat déploie aussi des efforts à ce niveau. La création de la cité des médicaments a pour objectif de localiser l’industrie pharmaceutique en Egypte et de nouer des partenariats avec des sociétés internationales pour fournir les médicaments dont la production est basée sur la biotechnologie. Nous cherchons actuellement à produire localement certaines matières qui étaient fabriquées à l’étranger et qui étaient donc importées. D’abord pour en bénéficier directement en satisfaisant une partie des besoins locaux, puis pour exporter le surplus à l’étranger. Je rassure le citoyen que les besoins en médicaments de tous types et en toutes quantités sont sur la carte des priorités. D’ailleurs, l’Autorité égyptienne des médicaments s’emploie à mettre à jour la base de données des médicaments en Egypte. Cette base recense les médicaments, leur disponibilité, les entreprises qui les produisent, les maladies qu’ils soignent, leurs utilisations, etc.

— Après le premier cas de transplantation pulmonaire en Egypte, avons-nous les capacités nécessaires pour ce genre d’opération ? Pourquoi les dons d’organes de personnes décédées ne sont toujours pas possibles ?

— En effet, nous avons toutes les capacités nécessaires. Nous avons réalisé un grand progrès dans la transplantation du foie, des reins, de la cornée et, récemment, des poumons. Il s’agit de transplantations à partir de donateurs vivants. Le programme de transplantation d’organes d’un donateur qui vient de décéder est à l’arrêt, car il est régi par un certain nombre de croyances ancrées dans la société égyptienne, mais par la sensibilisation, la connaissance et les discussions sociétales, le message parviendra, mais cela demande du temps et des efforts.

— Avec l’impact des changements climatiques et l’émergence de maladies épidémiques dans les pays voisins, comme le choléra, comment le secteur de la santé fait-il face à de telles répercussions ?

— Il existe une relation significative entre les changements climatiques et la santé. En guise d’exemple, l’augmentation constante des températures et les vagues de chaleur entraînent des taux de mortalité plus élevés. De même, les inondations donnent lieu à la propagation du paludisme ; certaines épidémies se propagent en raison des migrations internes et externes de et vers certains pays, comme le choléra et les maladies respiratoires. C’est pourquoi l’Egypte a pris des mesures de précaution renforcées. Et le secteur de la médecine préventive joue un rôle très important dans le processus d’anticipation et de suivi dans les aéroports et les ports, afin de détecter toute maladie. Par exemple, bien que l’Egypte soit exempte de poliomyélite, nous poursuivons les campagnes de vaccination systématique pour tous les enfants âgés d’un à cinq ans pour prévenir l’apparition de nouveaux cas, et ce, parce que la poliomyélite est toujours présente dans certains pays voisins. L’Egypte a réussi, grâce à la mise en oeuvre du programme de vaccination obligatoire, à prévenir de nombreuses maladies graves et chroniques. L’OMS a annoncé que l’Egypte est exempte de rougeole et de rubéole. Nous travaillons toujours à travers ce système pour éradiquer la tuberculose. De nouveaux types de vaccination sont inclus par périodes, dont celle contre les types de pneumonie, qui sera donnée pendant l’année en cours.

— Avec les alertes répétées sur la propagation de certaines maladies au niveau mondial, y a-t-il un besoin d’établir des centres spécialisés pour la prédiction des maladies en Egypte ?

— Nous avons des organismes et des associations scientifiques qui jouent un rôle très important dans ce domaine. L’Egypte est effectivement en train de créer un centre de prédiction, de prévention et de traitement des maladies. Le ministère de la Santé se charge de ce dossier avec les universités en raison de l’importance de ces centres pour répondre aux menaces à la santé publique.

— La deuxième conférence internationale sur la santé et les soins curatifs se tiendra en septembre prochain, à Charm Al-Cheikh. Qu’en est-il du dossier de développement de ce secteur ?

L’Egypte est pleinement qualifiée pour le tourisme médical et thérapeutique, aussi appelé tourisme de santé. On sait que l’Egypte est un lieu de rencontre pour les ressortissants du Golfe, du Soudan et d’autres pays africains, qui viennent généralement se faire soigner en Egypte. La première édition de la Conférence sur le tourisme médical, qui s’est tenue en 2017 à Charm Al-Cheikh, a émis plusieurs recommandations très importantes. La période à venir verra un essor dans ce dossier, car l’Egypte dispose d’institutions thérapeutiques capables de fournir tous les services médicaux et une main-d’oeuvre formée dans divers domaines. Par ailleurs, nous avons des lieux touristiques qui peuvent être utilisés pour le traitement de certaines maladies rhumatismales et cutanées. Toutes les conditions sont réunies et nous avons des experts pour mettre en valeur les capacités de l’Egypte dans ce domaine. L’Egypte possède de nombreuses institutions aptes à entrer dans le système du tourisme médical dans tous les gouvernorats comme Charm Al-Cheikh, Louqsor, Le Caire, Assouan et Alexandrie, qui peuvent être liées et soutenues par d’autres composantes du tourisme en Egypte, qu’il s’agisse de visites de lieux touristiques ou de tourisme des antiquités. Le but de l’Etat maintenant est de mener le tourisme médical vers des horizons plus larges que ceux qui existent actuellement. Lorsque le développement de ce secteur sera institutionnel et organisé et aura un plan très clair, nous aurons un impact positif qui soutiendra le tourisme. A cela s’ajoutent les activités individuelles qui dépendent de certaines compagnies d’assurance ou d’accords spéciaux. C’est pourquoi nous mettons en place une politique claire pour le tourisme médical en Egypte.

Mots clés:
Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique